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Sous
le parrainage de Yamina Benguigui, Ministre déléguée chargée
de la Francophonie
En
collaboration avec l'Institut français et avec le soutien de
la Maison de l'Amérique latine
Sous
la direction scientifique de Abd El Hadi Ben Mansour,
Université de Paris IV-Sorbonne
N.B :
En cliquant sur les titres
soulignés de
communications,
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13h
Accueil
13h15
Présentation et ouverture des travaux du colloque par
Abd El Hadi Ben Mansour
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13h Accueil
13h15 Présentation et
ouverture des travaux du colloque par Abd El Hadi Ben Mansour
13h30 - Présidence de séance : Nathalie Philippe, Institut français
« La sagesse cabalistique,
langues et langage dans Cours
sur
la rive sauvage de M. Dib »
Cours sur la
rive sauvage est l’une des œuvres les plus hermétiques de Mohammed
Dib. Qualifiée de roman fantastique qui s’appuie sur les procédés
du roman d’anticipation, il est narré par un « je »
inquiet et toujours naissant. Cette inquiétude qui revient sur les
figures qu’elle construit pour les détruire est renforcée par
l’aporie de « l’interprétation du texte », faisant ainsi
du langage une création pour soi, libérée de tout accord avec le
monde dont seule les lois qui régissent la langue sont acceptées
pour produire un texte dans un français d’une grande limpidité.
Cette production littéraire est en réalité très proche de la
mystique cabbalistique et particulièrement du Zohar. Le but ultime
d’Iven Zohar est la rencontre de la divinité de son propre visage
par l’effort de nommer d’autres dieux, comme l’infernale Hellé
anagramme d’Elleh (dieu) en arabe.
« Un regard autre, ou "la traversée des apparences" »
Si ma
réflexion tire parti des approches précédentes, de type
universitaire, sa présentation ne prendra pas la forme d'une
communication académique mais d'un exposé plus
libre. Je me propose de suivre le fil de la quête personnelle
que Mohammed Dib me paraît avoir conduit à travers des
cheminements multiples, poétique en premier lieu mais aussi
romanesque ou réflexif, et que je crois pouvoir repérer ailleurs
encore. C'est pourquoi seront également évoqués, outre
les textes littéraires, des articles et ses photographies, des
entretiens publiés ou des conversations que j'ai pu avoir avec
lui.
« Les
deux Oedipe. M. Dib Horizon 2000 ou un Oedipe peut en cacher
un autre »
C’est un grand
débat, en général, de savoir si ce que les psy appellent le
complexe d’Oedipe est universel. Pour Mohammed Dib, il est évident
qu’il ne l’est pas. Son point de vue est celui d’un Algérien non
pas nationaliste mais soucieux de dénoncer la
réduction à leur dimension occidentale des problèmes dits
universels.
Ce
thème sera exploré dans L’arbre à dires de 1998, Comme
un bruit d’abeilles de 1998 et Simorgh de 2003. M.
Dib interroge les concepts de spiritualité et de sainteté tels que
l’Occident se les approprie, pour les rendre à l’Orient. Sa
critique du mythe d’Œdipe s’appuie sur sa connaissance de la
famille algérienne. Le désir de tuer le père n’a pas de sens dans
cette société : les Algériens n’ont pas eu à ‘tuer le
père’ : les diverses colonisations d’une Histoire proche et
lointaine se sont chargées de le faire et de réduire ainsi les
fils à un orphelinage généralisé.
« Les aléas d'une lecture
souvent réductrice »
Mohammed Dib, le plus grand écrivain algérien avec Kateb Yacine, n’est encore souvent connu qu’à travers ses premiers romans, parmi lesquels La grande Maison (1952) ou L’Incendie (1954). Car son œuvre a été lue le plus souvent à travers des filtres idéologiques liés à la décolonisation, ou à travers des nécessités pédagogiques de simplification de son message, et de rabotage du risque, pour le lecteur, qui en est inséparable. Or, son œuvre est pour l’essentiel postérieure à l’Indépendance de l’Algérie, et se caractérise par une thématique très diversifiée, même si la question des pouvoirs de la parole y est prédominante. Et comme celle de Picasso elle présente une succession fort intéressante de manières d’écrire, qui accompagnent cette constante et souvent angoissée interrogation sur les pouvoirs de la parole. Ce qui ne l’empêche pas d’être souvent très en phase avec l’intolérable absolu de la violence que nous connaissons ces dernières années, tant en Algérie que dans le reste du monde. Aussi, son œuvre reste-t-elle toujours d’une brûlante, d’une bouleversante actualité.
15h30
- Présidence de séance : François Zabbal, Institut du monde arabe
« L’homme à déchiffrer : lire les recueils de nouvelles
de Mohammed Dib »
L’objet de cette communication est d’aborder les deux recueils de Mohammed Dib, Le Talisman (1966) et Au café (1984) à travers la problématique du déchiffrement : en quoi ces nouvelles tendent-elles à construire une vision globale de l’être humain en quête de sens, scrutant les inscriptions des hommes et de la nature, travaillant à interpréter les talismans, pour vivre de cet élan vers la vérité ?
On
s’intéressera aux mots, figures et configurations narratives que
Mohammed Dib nous invite à décrypter, faisant de l’humain lui-même
un texte à lire, et de l’écriture un être vivant : « Un homme
est, de même, forme et expression, graphie tracée sur la matière
illimitée, vocable indifférencié de ce qui est. » (cf. la
nouvelle « Le Talisman »). La langue française est
ravivée comme outil de recherche du mot juste, au plus près de
l’émotion, engagée dans un combat contre l’indicible.
Le
message des talismans n’est jamais dévoilé, mais l’auteur propose,
à travers la mise en abyme de l’attitude du lecteur face à un
texte, une méthodologie du déchiffrement dont la logique globale
s’esquisse dans le fonctionnement en kaléidoscope des recueils.
Cet
univers est à la fois ésotérique et extrêmement concret.
L’histoire incontournable y dessine dans le sang l’identité
algérienne. Le mystère et l’énigme interviennent pour contrer
cette histoire, la remettre à sa place dans un enjeu plus grand
qu’elle : la valeur de la vie, la prédominance des ressentis.
« Poétique
de
l'identité chez Mohammed
Dib »
C’est l’humain qui intéresse Mohammed Dib, l’humain dans toutes ses dimensions, considéré non pas comme le centre de l’univers mais comme un élément parmi tous ceux qui conforment le vaste réseau de l’existant. Et c’est cette « façon d’être au monde et d’aborder son art […] estampille même de l’artiste authentique » (Naget Khadda), cette approche dibienne de l’identité, réellement enracinée parce qu’ouverte au monde, en perpétuelle construction, que je prétends esquisser dans mon intervention à l’aide des images les plus fréquentes chez l’écrivain.
Le
lecteur
attentif et fidèle de Dib peut remarquer dans sa production deux
périodes bien différenciées, le point d’inflexion étant la mise en
mots de l’expérience de l’exil. Les motifs privilégiés dans ses
images (la lumière, l’eau), les critères rhétoriques prédominants
(animé/inanimé ; intellectuel/sensible) vont, nous allons le
voir, se répéter en écho d’une période à l’autre, mais éprouvant en
même temps une évolution essentielle en rapport avec
« l’évolution spirituelle » vécue par Dib. Une évolution
qui comme il le dit lui-même, « ne conduit pas aux
certitudes », plutôt le contraire (Déjeux), et qui se
matérialise au niveau rhétorique (à d’autres niveaux aussi) sous
forme de paradoxes et d’ambiguïtés diverses. Le résultat sera une
écriture semant le doute, une écriture répondant à un principe
musulman classique mais plein d’actualité : le concept d’ijtihad.
« Hağar et l’ange : intersémiotique du
désert dans L'Aube Ismaël »
L’aspect expérientiel de l’œuvre de Mohammed Dib invite à chercher de nouveaux modes de 'traduction' non-linquistique. Une partie de mon projet de thèse se compose de traductions d’écrits de Mohammed Dib librement coordonnés, suivant à la lettre les règles de son ‘Jeux’ :
«
Prenez des titres dans la table
des matières et faites-en des poésies.
» A partir de cet assemblage, dénommé Jetties
(Passerelles), je cherche
à créer des montages intersémiotiques éphémères, engagés dans un
contexte et des concepts de structure contemporaine. L’installation
Haﺝar
et l’anﺝe
(22-26 Mai 2013) fournit la première instance de ce projet, en
réponse à l’exposition de la peinture Hagar
and the Angel (c. 1766)
par le peintre
écossais John Runciman. S’inspirant de la
remémoration de cette histoire dans le recueil de poèmes L'Aube Ismaël (1996), notre adaptation joue sur les
thèmes universels de l'exil, l'errance et l'identité. À l’encontre
de cet environment choisi et dans le cadre d’une installation
plastique, l’enregistrement acousmatique d’un poème de Mohammed Dib
récité par des voix écossaises, françaises et arabes propose une
interrogation fluide et nomade qui reflète son esthétique du désert.
Lecture de poèmes
17h - Présidence
de séance :
Mourad Yelles
Au même titre que Feraoun, Mammeri ou Memmi, Mohammed Dib fait partie de "la génération de 1920" - c'est à dire celle qui, par le biais du groupe dit "Ecole d'Alger", constitué avant-guerre autour d' Edmond Charlot - Gabriel Audisio, Jules Roy, Jean Pélégri, Emmanuel Roblès,... vite rejoints par des plus jeunes : Jean Sénac ou Jean-Pierre Millecam - fit émerger dans les années d'après-guerre ce que l'on appela d'abord "une littérature nord-africaine de langue française".
Fondée
sur
des témoignages et des correspondances croisées, ainsi que sur
quelques textes des uns et des autres dans les journaux et revues à
travers lesquels se fit cette émergence, notre communication
reviendra sur la chronique de ce surgissement, depuis les journées
de Sidi Madani sur lesquelles Dib se montrait critique jusqu'à la
reconnaissance après publication de la trilogie Algérie.
« Les personnages féminins dans l’œuvre de Mohammed Dib »
I - L’œuvre de Mohammed Dib nous offre des portraits de femmes entre résistance et transgression. Chaque personnage est situé dans le contexte politique et social et en exprime les repères aussi bien que les remises en question
II
–
Le dit et le non-dit des femmes :
Le
non-dit
aussi présent et important que le dit.
Dans
l’œuvre
de Mohammed Dib, langage et identité sont étroitement liés.
III
–
Lire Mohamed Dib aujourd’hui. Actualité de l’œuvre de Mohamed Dib
L’œuvre
de
Mohamed Dib s’inscrit dans le débat actuel entre continuité et
ruptures.
« Mohammed Dib intellectuel et écrivain dans la décennie noire
: les formes de l'engagement »
La notoriété de Mohammed Dib se fonde originellement tout à la fois dans son écriture et dans son engagement intellectuel. Littérature engagée au moment de l'apogée de Sartre, la Trilogie algérienne lui a conféré une reconnaissance tant en Algérie (à l'inverse de Mouloud Mammeri) qu'en France, lieu de consécration littéraire par excellence pour un écrivain de langue française. Il a su toutefois rester en phase avec une certaine modernité littéraire au moment où le Nouveau Roman promouvait une esthétique dégagée du réalisme, et un engagement politique extérieur au domaine littéraire. Les années 1990 voient le retour en force de l'idée d'engagement chez les écrivains algériens, détachée de la dimension « organique » qu'elle avait pu recouvrir dans les années 1970. Dans une moindre mesure, elle retrouve de son actualité dans les débats littéraires français, précisément à travers la publicité du drame algérien. Mais alors que le modèle sartrien, ou encore le ‘témoignage’ prévalent dans le champ littéraire algérien, d’autres auteurs (Pierre Michon, François Bon, Pierre Bergounioux...), critiques quoique redevables de la pensée de Sartre, sont arrivés au faîte de leur renommée.
Nous
essaierons de comprendre les formes de l'engagement de Mohammed Dib
durant cette période, entre prises de position publiques et écriture
littéraire, et nous pencherons sur les deux textes les plus
référentiels de la période, La Nuit sauvage et Si Diable
veut, en y montrant l'inscription paradoxale de son
engagement.
Lecture
de poèmes
Hommage-témoignages
En
présence de
Yamina Benguigui, Ministre déléguée chargée de la
Francophonie
Hélène Conway, Ministre déléguée chargée des Français de
l’étranger
Xavier Darcos, Président de l’Institut français
18h15 – Allocution et présentation des
intervenants par A. Ben Mansour et Catherine Dib
18h30
– Présidence de séance: Catherine Dib
« Les
motivations
secrètes d’une amitié »
« Evocations de Mohammed Dib »
« Rencontre
avec Mohammed Dib »
« Les traits majeurs de
l'originalité de l'œuvre de Mohammed Dib »
« La place des romans de Mohammed
Dib dans la culture algérienne actuelle »
« Mohammed
Dib, poète »
« Mohammed Dib en toute
liberté »
« Tombeau de
Mohammed Dib » (Texte de 2003)
« L’étrange
métier de Monsieur Dib » (Texte de 2003)
Lecture de poèmes