Hybridité et genre chez Assia Djebar et Nina Bouraoui - Thèses - Limag
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Thèse

HUSUNG, Kirsten
Hybridité et genre chez Assia Djebar et Nina Bouraoui
 
Lieu : Paris
Directeur de thèse : L'Harmattan
Année : 2014
Type : Thèse
Première inscription pour les thèses : ,

Notations :

Cette recherche, située dans le contexte des études francophones maghrébines et postcoloniales, analyse l’impact des discours identitaires sur la subjectivité des protagonistes dans La Femme sans sépulture (2002) et La Disparition de la langue française (2003) d’Assia Djebar, et dans Garçon manqué (2000) et Mes mauvaises pensées (2005) de Nina Bouraoui. Ces romans mettent en parallèle deux espaces historiquement liés, la France et l’Algérie, et deux périodes, le temps de la guerre d’indépendance algérienne et les années 1990 avec la montée des islamistes en Algérie. Le mouvement entre les deux espaces et temps constitue au sens littéral et au sens figuré un tiers espace, qui contribue à l’hybridation des protagonistes.
L’hybridité est analysée comme une stratégie narrative et discursive qui subvertit et récodifie différents discours identitaires véhiculant des idées normatives concernant l’appartenance culturelle, ethnique et genrée des protagonistes. L’hybridation se reflète également dans le genre littéraire. À travers la remémoration individuelle et collective des événements passés mis en rapport avec le présent, les quatre romans donnent une nouvelle signification à l’Histoire en transgressant les frontières entre les genres classiques : le fictionnel, le témoignage et l’autobiographique s’inscrivent dans l’historiographique. Moyennant le personnage de la narratrice-cinéaste et l’histoire de Zoulikha, Djebar reconstitue dans La Femme sans sépulture, son propre héritage et celle des femmes interviewées, ce qui est associé à la théorie de Luce Irigaray sur la généalogie féminine au sens d’un modèle d’identification. Les différentes influences transculturelles des langues sont éclairées dans La Disparition de la langue française à la lumière de la théorie de la traduction culturelle de Homi Bhabha. Bouraoui montre plus radicalement que Djebar le corps comme surface d’inscription culturelle gérée par des normes ethnicisantes et genrées. Pour souligner la dimension socioculturelle des problèmes identitaires de la protagoniste bouraouienne, les théories de Judith Butler concernant la performativité du genre, la reconnaissance et la mélancolie genrée sont utilisées. Le retour à l’origine reste dans les quatre romans illu¬soire. Le seul lieu où les protagonistes puissent négocier et exprimer leur subjectivité hybride est constitué dans et à travers l’écriture.