Table :
Introduction :
I – Le transgénérique interne :
1- Le système des labyrinthes
2- De l’enquête à la quête
II – Le transgénérique externe ou l’intertextualité :
1- Le fondement intertextuel
2- La richesse du texte
III – L’universalité du texte
Conclusion
Introduction :
«L’œuvre moderne échappe par définition aux genres »[1], tel est le cas de L’Astrolabe de la mer de Chams Nadir qui, aspirant à une écriture universelle, produit une œuvre traversée par des genres divers. Une œuvre multigénérique – autant dire multicolore – qui attire le lecteur par son aspect diversifié. Le mélange des genres prend dans cette œuvre deux aspects différents : il se réalise autant dans l’aspect interne qu’externe du texte.
Ne portant aucune étiquette, ne proposant donc aucun contrat de lecture, L’astrolabe de la mer apparaît comme un édifice à plusieurs labyrinthes. Un texte se moquant de la volonté du lecteur de l’inscrire dans un genre précis abolissant ainsi tout aspect classique de sa lecture et s’inscrivant, comme l’avait précisé Charles Bonn, dans la poétique de « l’inclassable »[2]. Au système des labyrinthes vient s’ajouter l’errance continuelle des personnages de cet étrange récit.
1 – Le
système des labyrinthes
Le mélange des genres est, selon l’auteur, le propre de la littérature, figurée ici par l’Astrolabe dénichée parmi un grand nombre d’objets hétéroclites :
« Dans la nasse tressée, (…) il y avait, pêle-mêle, des algues phosphorescentes, des papillons carnivores, du sable blond, un perroquet amnésique, des coquillages multicolores, une brochette de contes, des fleurs de cristal et encore des munitions – autant d’hippocampes chevelus – pour aborder en quelque rive, de l’autre côté du miroir… » (p. 18)
Cette « brochette de contes » est indiquée par l’astrolabe, narratrice seconde du récit, sous le nom de « fables » : « Ecoute, écoute, dit l’Astrolabe, je m’en vais te raconter des fables… » (p. 18) Le but est donc de faire rêver le lecteur, de l’éloigner de la réalité amère.
Ce n’est ensuite qu’à la page 100 que nous assistons au retour du récit premier, la voix qui a, d’abord, cédé la narration à l’astrolabe. Le Navigateur correspond ici à la figure du lecteur qui connaîtra la même désillusion que l’auteur à la fin de l’œuvre.
A la page 19, commence la « Nouvelle histoire de l’Oiseur-Conteur » (p. 19). Il s’agit du récit du débarquement d’une équipe de cinéaste dans un village pour filmer un conte. Ce récit alterne avec des passages du Journal de tournage du producteur du film. Le journal de tournage annonce un film-conte étrange : plusieurs narrateurs et même plusieurs auditeurs-lecteurs-spectateurs s’y relayent:
« Je souhaiterais réaliser un film à plusieurs voix, polyphonique en somme ; comme peut l’être une partition musicale.
Plusieurs conteurs se succèderont pour donner leur propre version d’un épisode du conte. Peut-être même oseront-ils broder autour du thème retenu pour en proposer d’autres lectures… » (p. 24)
Le conte commence traditionnellement, par la voix d’une « vieille dame » et par la formule consacrée : « Il était une fois un sultan… » (p. 25) Ce conte est divisé en 7 séquences : chacune met en scène la voix d’un personnage catégoriquement différent des autres : « la vieille dame », « l’immigré », « l’ex-pensionnaire de l’hôpital psychiatrique », le « mystique », le « barbu », puis, comme dans un chœur musical, « le collectif des villageois-récitants ». Le dernier mot est cependant laissé au « fou du village ».
Le récit de « la vieille dame » représente la matrice, « le canevas connu et convenu du conte » (p. 27) qui, par la suite, va diverger en plusieurs récits qui donneront lieu à la nouvelle histoire de l’Oiseau-Conteur.
Le journal de tournage, symbolisant le temps de l’énonciation, continue à jalonner cette histoire ou ce film-conte. Même le récit premier revient souvent pour appuyer la technique de l’enchâssement qui est le fondement de cette histoire. Le récit mime ainsi les mouvements d’ailes de l’Oiseau-Conteur : l’oiseau qui chante et son aile lui répond (al Taïr al Bourni)...
L’histoire est elle-même emboîtée : le fils ne prend-il pas, à son insu, la place du père ?
De même, l’emploi constant des trois points de suspension renvoie à une histoire sans fin . L’emboîtement définitif est donc impossible d’où l’incapacité du producteur de tourner le film. C’est dans ce sens qu’intervient l’interrogation du cinéaste : « Emporterons-nous, ankylosé au fond de nos bobines, le formidable kaléidoscope des songes ? » (p. 36)
Dans « La montagne de l’Araignée » (p. 38) : l’incipit est lui-même la clausule. Il s’agit d’un conte à tournure épique : le combat de Kadath avec le monstre imaginaire l’Araignée sacrée. « Reflets » (p. 81) est, quant à lui, un poème en prose qui s’apparente à un hymne à la beauté d’Indira. Dans ce chapitre, des poèmes en prose alternent avec des strophes : dialogue entre la cover-girl et le notable, entre le notable et sa mère. Silence entre le miroir et la cover-girl suivi d’extraits d’un journal hindou : « rubrique des faits divers » (p. 89).
Après « Le Thar » (p. 91) et à la page 101 nous assistons à un retour du récit premier puis de la voix de l’Astrolabe.
Comme « Reflets », « Le 366è jour de l’année bissextile » est composé de poèmes et de la prose. Le dernier récit « Retour à Samarkande » (p. 135) est aussi circulaire que les autres : leur cheminement est comme le mouvement de la toupie qui anéantie le temps et l’espace (et donc le cycle de la vie et de la mort) pour inscrire le texte dans l’éternel imaginaire.
Contes, séquences de film, poèmes, proses, récits circulaires, oral (dimension dramatique) et écrit : L’Astrolabe de la mer s’apparente à un roman moderne qui n’hésite pas à franchir toutes les frontières de l’interdit littéraire classique. S’inscrivant dans le thème de l’errance, le texte se rapproche également des textes épiques de la littérature grecque.
2 - De l’enquête à la quête
La « Nouvelle histoire de l’Oiseur-Conteur » est le récit d’une enquête (sur le meilleur conte) qui se transforme en un récit d’une quête : l’histoire d’un fils de sultan à la recherche de ses origines :
« Le jour anniversaire de ses dix-huit ans, il s’était allongé sur la natte usagée au pied de son arbre et commençait à s’assoupir quand des miroitements inusuels de lumière apparurent sur les feuilles frémissantes du figuier. Celui-ci parla : « L’heure est venue de te mettre en route. Il te faut retrouver al Taïr al Bourni, l’Oiseau-Conteur. Lui seul peut te révéler le secret de ta naissance car le pêcheur n’est pas ton vrai père… » » (p. 26)
Se succèdent, par la suite, plusieurs voix dont celle de « l’immigré » qui raconte l’errance du personnage : « Longtemps, il marcha au-delà des frontières. Il traversa des pays inconnus, séjourna dans des villes surpeuplées. » (p. 27)
Malgré la convivialité entre les habitants du village et les cinéastes, le producteur du film ne réussit pas à cerner l’objet de sa quête :
« (…) Malgré toute cette gentillesse de la part de leurs vis-à-vis, les sociologues-cinéastes sentaient que l’échange était loin d’être abouti et que des pans entiers des pensées de leurs hôtes leur demeuraient opaques et interdits. »
(p. 33)
Dans l’histoire de Kadath, la quête s’apparente au chemin que nous faisons lors de notre existence :
« A l’aube, il monta son coursier et, à grand galop, s’élança en direction de la masse encore confuse des monts sacrés…
(…) Récupérant sa monture, il reprit sa marche vers les Gorges du dernier Sommeil…
(…) Le septième jour, son désespoir ne connut plus de limites car voici que commençait à apparaître la stature impressionnante de la Porte de bronze par quoi finissaient les Gorges. Il était parvenu à l’ultime étape de sa marche. » (pp. 45-48)
Le « dernier Sommeil » symbolise ici la mort.
Dans « Le Thar » (p. 91), nous assistons au retour du thème de « l’errance » : le mot revient très souvent dans le récit.
Dans la plupart des textes, la quête se fait sous le signe du chiffre sept : sept séquences du film racontant la « Nouvelle histoire de l’Oiseau-conteur ». La quête de Kadath à la recherche de l’Araignée dure également sept jours et sept nuits. Dans « Le 366è jour de l’année bissextile » (p. 119), nous assistons à la célébration du chiffre sept. Le coran ne parle-t-il pas de sept cieux ?
Ainsi, la quête renvoie dans ce texte à la condition humaine. « Le 366è jour de l’année bissextile » (p. 119) : poèmes et prose écrits au conditionnel démontre que trouver l’objet de la quête est impossible. Dénouer les fils du mystère de l’existence l’est donc également.
« Retour à Samarkande » (p. 135) raconte aussi la crise existentielle entre la vie et la mort.
Dans le cheminement de l’oral à l’écrit, nous découvrons que seul le texte écrit permet de rapprocher des temps éloignés et des espaces aussi opposés que le nord et le sud ou l’est et l’ouest. L’intertextualité permet ainsi de transcender tous les possibles narratifs vers l’inscription du texte dans un éternel imaginaire.
II – Le
transgénérique externe ou l’intertextualité :
1 – Le fondement intertextuel :
La « Nouvelle histoire de l’Oiseur-Conteur » (p. 19) se fonde sur un conte oral. Une citation mise en exergue de cette histoire est tirée de L’Epopée de Gilgamesh. Dans le Journal de tournage du cinéaste filmant la même histoire, le narrateur se réfère au mythe de Sisyphe :
« Le mythe de Sisyphe m’apparaît maintenant. Ce n’était point de n’avoir pu hisser ce ridicule rocher au sommet de la montagne ; c’était, en fait, de n’avoir pu concilier pour sa descendance – nous-mêmes – justice et liberté ! » (p. 31)
Le récit narre en effet le drame de la condition humaine.
Dans « Le Thar » (p. 91), un autre récit épique, le narrateur cite en exergue un proverbe de l’Atlas. « Les deux Calligraphes » (p. 103) est un récit introduit également par deux citations: l’une de Djelâl-ed-din-Roumi et l’autre de Nietzshe : les mots (écrits) rapprochent les êtres séparés, tel est le sens de ces deux citations. Ce même récit (« Les deux Calligraphes » (p. 103)) introduit à son tour à deux autres textes copiés par le Calligraphe : est opéré donc dans le texte un enchâssement de textes d’autres auteurs : « Le mystique ivre » et « Terra incognita ou le portrait énigmatique… »
« Reflets » (p. 81) est un poème en prose qui constitue un hymne à la beauté d’Indira. Il est introduit par un vers d’Al Mutanabbi.
Tout donne à
penser que le texte de Chams Nadir ne peut exister et se tenir que grâce à ces
citations référant à des cultures aussi diverses que les littératures dont ils
émanent. La richesse du texte semble ainsi incontestable.
2 – La richesse du texte :
Par delà l’intertextualité qui le traverse, L’Astrolabe de la mer vise, par sa richesse à chercher la vérité enfouie, inaccessible. En plus de la littérature, son champ d’investigation s’étend jusqu’aux religions. En guise d’exemple, il cite la légende sacrée hindoue :
« Un jour même, sur les terres de l’antique Râmâyana et du Wayang, sous la tutelle du légendaire Arjouna surgissant des limbes, se réunirent les états généraux des peuples libérés et un grand arc-en-ciel s’étira des rives balinaises aux contreforts des Andes. Ce jour-là, l’Oiseau-Conteur déploya, immense nef volante, ses ailes et chanta. A l’autre bout des terres libérées, le Serpent à plumes lui répondit, par-dessus l’embrasement des sierras. Les dieux dansèrent dans les savanes et les forêts des tropiques. Et ce fut, un temps, l’ivresse des vagues… »
(pp. 33-34)
Selon lui, les Mo’tazila sont porteurs de la vérité :
« (…) Il était le calligraphe attitré de ses amis : les philosophes libres penseurs de la Mo’tazila à la fréquentation desquels il devait tant de découvertes, les poètes bacchiques et existentiels desquels il avait appris à sentir et à ressentir, par toutes les fibres de son cœur, les merveilles et la fragilité de la vie. » (p. 105)
Bacchus étant Dionysos : Dieu de la vigne dans la Grèce antique, le vin serait-il l’élixir de l’existence ?
A l’instar des Mo’tazila, le texte fourmille de figures vieilles et mystérieuses. Ainsi, la figure du Calligraphe avec son burnous rappelle le sage rencontré par le fils du sultan dans « La nouvelle histoire de l’Oiseau-Conteur » et le jeune homme qui a guidé le cavalier vers la caverne dans « Le Thar ».
« Le mystique ivre » est un récit enchâssé dans « Les deux Calligraphes ». Il met en exergue un proverbe arabe: « Le Sage ne rit qu’en tremblant. » (p. 107) Serait-ce l’effet du vin ?
Le texte signe ainsi un objectif premier : le refus de tout dogmatisme ; la littérature étant le domaine de la liberté, de la vraie vie.
L’auteur rapporte un dialogue entre Al Ashari et Averroès :
« Le premier « était en train de nier toute possibilité de création littéraire ou artistique en arguant du fait que le Coran était le fondement et la conclusion de toute écriture. » (p. 109) Le second « rétorqua, avec précaution, que l’original du Coran était comme un modèle platonicien et que les hommes, dans la diversité de leurs ethnies et de leurs histoires, pouvaient le reprendre en charge et le reformuler dans une apparence propre et diversifiée, laquelle constituait, à chaque fois une création. » (p. 110)
Chams Nadir est le pseudonyme de l’écrivain Mohammed Aziza ; il renvoie à la nuit à ses débuts et à sa fin. Le secret de l’existence est en effet dans le lever et le coucher du soleil. L’écrivain poète cite dans ce contexte G. Bataille :
« L’univers semble honnête aux honnêtes gens parce qu’ils ont des yeux châtrés. C’est pourquoi ils n’éprouvent aucune angoisse s’ils entendent le cri du coq ou s’ils découvrent le ciel étoilé. » (p. 86)
La référence à la mort est ici incontestable. Les mêmes rapports gèrent l’oral et l’écrit. A la page 101, le narrateur rapporte un dialogue entre Al Qualquachandi et son disciple :
« -- Qu’est-ce que la parole ?
-- C’est un vent qui passe
-- Et qui peut l’enchaîner ?
-- L’écriture. »
L’écriture est ainsi une mort-naissance comme le soleil à ses antipodes ou comme l’acte d’amour. L’écriture fige l’imagination, la rend ankylosée. Déclinant tout rapport à l’oralité, la littérature classique est aussi dangereuse, aussi compromettante que la vie car, par sa prétention de vraisemblance, elle tue l’imaginaire. Seule la modernité avec toutes ses facettes peut mener vers la vérité.
A la page 105, nous relevons une citation de Nietzsche : « Les mots et les sens, ne sont-ils pas les arcs-en-ciel et les ponts illusoires jetés entre des êtres à jamais séparés. » (p. 105).
« Arcs-en-ciel », « ponts » : la littérature ne permet-elle pas la communication par-delà le temps et l’espace ?
Dans l’histoire du peintre, le narrateur nous livre un « Canevas provisoire à développer » (p. 113) : c’est ainsi que l’auteur ou le calligraphe invitent le lecteur à participer à la création littéraire.
De part son ambition, l’artiste-peintre incarne les rêves de l’humanité entière :
« Il vivait retiré, ne s’intéressant qu’à son art et ne ressassant qu’une obsession : arriver à réaliser, un jour ou l’autre, le grand œuvre : une toile qui saurait contenir, sur sa surface peinte, comme un miroir apprivoisé, la quintessence de la vérité, toutes les merveilles du monde et ses mystères, l’évidence… »
(p. 114)
Cette toile s’avère être son autoportrait :
« Ils virent une grande toile peinte mais furent étonnés de distinguer l’auto-portrait du peintre se dégageant, irrésistiblement, de tous les détails des paysages représentés, constituant la trame de la toile : collines, mers, plaines, montagnes, animaux de toutes les espèces connues ou inconnues, multitude bigarrée, etc. Au pied de la toile peinte, gisait le peintre, mort depuis deux jours. » (p. 115)
Le monde n’existe en effet que par rapport à notre conscience, que par notre regard. La lecture de toute création artistique se fait également de la même manière. Dans une note de bas de page où l’auteur livre la biographie de Ibn Moqla, il ajoute « Quant au second Calligraphe, son récit retranscrit devrait éclairer le lecteur sur son identité. » (p. 117) Latitude laissée donc au lecteur pour imaginer la personnalité du second Calligraphe : jeu de miroir qui fait que cette figure sera le double de la première.
« Le 366è jour de l’année bissextile » (p. 119) signe enfin l’universalité du texte : histoire de la création de l’homme et du monde : les formes, les nombres, les couleurs : le monde à nos yeux. Ce monde, vu par nous, n’est que virtuel , d’où l’utilisation du conditionnel.
« Ceci pourrait être l’histoire d’un type qui rêverait d’aller au Harrar.
Parce que cette région se trouve en Abyssinie, mystérieux royaume de Saba. »
(p. 121)
La racine de Harrar est « horr » : libre. Le texte se fait-il volontairement hermétique ? Le but de Chams Nadir n’est-il pas de permettre ou de défendre au lecteur de se projeter dans le texte ?
Le sourire ironique de « l’abominable tête de Nyarlathotep (…) évadé du roman de Lovecraft » (p. 131) où le lecteur prend l’œuvre pour un cornet de glace, un objet de consommation, ne peut qu’affirmer cette hypothèse. La littérature est, comme l’imagination, le domaine de l’insaisissable, du mystère. L’emploi du conditionnel ne le confirme-t-il pas ?
Dans le dernier récit :« Retour à Samarkande » (p. 135) il est affirmé que la vie n’est qu’un jeu. Seuls comptent le rêve et la prolifération de l’imagination qui compte.
Le constant objet du rêve, l’unique figure qui peuple l’imagination humaine est la femme. C’est pourquoi seule la femme est capable de retrouver al Taïr al Bourni : éclat toujours revivifié des Milles et une nuits. S’adressant à l’héroïne de ces contes, la voix du cinéaste se fait admirative :
« Ô Schéhérazade, pardonne notre iconoclaste liberté. Tu avais doté le roi de trois fils et d’une fille qui réussissait à ramener l’Oiseau-Conteur, détenteur du secret. Ton temps était celui de l’enchantement et des fifres de splendeur. Le nôtre est celui des couteaux et du cri rauque. Mais tandis que nous réinventons ce conte, au fond de notre prunelle, danse ton reflet mémorable. Et la vague lèche tes pieds de tendresse… » (pp. 29-30)
Mystérieuse Schéhérazade : idole de la création littéraire !
S’attaquant à tous les aspects de la vie et de l’au-delà, le texte de L’Astrolabe de la mer se veut ainsi générateur de rêve affirmant à la fois l’incapacité et la puissance humaine à gérer les mystères de sa tumultueuse existence.
Conclusion :
Narrateur second, l’astrolabe, par son miroitement magique, crée le mystère autour de la vie et de la mort de l’être humain. Amour, religion, politique, naissance-mort de l’homme et de l’univers… le texte se veut universel ne serait-ce que par le domaine intertextuel où il puise. Il est aussi miroitant, aussi intriguant que cette figure de l’astrolabe qui fait rêver le navigateur, figure incontestable du lecteur confronté à ces multiples labyrinthes. Le mélange des genres littéraires épouse ici l’amalgame des genres grammaticaux (il, elle) rendant le texte encore plus intriguant et plus fascinant au regard du lecteur et signant, d’une manière irréfutable, sa modernité.