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84
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le soir tombe toujours au moment où la
peur
étend
comme une vigne au dessus de tête
ses branches de douleur
j’habite
un long pays de vieux silence
j’ habite
un
merveilleux pays
où la passion du jour et de l’éclair strident
commande
au songe clair de vivre
s’impose
à tous les yeux blessés
mais lui
mon pauvre frère l’homme est parfois si
mesquin
que nous doutons parfois de la douceur de
vivre
que nous pleurons parfois amertume en la
bouche
d’ être soudain
sans
voix
et
sans humain langage
que nos chagrins de nuit
laideur vécue comme une plaie
qui pue la mort
sur toute la distance aveugle
que nous somme tentés de mettre à la poubelle
tout ce pourquoi
nous avons cru juste de vivre
juste
d’aimer
à perdre haleine et vie les hommes exploités
les hommes pétrifiés
tous les hommes jetés
hors de leur propre force
hors de leur propre danse
hors de leur propre image
tout ce pourquoi
nous tous
hommes fous de ce temps
nous nous sommes heurtés à leur prison de
haine
dressée
entre le monde et nous
jugés d’avance
inaptes
au doux bonheur de vivre à la hauteur des hommes
tout ce pourqoui
nous aux ongles blessés d’avoir gratté sans
fin
le mur de la caverne atroce
le mur de la cellule infecte
nous aux yeux délavés par le spéctacle
étrange
des hommes pris de froid
nous aux larmes de sang
perclus
dans
l’hiver au chagrin
à l’heure grise
des hommes pris par le vacarme
du monde qui s’écroule autour de leur
vengeance
à l’heure juste
où monte un autre monde à l’assaut de
l’humain
nous connaissons
le chant désert
l’amour
blasé
minuit
dans
l’ inertie du jour
minuit
aux
algues solitaires
minuit
aux
froides tentacules
minuit
qui
ne veut pas mourir
nous connaissons
la mort
aux ignobles potenses
la mort
aux
multiples étoiles
la mort
à
l’aube
au
pied du mur sanglant
nous connaissons
la joie
de dire au monde entier le nom de notre
exemple
de dire à tous les gens
que notre espoir avance
que nous quittons ce
temps de mort et de démence
pour un plus beau rivage où vivre est un
véridique
85 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
vous savez bien
que vous êtes des loups tentés de chair
humaine
que le grand feu de glace où nous gisions
malades
se transforme en révolte
que vous ne pouvez
rien
contre la vigne du sang juste
qui multiplie
les raisons de chanter
que vous ne pouvez
rien
contre le blé qui lève entre leurs mains
tenaces
la blondheur de sa joie
blondeur
qui monte en frissons de douceur dans la lumière
enfance dans nos yeux fertiles
enfance aux lendemains de chansons et de
roses
enfance aux vertes rives
où l’homme se décide à prendre dans ses
mains
sa vie
pour l’ordonner
et pour la mettre au clair sans ce monde
possible
aux tueurs du mensonge où l’homme est
exploité
où les pauvres pouilleux dont j’exalte la
force
savent déja que sur la terre
où votre nuit semble à jamais
en place
rayonne rouge ardente étoile
la vigne de leur sang fertile
car déja sur la terre
le jour s’installe dans leur maison de
noble éclair
et lime
calme et patient
les tragédies nocturnes
qui furent son
destin
86 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
j'ai vécu dans la peur au temps fou du
silence
quand la crainte vivre était l’enfer
commun
j’ai connu le silence aux floraisons
subites
aux lèvres de l’angoisse où se dessine un
cri
sanglot de mort brutale
qui
brise en la poitrine
ce mourir sans visage à toute heure du
temps
douleur de se mentir à l’aube
sur la bouche d’outrui
et rampe au plus bas de soi même
un homme comme un chien où meurt notre
altitude
j’ai connu ce malheur qui pleuvait sur mes
nerfs
hors de toute ma force
où chair brisée neige coupable et jour
violent
je me construis
grave et sonore enclume où le marteau se
brise
au plus secret de ma faiblesse
au lieu de mon épreuve
à l’heure où l’étranger marchait sur ma
lumière
m’écrasait de son ombre et gravissait mon
sang
dans un torrent de glace
où ma réplique
n’était plus un refuge où me cacher des
autres
réplique
combat
hauteur où je plantais ma vigne
sur mon côteau paisible
hauteur où je gagnais mon pain
au plus haut de ma fête
où je m’impose au maitre et donne un sens de
feu
qui me couronne humain dans toutes mes
démarches
87
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j’ai vécu dans la peur au temps fou du
silence
que l’on tissait sordide autour de mon
visage
dans un vacarme infecte
de nuit sanglante et de torture
affreux reptile
homme au regarde grisâtre et dur
pauvre uniforme
douleur sans lendemain de joie
pétrie
de mort obscure
où nous chantions sevrés
de notre propre image où nous étions de
l’ombre
j’ai marché dans la peur
j’ai chanté dans la peur
où j’ai connu sans halte
dans la tristesse
le froid de vivre et le mensonge
toutes les peurs
la peur de vivre
la peur de travailler pour rien
pour les nantis
pour les repus
la peur de voir mon sang se changer en
devises
de voir ma vie
se transformer en cauchemar sanglant et
triste
de voir ma rue détruite
de voir mourir les yeux où notre enfance
veille
pourris
crevés de nuit
la peur
de ne pas être
la peur
de n’être pour toujours que mon propre
fantôme
perdu dans la pierraille où je ronge mon
sang
pour signifier
mourir dans un désert de pierre
mourir sans comprendre ma mort
mourir
dans un nuage
sans aucun sens humain sans aucun espérence
mais j’ai vaincu la peur
où je n’étais que chair malade
que vie rompue de nuit liquide
que terre sèche en proie au sel
pour être
sans plus jamais me taire
sans plus jamais fermer le livre
où chaque Page
ouvre le sang à l’aube en fête
où je me fonde humain sans nul autre
lignage
88
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O vous que j’aime
ne laissez pas le froid vous engourdir le
coeur
ne laissez pas mourir les fleurs de vos
jardins
le chant appris à l’aube
la braise sous la cendre froide
sachez
que le vieux monde existe et se prolonge
encore
par la nuit du chômage où l’on perd son
vaisge
par la misère au coeur de louve
par la violence
aux yeux pourris de lune atroce
et
la prêtraille
qui sermonne le pauvre et l’envoie paitre au
ciel
dans les verts pâturages
sachez
que le vieux monde existe encore
pour durer contre vous comme un mal sans
remède
comme
pluie de sang triste
pour durer contre vous
maitre de votre espoir
de vous et
de vos mains
maitre du songe simple où vos yeux sont
blessés
pour durer contre vous logés dans la
tristesse
des taudis sans fenêtre et des saisons de
glace
frères de songe au chemin clair
les loups disparaitront comme l’herbe
mauvaise
le jour viendra panser la plaie
que nous avons au coeur
et nous pourrons
braver
les neiges de l’absence
vivre et mourir sur terre et sauver notre
image
mais saurons nous jamais
palper de joie le coeur du peuvre
et grandir dans les yeux de toute enfance
claire
renaitre
vergers sonores
printemps rugueux et vrai comme amandier en
fleur
renaitre
amour en marche
hommes clairs de courage homme vrais de lumière
et source douce
où nous pourrons parler
de tout ce qui nous aide à vivre
ce jour viendra
nous apprendrons ensemble
la joie d’être sur terre un éclair
d’innocence
la mort
la vieille mort
qui tue les pauvres gens avec des armes
neuves
la mort
nous deviendra étrange
89
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m’endormir face au ciel par un jour de
printemps
au bord
de la rivière
et laisser ma pensée couler comme eau
calme
vers la mer fraternelle aux hommes de
frontière
m’endormir face au ciel par un jour de
printemps
et laisser ma mémoire
se noyer dans ce bruit qui ressemble au
silence
et regarder
les nuées se dissoudre en l’azur
et noyer dans mon ciel intéreur
les soucis de ces jours vidés de leur
substance
leur dernière raison de survivre en mon
coeur
m’endormir face au ciel par un jour de
printemps
au creux
de quelque vieux mensonge
et ne plus rien connaitre
de vos haines de chiens
90
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c’est pour avoir connu la fuite des
regards
la fuite des nuages
la fuite des paroles
que nous sommes punis à demeurer plus nus
que le nuage et la parole
et le regard de l’homme où se déchire un
monde
c’est pour avoir conu l’exil et sa
tristesse
qui sillonnent les corps de la patrie en
peine
que nous chemins fermés se taisent dans la
nuit
c’est pour avoir connu le temps de long
mépris
la nuit aveugle
et les chansons des nids de l’impossible
amour
que nous ne pouvons plus
nous taire
et laosser faire
les hommes sans pardon les hommes sans
honneur
qui ont vendu leur âme et leur plus haute image
au tarif de la honte et du mépris de
l’homme
c’est pour avoir été trahis
trompés
brusqués
que nous pleurons parfois l’amitié des
prisons
les ombres de ce temps où nous fûmes
blessés
marqués
de rouges cicatrices
parmi les tragédies du sang
versé
au nom de bien
au nom du ciel
au nom de dieu
au nom de l’or
au nom de rien
que nous aimons chanter la légende du
peuple
aux choses indicibles du jour qui nous
habite
et de l'horreur
infecte
où nous errons en mal de vivre en un seul jour
toutes les roses
tous les jerdins
tous les vergers
tous les signes humains
tressés
pour effacer
l’horreur
l’épine
dans l’amitié confiante
la boue graciée
la
boue qui recommence encore
dans l’inertie du jour
un cri perce la pierre où dorment les
oiseaux
et les barques lascives
un cri perce la pierre
de l’enfance oubliée sous les algues du
temps
un cri neige sur terre et pénètre les
coeurs
des maisons endormies sous le gel du
silence
que déchire un oiseau
moment fragile et
clair
un cri touche la terre
nous changeons de maison
de
voix
de
songe de langage
et nous changeons de peau
et nous gagnons
la vie
mais vous
monnaie incuse épouvantails de
mort
où l’homme est un infirme
en mal
de patrie intérieure
avec des mains de neige tendre
vous faites des poings pour frapper les
visages
de nos outils
vous faites des engins de mort
des sourterrains pour notre mort
mais nous vivons
nous calcinons des fibres de l’angoisse
sourde
et nous passons
ivres de mort vaincue
ivres de vivre
contre ce monde
rongé de lèpre et de blancheur
en proie
aux fêtes du bonheur
que notre rage invente pour survivre au
froid
où notre peuple a pris naissance
pour chanter sa lumière en la douceur de
vivre
en son lieu de printemps au visage
exemplaire
90
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frère
homme écorché de vivre
forggeron du bonheur dans l’acier des
prodiges
soldat de guerre juste
orfèvre de l’histoire
terrien au doux visage
chômeur au regard simple malgré les
outrages
voleur des certitudes claires
je vous parle ce soir pour apprendre de
vous
le front de suie
le
front humain qui s’illumine
je viens
pour apprendre de vous l’orage et la tempête
face au crime du monde
à l’heure
où l’on égorge autrui au profond des
prisons
à l’heure
où nous devons chanter pour démasquer la
haine
on marchande le sang
on négocie
avec les assassins du peuple
ce que coûte l’absence et le poids du
silence
où je tourne mes yeux
où mon regard se porte
la terre est un volcan
je regarde en ma mémoire
un
cri
est il un coin secret
où nous pourrons dormir dans un jardin de
paix
car il neige sur terre du feu
des bombes au phosphore
car le malheur est gris
car la faim est atroce
car la rouille de vivre est un automne
absurde
en vous
en nous
en tous les gens
surpris de nuit lugubre un homme est prisonnier
un
homme est sans espoir
il est temps de chanter notre temps de
justice
car le temps est venu
de dire
nos certitudes simples
nos certitudes de jeunesse en armes
car le temps est venu
de dire
que l’homme est un soleil fécond
que l’on ne peut souiller sans briser le
miroir
et sans ternir la source
où nous boirons un jour l’espoir des
multitudes
l’espoir des pauvres gens à la langue
déserte
notre espoir en fureur
un âtre
pour nous assoir autour
présence dans la steppe triste du vieux
monde
où nous serons le lieu de toute chanse
humaine
91 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
j’ai de la peine à vendre
à troquer contre un rien
sourire en fleur présence humaine
main de douceur tendue vers ma plaie d’ombre
nue
peine à geler rire et chansons de perles
tendres
peine à offrir
comme un boquet de fleurs de nuit
ornez en vos sépulcres
amateurs de tristesse
endormis dans la peine à vous briser sur place
qui veut souffrir à vide
à bon marché
qui veut de mon
poison mortel
qui veut
vivre avec moi
la destruction de l’espérance
ô peine
ô vague obscure et froide
flocons de vieux silence que mon coeur
abrite
un temps ignoble et vain plante en ma vie sa
haine
ma vie foire de
fous
où
je ne connais plus personne
ô peine
ô lourd opium
où nous années perdirent leur couleur
vivante
que puis je faire sinon me taire
et rendre l’âme
et que le coeur éclate sous le gel
nocturne
si nous ne savons plus l’abriter du
malheur
et que la mort
nous prenne notre unique enfant
si nous ne savons plus chasser de nos
refuges
ce spectre froid et noir
et que la lamp éteinte
n’éclaire plus aucun visage
92
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à l’horloge impassible
où le temps se dévide
en heures de tristesse
en jours de lente joie
quelque chose me happe
quelque griffe inconnue
je me regarde en peine
où gisent des cadavres
homme brisés
perclus
de solitudes
creuses
rendus
mangés de nuit et de blancheur
leur mort rythme mon sang
je n’oublie pas leur sang
leur mort rythme ma peine
comme une eau noire
que nul espoir ne lisse
sombre chemin où nul ne passe
j’ai tant denuit au coeur que nul être sur terre
m’entendra mon silence
car nul être sur terre
ne peut rêver pour mon visage
qui ne peut plus rêver des moissons de
bonheur
qui se dressent partout hors des cavernes
noires
où je pleure en secret le plus lointain
rivage
fusil
je suis à ton service
pour toute guerre
au crime
soleil
je suis à ton service
pour toute guerre
à l’ombre
pour effacer du jour
ces paysages
où l’homme est un bandit un mercenaire
ignoble
ces paysages
où l’homme est devenu plus petit que lui
même
j’ai tant de nuit
sur la conscience
que je l’abrite dans la drogue
que je pourris mon sang
que je me noie en toute neige
que je me fuis
pourtant
sur mon chemin naissent des fleurs
et des chansons
et des visages
et des moissons
et des villages
sur mon chemin naissent des joie
des rires des merveilles
sur mon chemin naissent des rêves
naissent des hommes bons
hommes au coeur neigeux promis au feu de
vivre
et de combattre
pour les matins promis à leur minuit de
peur
pour toute la douceur que contiendra leur
vie
hommes promis au feu de vivre
prenez moi par la main
ne me laissez pas seul
restez
sur
mon chemin
lavez mes yeux
lavez mes mains
lavez mon coeur
restez
sur mon chemin de tendresse et de
songe
sur mon chemin de peine et de
lumière
restez
sur mon chemin
restez
dedans ma vie
ne me laissez pas seul
entre les mains de mes fantômes
93
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quand j’écris un poème
je vous donne mon coeur
mon sang
mon
espérance
je vous donne mes yeux pour faire aimer la vie
par tous
pour la chanter
aux hommes pris de haine
quand j’écris un poème
je vous donne mon coeur
un peu de moi qui passe
dans le secret des roses
dans le printemps vorace
un peu de moi qui passe au coeur de la
jeunesse
au plus froid de l’hiver où sont mortes les mains
un peu de moi qui passe
dans l’amandier en fleur
dans le sillon
que l’âge imprime
au front de l’homme sans défense
un peu de moi qui passe
dans la colère qux larmes froides
contre la nuit aux saisons dures
quand j’écris un poème
je vous donne mon coeur
mon jour
mon
espérance
mon temps de neige et de franchise
quand j’écris un poème
j’agrandis mon domaine
je porte au loin ma force et mon pouvoir
secret
l’honneur de mon visage
l’honneur de ma patrie humaine
pour agrandir le cercle où je promène une
ombre
de joie vivante
où je respire à l’aise et chante
un chant à ma hauteur de peuple et de
montagne
quand j’écris un poème
je vous donne mon coeur
pour apprendre de vous ce que je vous
enseigne
pour vérifier mon coeur
au feu
que
vous portez
que
vous aimez plus que la vie
que
je vous lis comme un journal
où je traduis pous vous dans le jour
prolétaire
l’espoir que vous portez comme un outil
d’acier
je vais plus loin que votre rêve
je vais au lieu de grâce claire
où l’herbe fait le bon de sa fraicheur de femme
où la nuit nous apprend le langage des
veilles
où la mort ne surprend que les hommes de
proie
je vais au lieu de source calme
où
tout enchante
où l’arbre clair déploie son ombre sur nos
corps
où vivre n’est plus une aumône
où toute chose enchante et nous attache à
vivre
ce temps de grand soleil où l’âme entière
exulte
où naitre est un visage
éclair
dans le verger du maitre
bravoure d’ombre juste où gagner notre
image
est l’étoile authentique en l’orbe des
racines
où nous fûmes au monde
un cri
dans l’ombre de la pierre
silence imputrescible
eau noire et solitude
un cri
au temps de grand soleil où naitre est un visage
éclair durable et beau qui nous annonce à l’aube
au ciel en transhumance et nous garde en éveil
94 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
vous avez déchiré l’aurore
où mon enfance
inventait dans un chant des faces
innocentes
et vous avez brisé mon chant
barrant ma vie comme une rue
barrant ma rue
comme une ville infâme où ne pourrait
passer
nulle chanson
ô monstres éperdus dans mes joies
matinales
vous pourrissez le monde
sans vous douter de rien
95 -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
moi souci de lumière
moi tendresse égagee dans un monde de
pierre
moi long refrain de joie interdit de
parole
moi danse de bonheur apprise dans la
crainte
moi confiance agitée de doute et de
chagrin
je sens
la nuit perdue
se défaire en mon ciel et se défaire autour de moi
toutes les ombres du mystère
de vivre et de mourir à l’heure du
printemps
je m’aventure
au profond du mystère où s’égarait mon
frère
dans sa prison de lianes mortes
je m’aventure
à vivre tous les âges
des pierres du malheur terrestre
des hommes de mon temps de leur légense
claire
où je découvre
des hontes sous l’honneur factice
des hommes sans honneur
et du venin
en pleine bouche de l’enfance
où je découvre
le merveilleux
le merveilleux sourire
des enfants pris au jeu d’inventer des
idoles
et des fables de joie où l’on est un
seigneur
un juste
qui se promène dans sa vigne
heureux de son secret
fermé
aux
démissions de vivre
pour chanter sa lumière en la douceur de
vivre
en son lieu de printemps au visage
exemplaire
heureux de son secret
de ses futures danses
j’ai rencontré
des gens traqués par la crapule
des gens
qui vivaient nus
avec un froid méchant au coeur
j’ai rencontré
des solitaires
des loups masqués de gentillesse
des hommes sans figure
et des hommes masqués par leur propre
figure
depuis ce temps
je n’entende plus mourir ordre à face
humaine
néant triste et confus aux larves sans
courage
je ne veux plus
que
l’on destine à la tristesse
nos moissons de lumière et nos saisons de
joie
que l’on destine l’homme à demeurer sous
terre
des yeux pourris
du sang hurlant dans la ténèbre
défaite atroce où je me
pleure
dans une ville en cendre où rien ne sert
d’aimer
je n’entends plus mourir
mais vivre
à ma hauteur de vigne
dans la rencontre claire où le peuple
s’affirme
jeunesse contre l’ombre infecte
où je meurs de silence
jeunesse où la lumière engendre
l’orge en la terre pauvre où vivre est
lumineux
l’orange aux franges de l’hiver
l’amour comme un verger sonore
fleur nue d’être soi même herbe au soleil
humain
herbe rebelle au crime et terre étrange à
vivre
sans plus mourir du songe où je suis un
infirme
jouet
de mes objets
objet
de ma fatigue
toupie
aurore
masquée de nuit brutale
rongée de cendre noire où je m’affirme en
fait
homme au pouvoir solaire
justice atteinte d’ombre et rêve au doux
miroir
où neige
un amandier en fleurs au pouvoir de
printemps
96
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frère au soleil humain
racle la rouille qui t’enferme
et parle
dis nous
la terre en crue
trace d’éclair subtile où nous tissons de
cris
nos jours de laine noire
nos pauvres jours de suie
les jours
que notre enfance en feu
brûlait de givre dense et de tendresse
d’arbre
dis nous
la joie qui nous habite en l’étreinte de
sable
ô frère tendre
dont s’exténue le songe d’être un homme
libre
parole douce à vivre
écoute
la vie bornée d’excuses sans frontière
audible
la vie martyre
se taire sous la pluie de mort
quand la saison sauvage
multiplie les
cadavres
et donne au feu ta vie le temps de vivre
humain
dans notre halte claire où l’herbe pousse
dense
au feu
notre espérance armée d’écume et d’ombre
vierge
au feu
les grâces du printemps sonore
où la couleur d’antan sèche au soleil
coupable
frère au soleil humain
avance
happe l’éclair fertile
qui nous invente une âme
au lieu de source vive où germe en la
candeur
douceur fébrile
la
fleur de l’impossible amour
ô fruit de sang
neige impure où je dors mauvais rêve de
l’arbre
ferraille atroce
où brâme en la verdure en feu
l’espoir hagard
l’espoir
couleur
de sang traqué de mort insane
l’espoir sonore
où je m’éveille
cristal
au seuil de la parole
contre quiconque rampe aboie
hurle
à la haine
là bas
hors de l’humain
où les autres sont pris de vin et de
lourdeur
où les yeux sont fermés sous le gel du
dehors
où rien ne sonne plus contre la vitre
claire
qui servait de miroir aux rêves de
l’enfance
là bas
hors
de l’humain où je m’éveille en feu
pour dessiller les yeux que je brusque de jour
j’avance
arbre pris de tourmente en la douleur de
vivre
homme pris de vengeance à l’encontre du
maitre
j’avance
face à la vieille haine
qui se raconte au monde
comme la crainte des fantômes
j’avance
espoir en âge
d’être splendeur rebelle et candeur sans
pardon
d’être lumière en armes
tendresse
dans la nuit
qui brave en nous le dire et la merveille
d’être
espoir en âge
d’être enfin la couleur qui tue l’ombre
servile
et nous ramène au jour
au
songe
où
la douceur se gagne
au
front
où
le printemps inscrit
en premier lieu
le
pain
dans
la brassée des jours
l’offre du fruit limpide où nous convie la
sève
espoir en âge
d’être larme et sourire et fleur
anthropophage
culte de l’astre humain
de la source à l’étoile et de l’herbe au
nuage
de ma chanson de pluie à ma douleur
d’esclave
j’avance
terre à vivre au printemps où la douceur
inscrit
son nom de perle
sur toute chose humaine en voie d’être
légende
pierre vive et drapeau
hauteur en l’aube
verte
qui hante nos prairies d’écume
nos rues de neige simple où le printemps
consume
toute mémoire
de l’ombre où nous fûmes parqués
hors de toute confiance
hors de toute guidance
hors de toute espérance
j’avance
mais maintenant
l’hiver bâillonne les oiseaux
la terre est sourde et sans écho de l’aube
grave
qui sillonnait nos corps au rêve sans
frontière
nous parlons bas de notre enfance
nous parlons peu
et nous taisons l’espoir qui vibre sous le
givre
l’âpre saveur de vivre
saigne au soleil où notre danse
vieille clameur du sang qui nous comble
d’espace
parcourt de cris la ville
et brise
les grandes harpes du silence
et les froides statues
où l’âme saigne
d’être un oiseau de nuit chagrin de ronce
acarpe
ciel pourri d’amertume
je m’égratigne au givre à la couleur des
choses
au temps malade au jour défait de peine
absurde
je m’égratgine
au plus charmant visage
au vide
qui nous cerne d’absence
je m’égratigne aux yeux du pauvre au ciel
hagard
au soleil noir de cendre aux larmes du
mendiant
à la fraicheur du songe en voie d’être un
visage
aux arbres nus de froid du ciel en
transhumance
je m’égratigne au soir qui saigne en la
mémoire
quand je parcours
de ma stridence claire
la nuit la grand nuit coupable
où l’on hurle à la mort
mais je m’invente
humain
jour aprés jour fertile au soleil noir de
sang
tant pis
si la couleur est morte aux vitres de la
haine
si nous ne trouvons plus de pierre où nous
cacher
des ombres sacrilèges
tant pis
un homme avance
douceur face au couteau du gel
clarté
en armes
prête à nourrir d’éclat la vieille nuit
acarpe
où nous clamons
fierté de l’âme qui s’enchante
au vivre intense
où le printemps secret
nous lave des ordures froides
et des craintes sans nom que nous légua
l’hiver
un homme avance
jour aprés jour fertile au soleil noir de
sang
il parle
sa main noue les étoiles
il s’attache aux oiseaux à la couleur des
choses
au
cri de l’aube en croix
qui brave en la verdure où la douceur
s’apprend
la main du tortinnaire triste
au
jour aveugle
un homme avance
sa main guérit du crime
et plonge en nous sa joie au long cri deciel
bleu
on s’interroge
sur nos saisons de
lune atroce
sur nos dahlias de
neige en armes
sur nos
visages
où l’ombre saigne
sur notre espoir
sur nos vendanges
on s’interroge
où sont les jours de
la jeunesse
où nos pressions la
grappe mûre
de notre coeur de
vigne en fête
on s’interroge
où sont les jours de
feinte noce
où nous buvions sans fin le vin bleu des
étoiles
sans crainte du ciel noir qui nous hantait de
mort
97
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prononce terre
voici la glaise qui nous quitte
l’herbe qui danse en l’aube verte
dessous la cendre où nos martyrs
sont de la braise en la mémoire
la neige s’ouvre au nouveau songe
où le printemps plante son astre
jour aprés jour la nuit se farde
et meurt de vivre en l’aube frèle
j’oublie la pierre d’ombre intacte
que porte au cour mon frère pauvre
moi je m’en vais ronger l’étoile
dont je demeure l’âpre adepte
j’oublie la neige au soleil grave
où la mort place ses coquilles
pour nous brûler en haine atroce
pour nous frapper en plein visage
j’oublie la mort qui nous entoure
où l’oeuf pourri de la vengeance
pue dans la nuit au sang fertile
malgré l’espoir qui rêve à l’aube
j’oublie la pierre où je m’ennuie
ombre au soelil putride et blème
je ne peux luire en ce désordre
où l’enfant pleure une aube mûre
j’oublie la nuit qui me couronne
des ronces de son crime ignoble
à l’heure grise où l’aube sonne
contre la vitre au gel strident
j’oublie la crasse et la vermine
l’oubli de vivre contre l’ombre
la peur de luire dans leur ville
face au malheur sombre le songe
j’oublie quel astre est ce visage
qui vient de loin nourrir l’extase
baignée de lune o vierge extase
dans ma poitrine un enfant pleure
j’oublie la mort qui nous traverse
de soleil triste et froid la mort
qui porte un nom d’oubli la mort
la grande fleur anthripophage
prononce terre
douleur au soir rongé de rouille
terre au soleil en sang malheur
sur toute fleur qui nous répète
sur toute danse où notre ancêtre
nomme un visage à fleur de source
nomme une étoile qui nous hante
au clair de lune où les sorcières
nous ont promis la terre entière
ô nuit de cendre et d’épouvante
l’ oiseau strident de la clairière
traque la peur qui nous submerge
la porte vierge s’ouvre à l’aube
il fait un temps de neige absurde
vitre envahie denuit mortelle
qui ne reflête en rien les êtres
je dors pesant de nuit fertile
nous irons vivre au lieu d’espoir
un jour d’épreuve et d’amertume
au soleil grave où l’arbre dense
connait la joie qui nous habite
il fait un temps de crime un temps
à fuir ensemble dans la pierre
où la pluie noire troue le corps
et nous transperce d’amertume
entrons dans la pierre interdite
fuyons la mort dessous la terre
fuyons le jour sans pain le jour
qui nous égorge en pleine ville
cachons nous vite dans la pierre
le temps est noir comme la peste
qui rôde autour de nos repaires
où la soif brûle les poitrines
affres de l’ombre sur les places
danse macabre au soleil jaune
la neige hirsute est sans visage
plus de maisons ni de frontière
il fait un temps de nuit marâtre
mais dans la pierre sans fenêtres
notre espérance veille en l’ombre
où nous gardons l’étoile grave
prononce vivre
quel est ce vivre qui nous saigne
et nous assigne un lieu de terre
où notre espoir ferme la bouche
et meurt de soif dans sa cellule
quel est ce vivre au sang violent
où notre enfance est sans visage
au grand miroir où l’âge en sang
apaise en nous le vent de sable
ce sable dans ma gorge éteinte
mord la chanson qui nous habite
à l’heure grise où l’on se tait
grand ciel fermé comme un visage
l’espoir qui n’a pas eu chance
traine sans fin sa morne étoile
dans sa prison de neige absurde
fontaine où vont nos tourterelles
boire à l’envie le goût de vivre
garde le songe ancien le songe
où je m’éteins pour luire à l’aube
la fleur qui fend la pierre d’ombre
scintille et neige en la grisaille
où l’herbe chante sous les ruines
le temps de vivre hors de la haine
dans mon corps coule une eau glacée
la fleur nocturne qui nous hante
glisse outre peine et long silence
le froid de vivre est sans visage
ô nuit chanvre d’oubli morose
couleur d’absence au goût de fer
l’ombre s’écrase en notre danse
l’aube scintille en notre espoir
quel beau miroir que l’aube mûre
où notre enfance au goût d’armoise
chantait sereine au soleil grave
malgré l’automne au ciel en fuite
douleur de vigne au ciel en cendre
l’automne triste aux mains de sang
porte l’amour dans sa complainte
où l’oiseau joue sa chance frêle
prononce vivre
pas aucune ombre où je ne vibre
contre l’ordure à face humaine
pas de printemps où je ne saigne
d’être un silence face au crime
pas aucune ombre où je n’invente
contre la haine qui m’exploite
un beau silence où la joie brûle
l’oiseau maudit de nos défaites
nous avançons vers la lumière
où nous lisons tendresse d’algue
qui nous appelle hors du miroir
où notre enfance est sans visage
vers la douceur qui nous prolonge
un arbre tend ses bras d’espoir
mais quel soleil de mort brutale
troue notre danse au ciel en fête
tous les chemins truqués de haine
se sont perdus sans la compagne
au temps joyeux des grenaisons
ah qu’avons nous à vivre d’ombre
dans la campagne où les fantômes
se sont brouillés au clair de lune
secret comme étoiles en transe
un homme veille sous la cendre
terre étrange où je meurs silence
loin des oiseaux de l’aube verte
un arbre ouvre en la nuit un songe
le temps de vivre est sans parole
mais nous tissons de fibre ardente
un chant de neige tendre un chant
outre frontière et mort jeunesse
où nous parlons hors du mensonge
ah terre où nous parlons de vivre
ouvre en la pierre d’ombre un ciel
où nous pourrons luire à notre aise
prononçons terre à vivre
demain
98
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dans l’âpre lumière
où la nuit se farde
pour plaire au matin
branché sur la mort
au seuil du silence
où la soleil grave
nous attend à l’aube
qui brouille l’espace
il peut naitre humain
en l’arche d’alliance
l’oiseau du silence
qui garde nos larmes
le printemps verdoie
et nous cerne d’ombre
pleurons les oiseaux
l’amandier respire
l’herbe sous la neige
saigne sur la pierre
où la mort nocturne
nous blesse au visage
dans la fleur du sang
où la nuit scintille
au lieu de feuillage
où sont les oiseaux
mort pourrie de larmes
veille sous la pierre
dans l’oubli sans fin
où sont nos racines
lieu de mort subtile
où l’aumône est simple
l’hostie merveilleuse
saigne sur le seuil
entrez dans la pierre
où le soleil saigne
entrez sous la terre
où sont les oiseaux
grignotez la rouille
mangez vos cadavres
l’effroi guette l’aube
que la mort suscite
clarté d’arbre libre
où j’oublie de vivre
pour luire en secret
en la pierre d’ombre
grande neige hostile
où l’ombre s’effrite
en l’instant fertile
qui garde en l’étoile
pouvoir de printemps
où la source éclaire
l’arbre nu qui veille
l’oiseau que je nomme
lieu de mort confuse
où la nuit nous dicte
son cri de sel blan
contre l’ombre infâme
l’oiseau pris ai piège
s’éteint dans la pierre
qui broie notre espoir
de tendresse en gerbes
la nuit feint de luire
pour tromper l’enfant
qui joue sa tendresse
contre l’ombre infâme
je veille en la pierre
où mon coeur surprend
l’aigle et la gazelle
l’éclair et la poudre
je veille en la pierre
pour un plus haut vivre
pour un jour plus dense
l’espoir nous protège
connaissez vous l’ombre
d’être un cri de haine
où l’on cest plus rien
dans l’arche d’alliance
connaissez vous l’ombre
où l’ancêtre en armes
pleure dans la source
où boivent les goules
connaissez vous l’ombre
d’être un ciel en peine
source d’ombre infecte
où pleure un fantôme
nous savons que l’ombre
est un spectre hirsute
qui nous quitte à l’aube
sous l’arche d’alliance
99 -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
j’ai failli sans raison me perdre dans la
foule
dans l’étang du silence où nulle algue ne
germe
tracer ma mort comme un secret
aller
aux ronces de l’étrange
à l’ombre sans pardon creusant l’espoir
commun
j’ai failli sans raison me perdre dans la
foule
travailleurs de la terre ouvriers sans
chemins
hommes au chant lucide
au
long secret de pierre
nous sommes les rêveurs diurnes
les oiseaux prisonniers du mal de ne pas
vivre
en la claire altitude
trouons la nuit
brutale
trouons la mort
infecte
vivons
le soleil reste à boire
nous tracerons sur terre
notre splendeur future au grand soleil
humain
et vous
ne croyez pas les fous les endormeurs
publics
aimez le jour
que nulle nuit n’entache
aimez la pierre
qui pleure de souffrance
quand voud dansez parfois leur danse
sacrilège
au son de leur musique fausse
pensez un peu à vous
cherchez
trouvez musique et danse
laissez les au malheur
la joie
la joie vous dicte par ma bouche
ses nostalgies
charge d’eau vive et d’étincelles
sa nuit de femme en proie au cri brutal de
l’être
sa chanson mûre en proie au dernier cri de
source
la joie
la joie vous dicte par ma bouche
que toute peine est un cercueil
100
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si vous saviez
que vous pourriez un jour
franchir la fausse énigme
du grand miroir sans tain qui happe votre
image
à l’heure triste et noire où vous passez le
pont
si vous saviez
que vous pourriez un jour dans un éclair de
sang
brûler la mort et ses fantômes
la mort sournoise qui vous hante
sous couleur de chagrin de sable et de
mensonge
herbe sèche et ciel noir
neige au soleil en ruine
pierre triste où je luis contre haine et
servage
si vous saviez
ce que vous pourriez être un jour
flamme au regard en fête offrete comme un fruit
couleur claire où l’espoir nomme l’amour
humain
comme une fleur possible
éparse
en
l’attraction de l’aube
si vous saviez que vivre
nomme l’azur qui veille au lieu de source
claire
l’azur
qui vous répète au jour douceur gnoflée de
sêve
joie de franchir la mort
la
peur
la
nuit des subterfuges
ombre et mystère atroce
d’être un fantôme en vie dans la ville en
rumeur
d’être un siècle de sang où l’on tue votre
espoir
un spectre que l’on fuit
si vous saviez que vivre embrase en nous le
temps
comme un soir de supplice
qui vous engage
à luire
si vous saviez
ce que chaque printemps condamne en nous de
mort
vous viendriez vers moi du bouge où l’on
outrage
au noir minuit
la fleur de l’être libre au clair soleil de
l’âge
vous viendriez vers moi du ciel gardé de
rouille
du noir minuit de pierre
où l’on vous tue
de haine
vous songeriez peut être
au ciel blème où je dors dans la nuit sans
rivage
au cri de source éteinte
dans la prairie en
peine
au verger gris de cendre où nous errions sans
âge
vous aimeriez
le chant
de la clémence où l’ombre ouvre au soleil ses
bras
le bruit de foule en crue que notre herbe
secrète
hisse au soleil en croix du plus haute vivre
humain
vous aimeriez mon temple
neige noire où je veille
contre leur loi de nains
contre la pluie de honte
l’amour
sans sépulture
et les chansons du crime où l’on se perd sans
être
mais vous ne savez rien
détournez vous du siècle où vous n’avez que
faire
et prenez pied sur terre au lieu ferme où
naguère
l’ancêtre au soleil ivre
planta
sa nuit de pierre
sa force d’arbre
sa joie criblée d’étoiles
101 -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
venez
de tous les coins du jour
rendre sourire aux lèvres
feindre couleur et grâce
je suis astre en déroute
venez
j’attends de vous la joie
le pain blanc de l’espoir
j’attends de vous l’amour
au soir bleu de silence
venez
ouvrez le livre d’ombre
où nous yeux sont entrés
prendre couleur au rêve
n’oubliez que la haine
venez
mes yeux las de vos yeux
ces trous de mort totale
se font cris de foontaine
où je parle aux oiseaux
venez
ma guitare est en deuil
en marche dans un corps
pris au piège où l’amour
prend visage en l’espoir
venez
j’ai peine à vivre peine
peine à mourir de haine
je meurs fous d’amertume
car je meurs sans visage
venez
la mort qui stagne amère
au coeur des grenaisons
brûle en nous un espoir
au chant clair de faucille
102 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
l’eau verte du silence
un oiseau fait la fête
un enfant nous répète
au ciel d’écume intense
je tiens tête au silence
et vous parle sans dire
quel chamin me traverse
au grand matin de neige
prenez mon sang hirsute
prenez ma force altière
je m’enfante dans l’herbe
au soir bleu d’amertume
103
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
à cause
de la chair de nos blés de notre espoir
concret
de la candeur qui joue dans la rue de
l’enfance
de la douceur qui fuit le jardin noir du
maitre
on nous à fait
violence
à cause
du voeu de vivre humain qui sarcle de main
pure
les chardons que la nuit aux neiges
transparentes
entasse dans la ville où nous tressions nos
lois
on nous à fait
violence
à cause
des vergers de nos mains des arbres du
printemps
de la chanson de pluie où nous dormions
sereins
dans l’instant du poème éclair durale et
tendre
on nous à fait
violence
à cause
de notre chance d’être entre l’ocre et
l’azur
un lieu de grande fête où nous étions
l’amour
face à la nuit mortelle au signe de
tristesse
on nous a fait
violence
à cause
de l’herbe qui grimpait à l’assaut du
désert
de la joie de felurir dans l’instant
vertical
nourrir de printemps pur les orphelins de
l’aube
on nous a fait
violence
à cause
de notre juste enfance aux chaudes
cohérences
de notre taille humaine à l’horizon du
vivre
où nous voulons gagner la terre à notre
cause
on nous a fait
violence
à cause
des perles de tendresse dans les yeux en
fête
des stances de lumière où nous fûmes
l’amour
de la fleur nue vibre dans le cri de
l’aube
on nous a fait
violence
à cause
de la frairie constante où l’herbe se
défend
d’être un songe mortel un piège de gel
noir
fraicheur anthropophage et subterfuge
d’ombre
on nous a fait
violence
à cause
de la nuit transgressée par la vaillance
pure
de nos matins de neige et de printemps
subtil
âme ouverte au soleil des steppes
intérieures
on nous a fait
violence
à cause
de la lumière en fête où nous goûtions au
songe
d’être un verger humain au creux de l’aube
verte
tendresse imputrescible où l’oiseau nous
répète
on nous a fait
violence
à cause
de la splendeur future où nous aurons le
temps
d’être puissance d’aigle en la hauteur
sereine
toute frontière éteinte en la joie
prolétaire
on nous a fait
violence
à cause
de notre vieux silence aux branches
éloquentes
écorce où notre frère avait planté son
signe
comme un éclair brutal dans la caverne
atroce
on nousa fait
violence
à cause
de ce que nous disions sous les larmes du
saule
aux hommes sans pouvoirrongés de nuit
secrête
au temps où nous vivions outre lumière et
mort
on nous a fait
violence
on nous a fait
violence
parce que nous étions les orphelins de
l’aube
la lumière intangible où la tendresse
exulte
parce que nous étions ancrés dans
l’équilibre
que la douceur ornait de neige et de
verdure
parce que dans la pierre où le soleil
explose
nous étions la présence et la larme
nocturne
parce que nous étions un printemps sans
rivage
au long des jours brûlés de neige
nostalgique
parce que nous étions des millions de
fenêtres
et des millions de seuils en l’altitude
claire
parce que notre sang nous parlait de
merveille
où vivre était l’amour aux danses
miroitantes
parce que nous aimions dans la hauteur du
soir
nommer l’étoile éteinte qui nous hante
encore
parce que nous vivions hors de la nuit
coupable
d’écorcer le printemps sur les places
publiques
on nous a fait
violence
par la faim et la soif par la misère en
loques
par la mort sans écho de nos meilleurs
visages
par la ronce nocturne où nous errions sans
âge
hors de nos lois de sel et de juste
espérance
hors du travail vivant pourri de boue
étrange
où notre étoile en sang mordue de peste
noire
était triste à mourir ay creux de notre
deuil
parmi l’espoir commun qui surmontait la
mort
pour imposer sa gloire
arbre
au soleil humain
sur toute terre
où vivre est cet oiseau serein
qui niefrontière d’ombre et lumière en
prison
et rayonne en nos mains
éclair
face au fusil du
maitre
qui tentait de cloitrer notre pourpre
étincelle
dans la tourbe des jours vécus dessous la
peur
sous la cendre des lois
ô nuit
de fer atroce
où nous fûmes l’éclair qui affûtait les
songes
où nous fûmes de gloire
arbre au soleil
humain
sur toute terre
au temps des grenaisons subtiles
où vivre est cet oiseau qui nous répète
enfants
au soir pris de violence
enfants
aube
mûre en la fange
douce chanson de pluie dans les vergers
futurs
brisure
entre servage et gloire
au lieu de toute chance où vivre est ce
visage
qui hante en nous
l’éclat
de la blondeur des blés enfin sûrs du
supplice
et maintenant
chair brûlée de lumière
arbre au chemin de sang
zénith
au soleil juste
instance d’être un âtre au milieu de la
steppe
et grande nuit mortelle où la tristesse
écoute
grandir hors de la mort les moissons de
demain
voici que nous partons vers la dernière
épreuve
terre où l’oiseau serein de notre sage
enfance
conte au soleil en peine ce qui viendra
demain
nous consoler du crime au plus haut de la
fête
voici que nous passons la nuit
à nous parler d’étoiles
à
nous cribler de fêtes
à luire
terre au soleil martyr face à la nuit
marâtre
espoir en sang
qui vous cravache l’âme et reconnait les
siens
épars
dessous la cendre morte en leur minuit
funèbre
voici la terre en crue l’herbe prouve sa force
et la douceur s’incarne en l’éclat du
supplice
saigne jésus sur terre où la lumière est
noire
la source pleure en vain le jour absent du
jour
l’astre défunt
lumière encore en acte dans la nuit de
fonte
où le silence est crime en l’adieu de
l’aurore
ô sang de nos martyrs
rose éclose en la nuit qui nous creuse le
corps
parle
brûle l’herbe d’oubli qui nous peuple de
mort
brûle la nuit confuse
refuse
d’être un silence triste
objet de peine hirsute au lieu de l’aube
verte
refuse
le piège d’ombre et la prébende
refuse
d’être une chose
au bazar du vieux monde
refuse
d’être un outil de
mort
un oui docile
que l’on extirpe au jour
pour justifier la haine orner la dent du
crime
réduire l’herbe où la tendresse
clame l’amour fécond
l’amour
qui trace dans la nuit brutale
le signe grave
qui brusque en notre sang la peur
où l’on hiverne au long de l’âge
ô sang de nos martyrs
rose éclose en la nuit qui nous creuse le
corps
parle
la nuit se tait à notre approche
la braise veille dans la pierre
et sous la cendre où notre étoile
garde la fleur au sang fertile
un nouveau jour se fait chemin dans notre
amour
un nouveau jour consume l’ombre et nous
exalte
l’écho du dire atroce
frémit de joie liquide
l’arbre éloquent respire
et parle enfin de l’aube
l’oiseau nous compromet
stridence dans l’azur
je nomme un beau visage
il questionne son ombre
je nomme un ciel ardent
il exulte au printemps
l’azur explore l’ombre
la nuit quitte nos yeux
j’ouvre mon livre humain aux pages
d’espérance
et je rencontre un astre au transparent
silence
et je renconte en place homme pauvre à
l’encan
mon frère au coeur pesant dessous la cendre
morte
j’ouvre mon livre humain aux pages de
tendresse
et nulle ombre n’étreint l’azur au grand
silence
qui nous peuple d’amour et nargue les
rapaces
que l’arbre sans chemin délivre en notre
espace
plus rien ne nous défait d’herbe sèche et
d’ennui
plus rien ne souille plus nos yeux plus de
mensonge
nous venons de trés loin la mort nous est
étrange
et nous savons par coeur ce qui nous reste à
vivre
dépasser l’ombre inscrite au front du
mercenaire
brûler la nuit marâtre aux ronces de gel
noir
brûler chardons du crime atroce et toute
haine
où vivre est sans visage en l’étang du ciel
vide
ce qui nous reste à vivre oublie la mort
brutale
et glane dans la neige en sang
en
fête
la senteur du
printemps
qui rue dans notre ville où la splendeur
future
sauve les yeux où l’astre songe
luire en la fleur sauvage
à fleur de source
gagner
le plus beau ciel humain
moi je m’en vais là bas dans la clairière
verte
rejoindre mon semblable
dans la mémoire
enceinte
au lieu de terre grave où sont couchés les miens.