Abdellatif
CHAOUITE
Chargé de
cours à l'Université Lyon-2
ETHNOPSYCHANALYSE
ET LITTERATURE
PLURIELLE:
QUELQUES
REMARQUES.
LITTERATURE
PLURIELLE
La formule évoque une sorte de
transposition ou de subversion d'une "identité" supposée à l'oeuvre dans la
littérature non plurielle (mais toute littérature n'est-elle pas un lieu multiple?) ...
Au delà, elle laisse venir l'idée d'une sorte d'émigration, d'enjambement ou de
traversée de frontières littéraires, linguistiques, textuelles... La littérature
maghrébine de langue française connaît doublement cette pluralité : du dedans, dans
son propre discours, comme du dehors, dans le méta-discours critique qui la prend pour
objet. La pluralité est omniprésente comme un paradigme dont le moindre intérêt est
qu'il dérange toute lecture facilement "identisante" : le lecteur tant
français que maghrébin en éprouve d'abord le trouble ou l'inquiétante étrangeté d'un
reflet multiple. Cette multiplicité appelle une lecture elle-même plurielle, une lecture
attentive tant à l'in-texte qu'au contexte (à
la multiréférence et à la polytopie de l'acte créateur même), et ce, au delà de la
polémique qui oppose souvent ces deux lectures (à travers notamment les démarches
formaliste et socio-historique).
Il existe une approche dont peut
s'inspirer une telle lecture : l'ethno-psychanalyse. Cette approche s'intéresse aux
productions tant culturelles que psychiques et s'attache, depuis Freud, à créer-trouver
un cadre théorique et méthodologique permettant de penser les concordances ou les
correspondances qui existent entre les éléments relevant de ces deux champs
hétérogènes. Ecartant la tentation de forcer les éléments d'un champ à faire partie
d'un autre, cette approche double la pluralité des champs par une pluralité de la
lecture et de l'approche. Non point dans une tour de Babel ou une confusion
méthodologique qui tue son objet, mais dans une complémentarité maîtrisée.
"L'application" de cette
approche à la littérature est certes en état de chantier (aucune systématisation hors
l'intérêt de certains ethno-psychanalystes pour la littérature : G. Devereux, T.
Nathan ...), en état de programme mais elle dicte sa nécessité : elle est à même de
lire là où l'exigence méthodologique impose à d'autres disciplines des limites à ne
pas franchir. Car c'est là même où il y a frontière, pluralité, rupture de champ que
le complémentarisme ethno-psychnalytique propose une diversité de la lecture qui
confère au passage d'un champ à l'autre le statut d'un objet d'étude. Autrement dit il
propose une lecture croisée qui articule différents niveaux s'emboîtant à des points
privilégiés d'engendrement du sens (par ex. les processus d'élaboration et les
stratégies de liaison du texte, les contenus et les insistances thématiques, les indices
contextuels...). Bref, la lecture ethno-psychanalytique pourrait contribuer à mieux
cerner le domaine de ce qui pourrait s'intituler l'intercontextualité (l'articulation
dynamique du texte et de ses contextes). C'est en tout cas cette position qui a inspiré
les remarques qui vont suivre et qui concernent plus particulièrement l'expérience de
l'écriture plurielle.
REMARQUE SUR
UNE REMARQUE
Dans son texte sur "Nationalisme et
internationalisme littéraire", Khatibi évoque les quatres
littératures parallèles qui coexistent au Maroc: "l'une en arabe et
qui se
réfère à
la nation
arabo-islamique et à sa généalogie
textuelle ;
la deuxième,
en arabe
vocal, et
qui, parce
que non
fixé, non
écrit, circule,
nomadise entre
la poésie
populaire, le conte,
le chant,
la pratique
magique ou
mystique ;
la littérature
berbère, la plus antique, quoique
recouverte, nomadise elle
aussi dans
les différents
espaces de la culture populaire
; la littérature de
langue française
et dont
la généalogie
est double.
Ce n'est
pas un
hasard si
des écrivains
maghrébins sont captivés
par l'autobiographie.
Ecrire dans
une langue
qui était
étrangère est une
façon de
fonder la
légitimité de l'acte
d'écrire"[1]. L'association
est faite ici entre la diversité et la nomadisation de la production littéraire,
la captation par l'autobiographie, la fondation de l'acte même d'écrire et, j'ajouterai
pour ma part, la naissance de ce genre d'écriture qui a contribué à diversifier la
production littéraire : le genre romanesque.
De cet écheveau associatif,
tirons le fil captateur de l'autobiographie. Fil
spéculaire qui tisse un écrit en miroir renvoyant à l'auteur l'image de son Moi
littéraire. Que peut-on "voir" de sa fonction dans ce miroir, eu égard au
fameux stade qui porte le même nom ? Ce qui se joue fondamentalement dans cette
expérience (le stade du miroir), dans cette dialectique de l'être et de l'apparence,
c'est, on le sait, la conquête du sujet par l'image totale anticipante de l'unité de son
corps. L'enfant se reconnaît, le sujet se constitue dans
cette identification imaginaire au double. Et toute identification ultérieure
garde de cette première expérience son aspect spéculaire. Autrement dit et puisque le
Moi se forme grâce aux précipitations identificatoires qui l'enrichissent (et
l'aliènent) successivement, celui-ci n'existe qu'en fonction de l'imaginaire.
L'écriture spéculaire est
d'abord une mise en scène ou une théâtralisation du corps; le tracé d'une rythmique
corporelle qui confie à une peau extérieure -l'oeuvre littéraire- les secrets de
jouissance et de violence du corps. Elle est ce qui permet au "corps im-
prononçable" (A. Khatibi) de se prononcer. Corps imprononçable, corps morcelé ou
corps non pensable d'avant le stade du miroir. Corps morcelé au sens de cette folle
identité multiple, de ce chassé-croisé identitaire que mettent en jeu bien des textes
maghrébins. Ecrire spéculairement, c'est peut-être avant tout une façon de se doter
d'un appareil secondaire d'élaboration psychique. Appareil qui fait office de conteneur
des objets internes et également de miroir à retouches: miroir qui ne se contente pas de
réfléchir (au double sens du mot), mais permet des coups de reflets correctifs-fonction
anticipatrice du miroir. Autrement dit c'est une Psyché -une glace réglable- réglable
et régulatrice. Psyché réglable, elle pivote ici autour d'un axe de réflexion qui, à
chaque tour de langue, renvoie au Moi littéraire une image différente de son être... Du
corps imprononçable au corps prononcé ("psychisé"), l'écrit spéculaire
permet, dans un travail d'élaboration condensé (le texte), la fixation momentanée de
l'oscillation ou de l'hésitation entre des référents identitaires divers. Fixation non
sur un choix référentiel au détriment d'un autre, mais sur la frontière même qui les
sépare et les unit. L'oeuvre poétique de Khatibi peut être prise ici comme un exemple
de ce flottement : une oeuvre limite et qui explore fondamentalement les limites dans
des voyages à la découverte des frontières de la différence...
Si l'on pose que la
"philosophie" de l'écriture autobiographique est l'affirmation de la personne
dans son originalité et si l'on n'oublie pas que l'apparition du roman dans une société
est le signe ou le symptôme esthétique de l'effilochement de sa tessiture
communautaire ancienne (mettant ainsi au devant de la scène l'originalité individuelle),
nous nous trouvons à un carrefour, ou à une frontière où le texte et le contexte
participent d'une même problématique au coeur du projet anthropologique des sociétés
maghrébines: l'autonomie -évidemment relative- de l'individu par rapport au sacré du
groupe, à son ordre théo-mythique. L'autobiographie est ici révélatrice des conditions
d'apparition du genre romanesque d'une façon générale au Maghreb : à savoir la mise à
mal d'un imaginaire qui puisait dans sa nomadisation orale l'efficacité de ses effets.
L'ouverture du système socio-culturel à des éléments ou des valeurs qui, jusque-là,
y étaient refoulés ou considérés comme étrangers, s'est accompagnée d'une mutation
mentale et sociale dont l'écrit autobiographique porte l'écho. Autrement dit, la
démarche autobiographique très présente dans la production romanesque maghrébine est
significative de ce qu'on pourrait appeler une advection ou un déplacement du projet de
réalisation psychique de l'individu-sujet maghrébin dans son histoire récente,
consacrant l'avènement du Je aux lieu et place du Nous. Ceci bien sûr si l'on se place
dans une position transitionnaliste de l'oeuvre littéraire, c'est-à-dire si l'on
considère que les écrits d'un ou de quelques auteurs peuvent être reconnus comme les
"reliquats déformés" des fantasmes, désirs et angoisses de tout un groupe
social. L'écriture autobiographique s'en prend pour ainsi dire au corps réfractaire de
la lettre, elle en traque et mesure les effets tout à la fois perturbateurs et
libérateurs... Ce qu'il faudrait signaler par ailleurs, c'est que ce Je advient souvent
dans l'errance (géographique, linguistique, culturelle...). Cette errance est inscrite
dans la topogaphie du Je comme un exil du Nous. Elle signe la mort d'un lieu : le lieu de
l'"auxiliarité" fusionnelle de l'identité.
Au niveau littéraire, cela se
traduit par des textes forts, des textes de rupture et de révolte contre un
"ennemi" non pas ou non seulement extérieur mais intérieur, contre le
refoulant tout à la fois religieux, politique et social qui brime l'homme dans son
individualité au nom d'idéaux qui n'ont plus pour fonction que la cristallisation d'un
certain nombre d'interdits (moins lois contractuelles et affirmatives que sujetions
interdictrices et négatives) servant les différentes instances répressives.
Textes de rupture et de révolte,
ils ont bouleversé pareillement l'écriture et la lecture du roman maghrébin confiné à
ses débuts dans la description ethnographique et le militantisme anticolonial. Les
Chraïbi, Boujedra, Khatibi, Dib... ne décrivent pas mais écrivent, et c'est cette
écriture, la valeur de leurs textes qui produisent chez le lecteur telle ou telle
compréhension, interprétation de tel ou tel référent réel ou construit. En une phrase
que j'emprunterai à C. Bonn dans son livre Le roman algérien
de langue
française : "le texte
suscite la
situation biographique
socio-culturelle de celui qui l'a
écrit, et
non plus
l'inverse. Le
texte crée
l'écrivain..." Autrement dit le texte et
surtout le texte autobiographique est une véritable peau dans laquelle renaît l'auteur
et d'abord à lui-même, dans la langue de son choix. On doit rajouter : illusoirement
bien sûr, car le Je ici ou le Il qui prend parfois sa place, à se décrocher ou
à se désancrer du Nous, ne s'accroche pas
pour autant au Je de l'écrivain mais reste
toujours un Autre, surtout quand il joue ou
quand il se joue du saut des langues. Khatibi ne dit sans doute pas autre chose quand il
dit dans La mémoire tatouée
, à propos de ce "corps imprononçable", de cette combinaison de l'identité
multiple, qu'elle "ne se désigne
que dans
la pure
éclosion des
signes". C'est également ce qu'on peut
lire dans ce que fait dire Driss Chraïbi à Driss Ferdi dans Le passé
simple : à Roche qui lui conseille de faire de
sa révolte un roman, il rétorque que jusque-là justement il n'avait cessé d'y être,
dans son roman, et que de cette minute là, il en émerge -véritable acte de naissance.
Les causes profondes, il les avance ainsi : "je
t'entretenais de mon moi initial.
Il commença
de s'effriter
un jour.
Jour après
jour il
s'effrita davantage...
Un jour,
un cartable
fut substitué
à ma planche d'études.
Un costume
européen à ma jellaba. Ce
jour là
renaquit mon
moi..."
ECRIRE EST UN
ACTE SECONDAIRE
L'écriture-langue est d'une
certaine façon déjà en soi une langue étrangère par rapport à la langue maternelle
qui se parle depuis le registre de la présence et du regard. Ecrire, c'est également
donner forme à un noyau de "vérités" : du désir, de l'histoire; opérer une métamorphose du noyau de ces
vérités en habit de réalités littéraires.
Que dire alors des pratiques où
la langue de l'écriture est une langue véritablement seconde ? Qu'elle amplifie d'abord
cette secondarité jusqu'à l'effet d' étrangeté[2], et que dans cet
effet c'est un sujet autre qui produit le texte. Elle marque comme une suspension dans la
spontanéité (faite de résistance et de socialisation) qu'imposent les lois de la langue
maternelle : on cherche avec/dans la langue seconde à capter une altérité du signifiant
qui fixe par là-même, ou du moins rend disponible la captation de sa propre altérité
désirante. Aussi, au delà même, ou en deçà, de la prescription du signifié
-idéologique, historique...-, par exemple dans les premiers romans maghrébins de langue
française, c'est cette ouverture du champ de l'écriture à l'altérité de/dans la
langue seconde qui nous est donnée à lire dans ces productions. Ouverture à
l'altérité qui, on l'a déjà dit, devient elle-même génératrice de l'écriture. Il
suffit de lire dans un ordre différent de celui de leur apparition dans La mémoire
tatouée ces lignes de Khatibi : "j'aimais de
préférence les mots étranges, qui
m'ouvraient le coeur de quelque
pays lointain
... Personne
ne savait
la force
de mon
dédoublement... J'étais un
autre, durée
fantastique et animée
de ferveur...
Ce fut
le bonheur
de l'écriture
qui me
sauva... Je
jouais à
disparaître dans les
mots...". "La force du
dédoublement" a cet effet d'étrangeté de parler une langue et d'être parlé par
une autre dans une éclipse du lieu d'où je parle. Car ce sur quoi il faut sans doute
insister c'est que nous n'avons pas affaire dans cette littérature à une simple
performance d'écrivains équilinguistes, mais à un dédoublement signifiant, avec un
effet d'ombre et de lumière des lois des deux langues dans une même expression. Et cet
effet impose une lecture "palimpsestique".
On a souvent relevé la relation
de traductibilité permanente interne à cette pratique de l'écriture. Il convient
également d'interroger son effet de transformation qui n'est point un simple saut d'un
univers symbolique à un autre, mais un exil intérieur. Au moment de son apparition,
cette écriture-littérature s'imposait d'abord comme une parole, voire une "prise
de parole" dans la brêche d'une crise
du discours identitaire. Elle rendait possible le dire d'une identité souffrante dans une
région intermédiaire ou transitionnelle. Et l'Histoire n'enregistrait pas encore, sinon
dans la violence et la dénégation comme marques du ratage d'un rendez-vous, la double
filiation qui accompagnait la double rupture. Si écrire c'est enfanter, dit-on, écrire
(s'écrire) dans une langue autre c'est également s'enfanter autre dans cette langue.
"Je est un autre" s'entend ici de son éclat volatile, comme impensé dans une
langue et simulacre d'apparentement à une autre. Un "comme si" suspendu au
croisement de deux langues mais qui sculpte l'imaginaire dans une dérive, ou un
dédoublement symbolique qui n'est ni la reproduction
du même ni l'anéantissement dans une impossible altérité.
Dans une perspective topique, les
rapports entre parole, langue et langue seconde se trouvent tributaires des rapports entre
les instances qui structurent la psyché du créateur. Ces rapports sont mis en scène,
dramatisés et joués dans le travail de l'écriture par et dans le Moi littéraire. Moi
qui prend en charge la griffe du corps funambule, en équilibre sur plusieurs langues,
et assume le projet d'être avec son double uni-scindé sans partage. Le procès du projet
de cette écriture pourrait se résumer ainsi : là où est l'autre, je
dois advenir, et là où est Je, l'autre doit advenir, inlassablement. Tout se
passe comme si la position à maintenir était de dépasser et de ne pas dépasser une
langue dans l'altérité qui la révèle à elle-même. Transposition d'un dilemme
structurel sur le plan de l'histoire : d'un côté une langue souffrante, la langue des
pères "humiliés" dans leur nom-du-père, de l'autre une langue victorieuse,
séduisant l'aspiration héroïque des fils à échapper, voire à venger l'humiliation.
Les premiers écrivains
maghrébins de langue française sont des héros. Mais des héros "névrosés" :
placés dans une position contradictoire entre oubli et mémoire, fascination et
inhibition... ils eurent à accoucher d'une nouvelle identité. Identité se disant ou se
taisant suivant la stratégie de l'auteur, dans sa non-absoluité : "D'emblée, aucune
totalité ne m'est assurée, aucune
origine
absolue : chaque langue
se transcrit
-sans repos-
dans l'autre..."[3].
"Aucune origine absolue"
: voilà le noeud trouble et inquiétant de cette pratique. Il défie le mythe dans sa
fonction définissante de l'unicité originaire ; il suspend les mirages de toute illusion
idéologique de retrouver la complétude narcissique perdue. Un noeud ou plutôt un anneau
qui enserre le praticien, un anneau à l'image de la bande de Möbius : il montre une
face du même et une face de l'autre, le corps möbien qui en résulte présente une
transfinitude des frontières où le même verse dans l'autre et l'autre dans le même.
Dans cette torsion dédoublée, faite d'écart et d'écho entre DEUX lieux d'être,
comment UNE origine peut-elle être ? Et comment peut-elle être UNE de/dans la langue
même qui la fantomise, qui la rature ?
Comment, dès lors, dire le lieu
d'identité, sachant qu'il ne peut se définir que de la langue qui le structure, dans un
entre-deux qui dérive cette structure vers son prore dépassement ? Ou alors faut-il sans
doute repenser la définition même de l'identité et du lieu d'identité. Le mouvement
de fond qui semble se dessiner dans les interstices de certains discours et écrits
actuels ouvre l'horizon de cette redéfinition en termes dialectiques d'une identité Trans. Nous avancerons pour notre part la notion
d'un schéma identificatoire transculturel. Il fait référence, au niveau
anthropologique, à l'ouverture du système d'appartenance originaire à des modèles
identificatoires miroitant un jeu de possibles d'existence différents. La
problématique de cette différence focalise le motif équivoque de toute discontinuité
dans la topographie de l'appartenance mémorielle ; suppose un lieu différentiel, un lieu
tiers subversif de l'identité première. Ce lieu fut parlé par des générations de
maghrébins dans une langue autre. L'effet de ce tiers est ici le double, le dédoublement des structures
signifiantes, de l'univers de l'échange et des repères identificatoires. Dans ce
contexte de bouleversements des projets anthropologiques, le point le plus critique est
sans doute la perte ou l'affaiblissement du privilège et du pouvoir (pouvoir de
maîtrise) de ce que nous appellerons, pour nous résumer, la place ou la figure de
l'ancêtre (c'est-à-dire d'un modèle mémoriel comme gardien de la loi du groupe). Ne
serait-ce pas dans cette vacance de l'ancêtre que trouve à se nicher l'Autre, le
différent, comme figure d'une puissance subversive? Dans ce manque à combler, l'Autre
saisit le Soi dans son être : c'est là le point de téléscopage qui fait dans l'être
un palimpseste.
L'identité Trans mobilise ici une identification
inconsciente trans-ethnique ou trans-culturelle, retenant clandestinement dans la partie
"héritée" de Soi un Autre apocryphe. Les effets actuels de cette
identification, organisés de part et d'autre dans une symptomatologie politisée de
destruction imaginaire (quand elle n'est pas réelle) de l'Autre, n'ont-ils pas une
valeur dénégatoire de l'étrangeté indéracinable de l'Autre dans l'Etre ?...
Extrait de la revue Itinéraires et contacts de cultures, Paris, L'Harmattan et Université Paris 13, n° 10, 1° semestre 1990. | |
Copyright L'Harmattan et Université Paris 13. Tous droits réservés. |
Sommaire du volume | |
Commander le volume | |
Page d'accueil du site Limag (Littérature maghrébine) | |
Communiquer avec le responsable du site |
[1]/ KHATIBI (Abdelkebir). Figures de l'étranger dans la littérature
française. Paris, Denoël, 1987.
[2]/ On trouvera une réflexion complémentaire sur l' étrangeté de l'écriture romanesque maghrébine
de langue française dans l'article de Charles BONN: "La femme, l'émigré et l'écriture romanesque
maghrébine, ou la triple productivité de l'étrange". Peuples méditerranéens, Paris, n° 44-45,
juillet-décembre 1988, pp. 221-233.
[3]/ KHATIBI (Abdelkebir). De la bilangue. In: Ecriture. Recueil collectif, Paris, Le Sycomore.