Thèse
BOUKADIDA, Ridha Le théâtre tunisien face à la modernité : la scène dans une société en mutation
Les pratiques théâtrales en Tunisie, le secteur artistique, le domaine culturel en général dégagent un état de déception chronique, congénitale touchant la sphère des arts dans sa totalité : structures de production, producteurs, structures de tutelle administrative, institutions de diffusion, critiques, publics, financement, créativité, consommation, formation et recherche scientifique. Comment comprendre et tenter d'expliquer, d'un point de vue critique, cet état sans se rendre compte que la formation sociale tunisienne subit depuis la fin du XIXème siècle une domination extérieure qui s'exerce sur les domaines névralgiques : l'économie, la politique, la défense, et le savoir. Une société en mutations profondes, mutations en contradiction avec de lourdes traditions d'immobilisme et de contre-réformes, mutations qui suscitent des déséquilibres stables, des tensions sourdes et un abandon pathogène de la pensée, une démission complice face au présent à confronter, pour un passé en ruine sectionné, bricolé, redoré ou enseveli, et pour un futur hypothétique, hypothéqué, et en hypostase. Faire l'histoire de l'individu dans cette formation sociale éclaire la question hors du domaine de la psychologie. Rappelons enfin, que cette déception, appelée désenchantement nous a été éloquemment transmise, entre autres de ses expressions, par la littérature moderne occidentale, puis latino-américaine. Nous participons donc d'un mouvement de plus en plus universel, contre la globalisation, dans l'espoir d'ouvrir un oeil plus vigilant sur ce que nous endurons, artistes et chercheurs en ce monde de plus en plus apocalyptique. |