Cher Monsieur,
un
grand bonjour tenace comme l'olivier de tous les coins du monde où la paix
n'est pas un leurre mais un fruit de chair d'os et de sang vivant qui veille
dans la vie de tous et parle d'être - A vous , la quatrième partie
de " Sous peine de mort " j'ai perdu beaucoup de
temps à corriger la
dactylographie du texte et ne puis taire une certaine anxiété à l'idée
que
quelque faute de frappe n'ai
échappé à ce que j'appelle du nom pompeux de vigilance.
Je
vous dis bon courage dans l'attente des deux autres parties de ce
recueil.
Merci
d'avance de ce que vous faites pour m'extirper de ma gangue d'oubli,du
complot
de silence que l'on organisa
autour de ma parole
-
Je
vous dis A bientôt .
messaour boulanouar -
51
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*
en nous
au creux de
l’être
en nous
blessés de vivre
en nous
le froid la peur les ongles de la haine
les oiseaux de la nuit l’eau stagnante des
rêves
l’amour vaincu de neige absurde
le temps ruiné par les crapules
le ciel avare l’astre en fuite
en nous
martyrs
mangés d’oubli et d’herbe sèche
rongés de lèpre et de mensonge
en proie au doute
au
vent qui hurle en la mémoire
au
jour malade
en nous
boueux
brulés de givre et de feu
triste
marqués
de troubles tentations de mort et de ciel noir
de mêmes peurs en
fuite vers la même source
où luit le chant humain de notre juste
espoir
qui porte
la même pierre au cou
la même meule
la même empreinte d’ombre et de mystère
aveugle
en nous
rangés au pied du mur face au fusil du
maitre
bercés
du même songe aveugle
où
sont passés
nos frères pris de froid dans la cendre de
l’aube
en nous
au plus bas de l’horreur où
l’ange pleure
d’être un morceau de lèpre aux portes des
tyrans
d’être une âme en danger masquée de nuit
cruelle
en nous
ivres de vivre au flanc du siècle en croix
les ronces de la nuit qui râle
et l’âme froide en croix
qui embrasse un fantôme au seuil blanc de
l’exil
*
en nous
vergers
brûlés terreur où nul ne passe
désastre au front de suie terre usurpée de nains
surpris de nuit démente
refus clair de mourir dans la brume
étrangère
peur de morir en marge
hors de la vigne claire
qui naitra de nos
mains
en nous
la soif hiruste et blême
le sable dans la gorge et la haine en
partage
douleur d’être une pierre morte
l’étoile
nous reste à vivre
au jour
où
la mer ne vient plus
chanter jeunesse
sur nos plages
*
fleur pétriffiée
le dire
en nous est sans parole
le dire est une larme en nous glacés
d’effroi
la nuit reste la nuit qui neige en la
mémoire
et l’oiseau tait le chant qui annonce
l’espoir
*
pourtant frileuse
en nous la branche de
l'espoir
est froide
le râle
est un éclair de sang qui nous prononce
libres
humains
faibles fourmis menacés d’ombre et de
vertige
alors que nous marchons
vers notre joie de neige
là bas
où règne sur la terre
enfin
l’amour qui nous annonce
chanson d’étoile libre au plus secret des
roses
52 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
*
juste une étoile
juste un sourire
juste une fleur dans le printemps
un oiseau clair
et l’aube éveille en nous sa rose
et nous montons
frontière au coeur mangé de nuit et de
lumière
siècle triste au ciel noir en proie à l’espérance
patience face au froid des êtres sans
courage
et nous dansons dans notre vigne
nous disons notre force à l’herbe
au ciel étroit
à la nuit bleue de cendre où patauge un
soldat
nous disons notre amour aux lèvres
printanières
au bruit de l’aube exacte qui réveille en
nous
les gestes de la danse et les branches d’air
pur
qui vont fleurir demain sous les astres en joie
juste une étoile
juste un sourire
juste une fleur dans la mémoire
et nous cessons
d’être la proie des chiens de la démence atroce
d’être poussière et cendre et lumière
enfermée
dans les cages de givre où les nains font la loi
aux aigles roux des altitudes
juste une étoile
et nous cessons d’être de l’ombre
et nous sortons de nos coquilles
et nous chantons
la neige en fête au grand vertige
soleil
la danse allègre et ses méandres
et le printemps où l’on se parle d’herbe tendre
malgré
les spectres du mystère
les neiges de l’absence et le baiser du
traitre
les yeux de l’orphelin qui ne sait plus
pleurer
les bars gorgés de noctambules
la fin de mois honteuse
les burnous déchirés par les chiens du
malheur
et nous chantons
minuit qui se révolte à tous les coins du
monde
où l’on se prend
à
croire
aux merveilles de
vivre
à toutes les
promesses
que nous font les oiseaux
*
juste une étoile
juste un sourire
et tous les liens de mort de défont sous nos
pas
53 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
là bas
entre
l’ocre et l’azur il est un lieu de
neige
où mon enfance en crue inventait des prodiges
et chantait dans la pierre
là bas
où nous étions
cri de sève et de sang
un cri de candeur nue qui cravachait les
ombres
là bas
au creux du
jour
dans le sang des oiseaux crucifiés de ciel noir
sous la houle endeuillée des astres pris de
peur
un homme triste veille et chante sous la
cendre
le temps d’aimer
ce
temps qui ne vient pas encore
se dire dans les yeux des hommes pris de
haine
exploités de nuit fauve
surpris de neige
impure
tondus
lassés d’horreur vécue
sans verbe à dire
sans geste et sans parole et sans autre
espérance
que pain du jour et pauvre joie mortelle à
vivre
quand passe le troupeau des gens bleu de
fatigue
là bas
dans la grisaille atroce
un homme veille
et pourrait luire humain au front de notre
espoir
face aux gestes de nains qui font de son visage
un cri
un vaste éclair de sang qui défait le
silence
un homme veille
et l’oiseau fait son nid dans sa main
fraternelle
et sa lumière oriente l’ombre
et nous ouvre au soleil et ronge l’herbe
noire
qui ferme nos chemins de pierre et de vengeance
et nous laisse sans terre et sans patrie
humaine
bloqués
dans un hiver hiruste
qui nous cache à jamais dans la nuit du
chagrin
nos yeux de vigilence astrale
un homme veille triste et chante sous la
cendre
le temps d’être un visage au pouvoir de
printemps
54
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j’ai vu
la neige moribonde
devenir de la boue
et le soleil
mourir de grande mort sinistre
au bas du ciel sanglant
j’ai vu
un ange dans la nuit
prolonger sa candeur
mais au réveil
mon ange était boueux et triste
et mon soleil
du sang humain versé pour rien
depuis
je ne crois plus à la candeur des
anges
et j’ai horreur du sang qui se mèle à la
boue
alors
à mon rencontre sont venus les chiens les
haines
et je connus les saisons dures
54
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chante chante
cascade un homme au chemin clair
prend à témoin la vie et roule fleuve en
crue
arbre fleur et racine aux saveurs de
printemps
chante chante cascade au creux de mon
enfance
autour de nous
la
vie
commence come un
rire
preuve pure où la loi est une horloge
simple
qui mesure un bonheur au bruit de toute
peine
et fleurit un silence au lieu de toute
gloire
chante chante cascade un homme au chemin clair
recommence à comprendre
notre immense amertume
et notre haine
de toute injure faite à l’homme
un homme est parmi nous désormais notre
frère
comme un matin de feu
qui approche sur terre à sa place au jour
blanc
et parmi nous
se lève
pour reprocher au monde aveugle et
silencieux
son oubli de la chair
meurtrie
rongée
blessée
brimée de mort
sans feu sans pain sans rire
perdue
trompée dans son espoir
rouée
de mort cruelle et
bleue
pourrie
de sale guerre
de honte ignoble et de raison malade
chante chante cascade au creux de mon
enfance
un homme au chamin clair pénètre en ma
maison
56
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pouvoir un jour
sortir de
l’ombre et de la pierre
renaitre
au
bruit de l’eau au chant de la cascade
au songe du feuillage à la fraicheur de
vivre
nourir mon chant
ma
vie entière
de la douceur de l’astre et de tes yeux mon
frère
grandir
arbre au soleil parfait aux branches
éloquantes
et garder dans mes yeux troublés de nuit
malade
les fleurs et les oiseaux
les neiges de l’enfance et le pouvoir de
l’herbe
et retourner au monde de la chair qui
saigne
dans nos étroites rues de pierre et
d’épouvante
le coeur nouveau
*
un rien me brouille avec le monde
un rien me tue
mais je reste de pierre
parmi les catastrophes où je perds mon
chemin
*
le jour où nous mourrons nous aurons le
regret
d’être passés prés de la source
sans boire de son eau dans la paume des
mains
nous aurons ce regret de nous être
endormis
sans voir le jour
surprendre dans nos yeux la merveille de
vivre
car nous mourrons
de mort humaine
de mort sereine
de mort
plus juste que le vivre des monstres de ce
temps
où la médaille
est signe d’infâmiesecrête
mais nous aurons gagné
gagné notre plus haute image
choisir sa vie
choisir sa mort
gagner
*
le temps viendra
où nous serons la fleur éclose
la
mer vivante
la
forêt claire
le temps viendra
où nul homme sur terre ne pourra
dire
j’ai mal
de ne pas vivre à ma mesure
j’ai mal de ne pouvoir parler de fleur
éclose
de mer vivante
de soleil simple
j’ai mal de ne pouvoir chanter la vie que j’aime
l’espoir
en acte
demain qui monte
j’ai mal du cri et du silence
ce temps viendra
libre à vous de ne croire que vos mornes
chimères
ce temps viendra
à vous de proclamer son règne
à vous de mettre en oeuvre ce nouveau
langage
à vous
ce temps que nous rêvons
depuis le premier cri de l’âge
*
un crime
dans la blancheur du jour à l’heure du
silence
un crime
à l’heure claire des cigales
un crime
dans un monde inhumain à l’herbe sans
chemin
dans un cachot sinistre à l’heure des
tortures
minuit en reste à
jamais noir de honte
à
jamais noir et sans étoiles
un crime
en plein coeur de l’été
à l’heure blonde des moissons
les moissonneurs ont fuit leur faucille à la
main
et derrière eux
le blé brûlait dans la fumée d’un ordre
aveugle
un crime
à l’heure grise
des représailles
dans un printemps fou de s’aimer dans la
verdure
dans un printemps fou de lui même
un crime par un soir sanglant
sanglant et triste
un soir
violent et beau comme la vie
un crime
dans la douceur d’un vaste automne
la vigne était en larmes
un crime
aux yeux de l’enfant grave
qui n’a plus de regard
pour la fausse innocence des jardins de
l’homme
un crime
on a commis un crime
et nul ne s’est lancé au travers de la
honte
qui lui mangeait les yeux le coeur
la bouche et la parole
58
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*
mon pays est partout où l’homme se
redresse
pour dire non
au malheur
quotidien
pour dire non
aux ruses de la
haine
aux
chances que la nuit espère
trouver dans notre vie
mon pays est partout
où l’on
refuse
d’être une pierre
face au crime
où l’on refuse de
mourir pour rien
mon pays est partout
où l’on refuse de
courber l’échine
pour passer sous le joug des sinistres
crapules
de ceux
qui vivent de la honte
dont on écrase l’homme
de ceux
qui n’ont plus rien à faire
sinon durer
pour que dure leur règne
pour que dure leur crime
pour que dure la haine
leur règne sur les autres
les
autres
ceux
dont
la lumière est étranglée
au coin de chaque rue
ceux
dont la peau est trouée
ceux
dont le songe humilié est sans cesse
détruit
ceux
qui sont toujours en marge
mais qui sauront trouver leur chance sur la
terre
pour en tirer
merveille sur merveille et merveille de
printemps
mon pays est partout où la mort ne prend
pas
mon pays est immense il agrandit le monde
et toutes les raisons de vivre
et toutes les raisons de transformer les
jungles
en maisons habitables
mon pays est partout un refuge chemin de soleil
pour qui cherche à survivre au vieux pouvoir des nains
des hommes sans raison
des hommes sans espoir
contre la nuit des assassins
gradés
bridés
bardés de vieux mépris
brodés
et
chamarrés
sans nulle autre espérance que le sang des
hommes
sans espérance que la guerre
la mort en fleur de suie
les assassins de toute taille les fauteurs
de troubles
la joie des fous
les ennemis de tous les hommes
mon pays est partout comme un drapeau
nouveau
portant lumière
à
tous les opprimés
les accablés
les insurgés
mon pays est partout portant lumière au monde
drapeau nouveau
lumière sans frontière
clarté qui nous habite et nous porte sans
cesse
au plus haut de nous même
au plus profond des peurs des mornes
lassitudes
mon pays est en moi comme un refain
nouveau
comme une danse claire
comme une fête antique
soleil humain gravé au coeur de tous les pauvres
mon pays est en vous
son ciel et ses rivages
son sable et ses chansons sa lumière et sa
voie
sont en vous
vous les nommez
justice
vous les nommez
honneur travail chanson de joie
vous les nommez
de tous les noms que vous aimez
mon pays vous traverse
aux heures de fatigue étrange
mon pays vous traverse
aux heures d’espérance
mon pays reste humain
lisez son nom
sur
tous les murs où la jeunesse nue
chante la joie du monde
lisez son nom
quand le peuple descend dans les rues de la
ville
quand la terre secoue ses moissons de
tristesse
lisez son nom
quand se serrer la main ne fait plus mal au
coeur
quand se donner la main multiplie nos
couleurs
se multiplie sous terre
quand la grève aboutit au chant des
travailleurs
de tous les travailleurs du monde
lisez
chantez son
nom
découvrez mon pays à tous les coins du
monde
un jour
vous
saurez dire avec justesse
le poids humain de votre gloire
un jour
vous apprendrez mon jour et ma chanson
présente
car je veille à l'air libre
pour vous
qui
savez luire
car je suis prés de vous
malgré l’espace
et ce temps de bonheur qui ne vient pas
encore
puisque la nuit
leur nuit nous ferme
au jour qui chante
naissant de votre vieux courage
car nous veillons ensemble
chacun
dans
son printemps
chacun
dans sa saison
chacun
dans son pays
qui est toujours le mien
59
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longue nuit dans mes yeux privés de leurs
étoiles
longue nuit dans mes yeux privés de toute
enfance
minuit m’écrase atroce et mon coeur
désapprend
l’amour vaste et serein où grandissait ma
force
longue plaie en vos mains privées de vos
oranges
longue plaie dans ma chair ô chilis qu’on
égorge
printemps que le malheur exile
hors de son lieu
vers la brume étrangère et le mensonge en gloire
le couteau dans la gorge et la nuit aux
racines
j’écris
torture infecte où se dégrade l’homme
ce beau chasseur de perles
j'écris
minuit qui se prolonge en nous ses roses
noires
longue nuit que l' amour au jour de notre
jour fertile
qui dresse ses maisons et pousse ses
récoltes
puis s’amasse pour vivre face au maitre
ancien
qui change et multiplie ses ruses
et
nous ennuie
de ses manies cruelles
longue nuit en vos yeux privés de vos
légendes
rongés
de lépre absurde
martyrs
livrés aux croix de tous les noms
lune pâle où je meurs d’outrages sans
pardon
comme on mue de tristesse
comme on change de voix dans la perte
brutale
d’un visage innocent que l'on aime à
mourir
longue nuit mon amour nous changeons de
maison
nous
changeons de saison
nous
changeons de raison
comme on change d’amour et de raisons de
vivre
comme on change d’étoile au soir gris de la
vie
longue nuit dans vos yeux qui mourez
étrangers
loin du ciel qui vous aime et des vergers hautains
où vous avez grandis
ô mes arbres brûlés
amis barques en mer perdues loin de mon songe
je suis votre rivage en ce temps sans
rivage
je vous offre mon coeur je vous donne mes mains
je vous ouvre ma porte et je pleure avec
vous
les oliviers spoliés le miel des jours et les
oranges
nous partageons
le lourd fardeau de nuit que vous portez au
coeur
nous partageons
l’horreur et la fatigue d'être
et la chanson d’amour qui vous mène au soleil
et je vous dis
en clair
en doux
langage
en science
pure
ne croyez pas à l’ombre
ne croyez pas aux propagandes
au crime
qui nous cerne parfois de son herbe
mauvaise
qui tente de ternir en nous l’amour
possible
ternir nos yeux
les perles vives de nos yeux
ne croyez pas les monstres de ce jour
aveugle
mais croyez en leur mort
tant que
des hommes resteront couchés
au
creux des peurs
et des mauvais sentiers où l’homme perd son
nom
et des rues sans mémoire au vivre sans
lumière
tant que des fous casqué de mort
chanteront notre honte flanc du siècle
atroce
nous veillerons
tant que des fous vêtus de haine
insulteront notre être et nos gestes
d’enfance
brûlant nos blés et nos racines
pour instaurer de nuit leur fausse vie sur
terre
nous veillerons ensemble en toutes les
contrées
nous lutterons
pour toutes nos raisons de vivre
dans notre place et lieu sous notre humain
soleil
plus d’esclave en chemin et de jour
troglodyte
plus d’apatride au coeur mangé de joie
spoliée
mais sur toute la terre
un homme
un
beau visage
maitre à jamais serein de sa plus haute
image
60
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grand vent et bruit de vague à l’agonie du
jour
ô nuit torve et glacée
douleur sans sépulture
journée de faim branchée sur un espoir en fuite
amour pris de douleur en son plus haut
voltage
grand vent et bruit de vague à l’agonie du
jour
un peuple pleure en vain entre les mains du
crime
je pleure une aube morte aux confins de
l'espoir
aux confins de l' horreur
dans un désert de pierre
je pleure en la nuit froide où la chair se
déchire
au gel dément qui pleut sur nos maisons
d’argile
je pleure un jour perdu dans une brume
infecte
dans une ville étrange aux rues fermées de
neige
dans une impasse odieuse
enfance
au ciel chagrin
neige au printemps martyr ô rue barrée de
mort
enfance vieille enfance aube au secret
langage
horreur de toute haine où nos yeux sont
blessés
enfance vieille enfance où je glane en
passant
l’espoir rongé de rouille
l’étoile rouge au front frappé par la
matraque
visage
où pleure un moi
étrange
peut être un ancien moi qui me remonte au
coeur
souffrir de peur
de
nuit
de
haine et de révolte
souffrir d’être la plaie qui nourrit les
vautours
l’amour qui se peuple de
ronces
l’oubli
de
sa propre lumière
souffrir d’être un visage où pleure un autre
moi
sous l’écorce de honte
là
bas
où
je pleure en silence
comme une vague au loin peut se taire à
jamais
*
grand vent et bruitde vague à l’agonie du
jour
un peuple âgé de pyramides
oublie le chant de son enfance et tue son
fleuve
oublie toute altitude et meurt pris dans la
boue
troque la vie
la
joie
contre la mort de ses momies
ô jour de peine obscure
ô deuil
un peuple oublie son jour ancien et
s’abandonne
entre les mains du traitre qui
ordonne
au
chant
d’être silence et pierre
au
temps
d’être honte et torture
au
siècle
d’être cendre et malheur
au
sang
d’être ordure et douleur
un traitre qui ordonne au peuple
d’être au bazar
sa
marchandise
et place son portrait de singe
dans la maison et dans l’usine
dans la prison et sur la place
enfance vieille enfance un peuple pleure en
nous
son fleuve qui sommeille et son astre en
prison
grand vent et bruit de vague à l’agonie du
jour
ailleurs
un autre peuple
saigne et se bat parmi sa vigne et ses
oranges
un autre peuple
garde son arme et son courage
et tue le crime ouvert dans sa maison de
pauvre
la nuit nazie plantée dans ses jardins
rouillés
comme on tue un reptile
un peuple éveille son enfance
un peuple éveille
son grave ancêtre
un peuple égorge l’ombre et s’invente un
refuge
où son enfance veille come un chant de
source
enfance
où vivre est un sépulcre
enfance
où vivre est une aurore
face à l’horreur nazie qui croupit sur sa
terre
l’horreur qui se lamente au pied du mur
antique
et garde sur les mains le sang de nos
martyrs
Rome est debout bardée de fer
on brûle au jour
la
croix où l’homme est une aurore
*
grand vent et bruit de vague à l’agonie du
jour
ailleurs
un
autre peuple
avance
au coeur du temps féroce
et brûle
toutes les croix où sa lumière
trembla de mort au dernier jour
ailleurs
ailleurs encore
grand vent et bruit de vague à l’agonie du
jour
des gens de peu des gens de rien
des hommes sûrs de leurs visage
que leur peuple a chanté devant la fuite
ignoble
des tyrans pris de mort dans le bruit de la
fête
ô chansons de lumière
grand vent et bruit de vague à l’agonie du
jour
une ile avance
une ile est libre de ses danses
de jour en jour un peuple explose
de terre en terre un homme accède à son
visage
de rêve en rêve
un
jour invente un nouveau jour
nous ne sommes plus seuls
à dire
notre
lumière au monde
nous ne sommes plus seuls
un homme avance et nous vibrons
au seul passage de son spectre
un homme avance
la nuit recule à son approche et nous
chantons
grand vent et bruit de vague à l’agonie du
jour
les damnés de la terre en proie aux
exploiteurs
se sont mis en colère
pour un jour plus humain
61
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quel pays est le mien sinon ce grand
village
où mon pas sonne dans
la nuit
sur l’asphalte du temps dont la fureur me
tue
quel pays est le mien sinon ce grand
village
où je compte l’amour et la haine des
hommes
où depuis soixante ans mon père ouvre le
jour
et rentre chaque soir avec des fruits aux
mains
et toujours un sourire comme un fruit de
plus
masquant toute
fatigue
par un chant que sa mère aimait comme la
vie
et depuis soixante ans
à travers les hivers qui ont gercé son
coeur
à travers les saisons qui ont mûri ses
joies
à travers les saisons les soucis et le
songes
mon père ouvre le jour dans ce village
immense
où je reçus
les gifles de la pluie patiente de
l’automne
le vent comme une vague
et tous les dons de vivre et de mourir sur
terre
l’éclair de l’aube en croix et l’incendie des
soirs
où le soleil s’égorge en vain
ma joie
tes yeux mon frère simple et
quotidien
et ta sueur fatigue et ton travail de
source
qui modèle les mains les arbres et les
pierres
tous les méandres de l’amour la soie des
corps
où je vécus
d’aimer
à perdre haleine
des
yeux de houille vive
des
yeux de songe et de verdure
des
yeux d’azur et de tendresse
des
yeux fous de merveille
des
yeux que j’évoque parfois
pour reposer mon coeur pris de fureur et
d’ombre
et des chansons où ma jeunesse
battait la nuit en brêche et narguait leurs
remparts
dressés pour notre honte
au temps
des yeux pourris par la défaite
et l’ordre infâme des fantômes
je veux vivre et mourir dans ce village
simple
où je connais
les morts et les vivants
la joie de la cascade et des rues de
l’enfance
la neige
où je doutais du froid
les blés à l’heure des moissons
les forges du bonheur de vivre
la vie
toute la vie
je veux vivre et mourir dans ce village
simple
où je connus
les fleurs et les racines
la source claire où nous bûmes
l’amour
la source jaune où nous bûmes la
haine
le lieu de nuit stérile où nous fûmes
blessés
le lieu de jour fertile où nous fûmes
guéris
l’école où nous avons appris le port du
masque
l’église
où nous avons pour dire non
craché
dans l’eau bénite
le drapeau de la france où j’ai mouché mon
nez
d’épaisse morve verte
la place où le kammés attendait dans la
haine
que le colon
lui jette son salaire à terre
tous les cafés où
l’on jouait aux dominos
de l’aube au soir
les bars
où j’ai appris
l’oubli de mon malheur sur terre
les bals
où j’ai appris
à mépriser la joie des autres la joie du
maitre
l’étang
où j’ai appris à me connaitre
étranger dans ma ville où j’ai appris la
haine
la vie
toute la vie
je veux vivre et mourir dans ce village
simple
où j’ai connu
tous les ivrognes du malheur
de vivre sans comprendre leur aveugle
ivresse
les héros et les traitres
et la joie sans mélange de nos justes
matins
le long parfum
de rouge chrysanthème
où j’ai connu
l’odeur de la prison civile
où nous fûmes parqués par la fureur du
maitre
l’odeur de la douceur en cage
et les chansons du rouge espoir et
l’espérance
plus hautes que torture et mort
la vie
toute la vie
je veux vivre et mourir dans ce village
simple
où je connais la vie de tous
des pauvres et des riches
des hypocrites
des sages et des fous et des faiseurs de
joie
des chanteurs de légende et des fauteurs de
nuit
des porteurs de médaille et des porteurs d'
étoile
la vie
de tous les gens
des nostalgiques du vieil ordre
et des porteurs de lendemains
aux fibres d’espérance et de printemps
humain
dans ce village où chaque pierre est un
visage
qui me parle en secret de sa légende
obscure
dans ce village
où
chaque porte est un regard
chaque regard un monde où j’ai longtemps
vécu
de la rencontre de mes songes
où je retrouve en gerbes de tendresse en croix
en gerbes de jeunesse
en peine
la science juste
hantée
par les mirages
mes amis dispersés constructeurs
d’espérance
silence aux anecdotes graves
source bavarde et paradoxes
colère juste
intransigeante et dure
rires vivants
mes amis savaient rire au plus dur de la
pierre
je veux vivre et mourir dans ce village
simple
où j’ai appris à
dire
les chansons de ma mère à séparer d’ensemble
le bon grain de l’ivraie
à reconnaitre un homme au premier geste
simple
dans ce village
où j’erre avec ma pauvre lampe
et
ma tristesse
parmi les ruines des visages
parmi les songes les oublis
dans la nuit sans couleur qui travaille mon
sang
dans ce village où je connais déja parmi les miens
la place de ma tombe
et ma plus juste place au coeur de la
jeunesse
qui monte luire
avec
l’espoir de tous les pauvres
trouver sa place
et graver son bonheur dans le bonheur de l'astre
la vie
toute la vie
*
dans la pierre un oiseau sous la terre un martyr
il gèle sur nos mains d’argile
il gèle en ma mémoire et l'horreur prend
racines
dans les yeux des enfants et dans la fleur du
jour
le soleil nous oublie
l’herbe
étouffe nos pas
notre espérance habite une aube morte au large
là bas dans notre
sang au rythme de printemps
et la peur qui nous cerne
porte
un fardeau de ruines
j’ai peur d’être un nuage en ce minuit de
pierre
il neige
un feu stérile
un feu de mort qui tue le chant et nous
déchire
on parle
autour de nos futurs cadavres
on fait du bruit
le vent se tait sur nos dérives
un chien maudit
traine une aube de soie dans un désert de
ronces
et nous saignons
un
jour de faim
nocturne
à vivre
frayeur d’astre au lointain et deuil
froid de la pierre
où nous blessons nos yeux face au crime du
maitre
qui règne sur nos corps
et tue
la joie des rossignols qui ont peur de se
taire
*
demain
demain naitra au creux de l’astre
dans la pierre idole dans l’ombre un
sépulcre
un oiseau dans la main rend la joie
fraternelle
et nous
d’échine courbe et de secret de perles
en mal de vivre
un jour à notre propre taille
nous tissons d’algue douce et de jeunesse en
acte
demain qui cède à notre force
et nous parlons sans fin de la lumière
absente
qui git dans notre sang et scande nos
prodiges
demain viendra
un grand soleil au coeur
plus de nuage à vivre incertains de nos
gestes
plus de frontière d’ombre entre fleur et
visage
les loups iront mourir dans leur lointain
passé
et nous vivrons
un jour à notre propre taille
63
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j’écris
face au pouvoir
des nains
tristesse autour des yeux brûlés
tristesse dans les mains qui ne sont plus des
mains
mais ces outils brisés
perdus
hors de la nuit morose
dans la rue sans couleur où la foule
trépigne
en proie au ciel amer
tristesse de ciel noir face au pouvoir des
nains
l’enfance est de la boue la neige est de
l’ordure
l’espoir s’ouvre à la mort qui se dessine en
nous
la nuit
vendange l’âme à tous les coins de la
terreur
et les rats font la loi aux hommes de
lumière
ça pue
ça pue la haine et la charogne
et l’on se tait chacal au ventre
cendre au visage et rue fermée
et l’on se tait face au miroir qui nous
insulte
et nous déforme
il pleut sur nous
ô suie de l’arbitraire atroce
il pleut sur nous
un
gel dément
on souffre d’être
une ombre en quête de lumière
on souffre d’être un arbre en proie au sable
aride
d’être un lieu solitaire un coin de lande
triste
d’être un enfance morte au plus bas de
l’horreur
d’être un verger acarpe
il pleut sur nous de la tristesse
ô nuit acide et bleue douleur sans
espérance
je soufre d’être un lieu de mort et
d’épouvante
face à l’aurore en deuil où sont entrés les
miens
là bas
hors de l’humain
hors de leur propre image
*
neige la mort sous les étoiles
neige sur nous la peur de vivre
neige la suie qui ruine l’âme
neige la crainte ouverte au lendemain plus
âpre
il neige en notre siècle la mort
la
ruine étrange d’être
au seuil prudent de la bassesse
la peur
d’être un visage
d’être un espoir au soleil juste
d’être un miroir fidèle à l’aube
d’être un oiseau hors de sa cage
ruines ruines de l’âme ô mensonge et
décombres
un homme ouvre les yeux au bruit de mon
approche
et s’accroche à mon pas
et
chante
comme
une source grave
et marche à ma hauteur de vigne
et s’abrite en mes yeux
la porte s’ouvre
et nous laissons mourir en leur secret
d’épaves
les hommes sans visage à vivre
et sans réponse au temps qui ternit leur
soleil
et les bouscule
hors de la danse et de la chance
d’être un chemin fou de racines
d’être un lieu de lumière où l’arbre fait le
don
de ses légions d’oiseaux
face au pouvoir des nains au chant
de prédateurs
64 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
j’écris la terre
terre usurpée de nains
arbre au dire éloquent
soleil noir d’amertume où l’on perd la
raison
lumière
barrée de mort stridente oubli de soi
morose
où l’on se tait glacé de haine et de
violence
j’écris visage absent nuit de terre
interdite
ciel brouillé de mensonge âme en vigne
d’exil
peuple simple exploité de haine et de
mépris
souillé dans sa lumière
rongé de nuit et de scorpions
privé de toute image à vivre
parqué
hors de l’humain
hors de son lieu fertile où la
fenêtre
s’ouvre au ciel quotidien et se ferme à la
nuit
j’écris terre interdite
où l’espoir tue la boue qui se fige en
statues
homme saignant de vivre beau visage en
loques
patrie blessée
arbre écorché de feu dans un hiver sans
cause
patrie que j’abandonne aux assassins de
l’aube
et fuis
vers un secret de mort
fermer ma porte et mon visage et taire en nous
tous les élans d’amour
dormir
mourir de rien
et taire en moi la honte
pourvu
que le soleil cesse d’être une aumône
pourvu
que le soleil cesse d’être un supplice
pourvu
que rien n’efface
la trace de ma main dans la pierre
intangible
et mes chansons de neige calme
je connais des chansons à vous tourner la
tête
des chansons à renaitre au plus fort de la
houle
et des chansons à vivre à me nourrir de ronces
où je m’abandonne
à dire
au peuple qui s’agrippe au jour
adieu morne alchimie de mon algide
angoisse
j’adhère au ciel nouveau
j’adhère au temps allègre où mon silence
règne
où je m’allègue humain contre leur fausse
algèbre
alliance grave
où
le vent fou dénoue ma force
alliance avec la source où chante un autre
moi
alliance avec la neige où s’englue mon
enfance
alliance avec la pierre où j’ai gravé ma
joie
terre interdite au jour où je me nomme
humain
pris de grise alternance entre vivre et
mourir
amandier dans l’hiver bravant le gel
coupable
j’adhère au temps allègre
amant
de
la lumière neuve
armée
pour les yeux pris de nuit par l’absence
d’amour
pour l’amité sans faille où je m' invente en
l'herbe
un monde où l’on ameute l’homme
pour rien
où j’amorce en l’espoir
la joie qui nous allaite au retour de la
mort
terre interdite au jour au rêve qui nous
hausse
au dessus de la crainte amorphe et sans
visage
où nous taisons nos lois
j’adhère au temps allègre
patrie
de mon ancêtre simple au coeur gercé de
neige
patrie
au chant grave et serien
douleur de vigne et de blés mûrs
enfance où chante une cascade
patrie
abeille au long travail diurne
combat contre la mort qui encerclait nos
rêves
terre interdite au crime
grande pierre angulaire
un homme est le chemin que j’emprunte pour
vivre
65
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j’écris paisible
la vigne au grand soleil de tous
l’appel des moissonneurs sereins
le miel grave des heures
la chaine des printemps jamais las de
verdure
la chaine des enfants jamais las de
renaitre
l’espoir bleu défirichant les plus hautes
régions
de la conscience éprise de conquêtes
j'écris
le temps des solitudes
le temps des multitides
j'écris
minuit qui se révolte au coeur de la
jeunesse
minuit qui nous déchire et nous ronge les
yeux
minuit calme et sonore au plus haut de la
fête
qui se nomme herbe douce
le temps des justes noces
de l’homme et de la terre
*
j’écris
besoin de
pain et de justice
besoin d’espoir
et de lumière
besoin
d’amour et de tendresse
patrie
tournée vers le printemps
et je questionne
les hommes et les choses
sur leur puissance de lumière
sur leur pouvoir de croître et de mûrir au monde
sur leur destin
qui se répète et change au rythme des
saisons
car je veux dessaouler les hommes ces
ivrognes
gonflés de vin mauvais et de songes si
creux
que peuvent y dormir parfois
les violents vipères
du crime et de l'horreur
*
je veux mordre le sang de mes frères de
peine
pour ramener leurs yeux
au monde des chansons du bonheur
véritable
je veux gratter la plaie que l’oubli
carapace
je veux briser
par mon vacarme et ma fureur
fausse boussole et miroir terne
silence et peur
restés en nous
depuis le temps de la caverne
où mon langage
chargé de cendre et de nuages
ne connaissait
que l’ombre et la lumière aux armes
singulières
je veux briser
la nuit glacée d’horreur qui rôde encore en
nous
peuplés de jour humain et de chansons où
vibre
fragile
un ciel qui se déchire
lisse au regard
lise au visage qui voudrait le monde
plus doux
que la douceur dont je rêve pour
vous
visages
où je m’éveille au feu de vivre
visages
ô grand silence
où la terreur creuse son nid
dans la musique des crotales
je veus briser
la jarre où le venin
respire
comme une tente sous la pluie
bleue de fumée
là bas au creux de l’aube triste
où git
le froid de naitre sans chemise et de
survivre
au vent de mort et d’épouvante
au gel clé de la source où le printemps
pénètre
pour que renaise
en nous
possible
à vivre
humain
ce monde où j’interroge l’homme
sur son pouvoir serein de brûler les
fantômes
de vaincre autour de lui la haine et le
mystère
et de grandir sur terre
comme un arbre
parfait
66
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j’écris de nuit et de mystère
mort surprenante et veule un cierge ouvre la
nuit
et l’ombre se dépense à l’approche de
l’homme
qui tient sa joie
de tout ce qui se nomme vivre
malgré la cendre et la laideur
où l’on perd son secret de source et de
volcan
ô mort
au ciel éteint
dernière nuit de l’herbe
du feu saignant de vivre et des oiseaux
agiles
verger acarpe
ô mort
neige à mon front blessé
ciel vide où je surprends les visages en croix
en liesse
brutale est ta lumière d'encre et de ciel
grave
brutale est ta chanson nocturne
brutale est ta poussière en nous de flamme
nue
où plus rien ne s’aiguise en nos yeux de
martyrs
et dans la rue qui brame au bruit de notre
espoir
un cierge ouvre la nuit
et nous errons de fête en fête
de l’herbe à la lumière et de l’ombre à la
chair
et nous parlons de vivre
face
au dernier soleil
nous inscrivons l’amour au seuil de tous nos
actes
et nous marchons rêveurs vers notre place en
terre
pour apprendre l’enfance aux gestes de
l’enfance
où nous bravons la suie mortelle
de ne plus être
ce que nous fûmes
hors de la nuit
du creux fécond de notre ivresse un arbre
exulte
et nous vivons
de tout ce qui se nomme vivre
malgré la cendre et l’amertume
A
René PEUVERGNE
67
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j’écris de songe et de légende
terre interdite au pas des esclaves de
l’ombre
rouille d’espoir violent sur toutes no
saisons
douceur sauvée du gel arbre au ciel
éclatant
et pas un seul nuage
au monde
sinon ce grant vouloir qui frappe à la
fenêtre
et heurte
un front de suie et de démence
de son éclair de glace ô voeu puissant de vivre
un homme au regard clair se prononce sur
terre
visage
face au regard confus
viasage
grand espérance en crue parmi les homme
libres
là bas
dans le soleil en transe où les oiseaux sont
bleus
comme ce vin
dont nous aimions le feu
ô chansons de la pluie
un homme au ragard clair se prononce sur
terre
enfance adulte et clame au flanc du bruit
absurde
pour remettre en question les causses de la
nuit
et parler de grand jour
dans notre humain vertige
d' hommes nus et sans mystère ô grand joie
j’apprenais des oiseaux les leçons de
l’enfance
j’apprenais des saisons ce qui naissait en
nous
demain
se feindre entre nos mains
et croître dans nos yeux happés de jour
serein
j’avance
à pas d’éclairs
à pas de feuilles mortes
je naissais de moi même à fleur de vos
visages
je naissais de vos yeux où j’inventais
l’amour
je reste parmi vous dans la pierre
insondable
au lieu de neige douce où vous aimez
dormir
au lieu clair de tendresse où nous fûmes la
vie
demain
qui se répète et change au rythme des
chansons
j’avance
à pas d’épines
à pas de neige ardente
j’étais un rire humain face à la nuit
bestiale
j’étais un geste simple et me gardais des
ronces
et des poussières
que
l’âge entasse sur nos ruines
j’apprenais le printemps des amandiers en
fleurs
et marchais vers la source où mon ancêtre
pleure
j’allais vers ma rencontre simple
ô grande joie
un homme au regard clair prenait mesure en
nous
et nous ne savions rien
de son
visage
de
sa chanson de pluie
de ses vertêbres de douleur
et de l’algèbre de se danses
un homme au ciel serien tentait en nous le
jour
visage
à naitre un jour plus fécond que jamais
dans nos tumultes de fantômes
68 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
*
j’écris neige et soleil
le jour parle au vivant
l’herbe pousse au désert et devance nos
traces
comme un feu clandestin qui lache en notre
azur
les oiseaux prisonniers du mal de ne pas
vivre
*
neige et soleil
patrie que j’abandonne aux chardons de la
nuit
ile en feu dans mon sang voyage une
aurore
la plaie hurle à la mort l’espoir tue son complice
et l’ombre use le sang qui réclame nos
astres
*
dehors
la nuit se fait pesante et nous taisons nos
lois
face au soleil dément qui nous chante en
colère
les graines sous la neige noire
les larmes que la vague absorbe
les chances des bourgeons pris de verte
espérance
demain
la vigne en sang
debout
au grand soleil
qui défait l’ombre des vautours
et rue dans notre sang
et chasse de nos corps la mort qui reste
blême
et danse dans la sève en crue
verdure
ruinant les temples des aveugles
et nos gestes de fous sous la lune
blafarde
et la merveille
qui fausse nos chemins d’enfance
verdure
chanson claire à l’assaut des orgies de la
haine
danse ardente à l’assaut des crimes de la
pierre
et des complots
que le silence
invente autour de nous rongés de haine
absurde
verdure
où nous taisons nos lois de sève et de
printemps
et payons de rançons les chiens de
l’épouvante
dans les rues que surprend les spectre de la
honte
et sur la place blanche où nous mimons sans
fin
ce qui nous reste à vivre hors de la nuit en croix
69
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
*
frère au soleil humain
veille à ne pas mourir dans les ruines du
temps
veille à vivre ton règne en l’acier des
prodiges
veille à grandir au lieu de ta lumière
d’arbre
et tue
les prédateurs
les
vendangeurs des rêves
qui font de tes chansons de moissons et de
vignes
un bruit de fête qui s’éloigne au creux de
l’âge
et laisse en nous blessés par la lumière en
fuite
poussière et nostalgie de l’astre
*
ô mort
dernier
berceau où surpris de nuit morose
bouche pleine de terre et blanche issue de
peur
laisse nous notre temps de fièvre et de
combat
loin de ta main glacée
hors de ta lèpre noire et laisse à notre enfance
aux rues dorées de feuilles mortes
sa joie
de papillons folâtres
sa neige dense et son printemps
et son pouvoir
de surmonter la haine et le pouvoir des
ronces
de vaincre
ennui de vivre et ciel de cendre
et de chanter
ce qui monte à l’assaut des brumes de ce
temps
*
frère au soleil humain
oublie la mort
oublie le jeu des subterfuges
oublie la ruse d’ombre et le froid du
reptile
oubie la mort qui te traverse
sous couleur de silence
de
loques de mensonge
de gestes sans pouvoir de larmes
d’impuissance
de vide
de cendre au creux des pas
et parle
*
que l’herbe naisse en nos paroles
que l’astre écoute notre plainte
et laisse
sa cendre rouge entre nos mains
et que la nuit quitte nos rives
et se taise en la pierre au meurtre
mercenaire
où l’homme infirme se dégrade
et meurt
fou de torture infecte dans un sanglot de ronces
neige au soleil vivant l’absence et sans
couleur
j’affronte les falaises d’ombre
j’éveille dans la pierre
un fruit
un
oiseau bleu d’écume
et j’embrasse une étoile au front de la
jeunesse
qui brouille les miroirs serviles
de nos étangs
de lèpre rouge et de fantômes
mouchoir
que je change en drapeau
les langes de la brume en fête
drapeau
les loques d’un visage en fuite vers
l’aurore
où l’on se parle
hors des ruines du jour qui se ronge
d’absence
et tue nos yeux
et
brame en notre sang coupable
d’être un éclair vivace au plus haut du
rempart
j’affronte les falaises d’ombre
et reviens vers moi même au milieu des
tempêtes
prendre les miens en charge
et les nourrir du pain des rêves
du pain
plus un visage à vivre au plus fort de
l’absence
au plus tendre de l'astre
au plus clair de l’amour qui nous hante
d’enfance
face à la mer luisante qui nous rend nos
yeux
et nous emporte l’âme
là bas
vers
la lumière
où même l’ombre est fraternelle
*
un homme ouvre les yeux et nous condamne à
vivre
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
pour le docteur
Mine allah mohammed
70
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
*
les arbres des vergers brûlés de sable
jaune
se tordent de douleur stérile
et comme nous
se font signe sous terre
face au désert menteur qui monte à notre
assaut
et nous crible de haine
ô sable dans ma gorge
ô plaie luissante en la mémoire ô peine
aveugle
où sont les miens
où sont passés les miens couchés nus à
l’aurore
au creux de quel étang de mort
de
nuit martyre
rongés par quel silence au flanc du jour atroce
les front ruinés par l’âge et la tristesse
d’être
un jour de fête qui s’éloigne
un songe aveugle
un bruit de honte et de défaite
où sont les mains
au serment clair d’alliance pure
les yeux rongés d’ivresse altière et fous de
fièvre
où je plongeais mon coeur fou d’algue
d’espérance
où sont
tous les oiseaux lachés hors de la nuit
marâtre
hors des cages de haine
où nous chantions sous la torture
l’aube lointaine et sans visage
qui nourrisait nos mains de ses chansons
d’étoile
là bas
dans la clarté poignante
qui nous brûlait au sang face au crime du
maitre
où nous étions la preuve claire
que l’ombre allait se taire et fuir de nos
maisons
la mort casquée de fer qui verrouillait nos
rues
mais nos chemins
se
sont perdus dans les marais
et nous
fantômes d’un autre âge aux armes de
solstice
vergers brûlés de sable jaune et de
tristesse
tendus sous l’herbe du mensonge
nous
répétons
de fibre et d’espérance hagarde
de neige et de franchise en crue notre
printemps
les noces sans chagrin de l’homme et de la
terre
où maitres de nos danses claires
nous marcherons de place en place
de terre
en terre
et nous pourrons nous reconnaitre à nos étoiles
au signe de nos mains de chair
à nos yeux de veilleurs face à la nuit
marâtre
et nous pourrons
nous reconnaitre à nos éclairs
éclairs
éclairs dans les jardins frileux
nous devançons
ce qui pourrait en nos légendes
surgir des langes de mort lente et de ciel
noir
surgir des rues de la démence
et de l’ordure
surgir humains
en tous les yeux brûlés sous les paupières
mortes
en tous les yeux châtiés de mort
au creux de toute neige où nos chemins
truqués
se sont perdus dans le brouillard
qui nous tassait en suie sous les étoiles
mortes
nous devançons la joie des roses
oû notre enfance
ouvre les rues de la vengeance et nous
délivre
des spectres de la faim couleur de terre
morte
mort subite à l’assaut de nos lumières
d’arbres
où le printemps de solitaires
vibre au soleil des multitudes
qui vont cueillir à temps le fruit de leur
jeunesse
et rendre à la lumière un homme à leur mesure
nous devançons la joie de vivre
et nous luisons parmi les ruines
squelettes de phosphore en chemin vers la
chair
qui se dépense en fruit pour la joie des
vivants
minuit parle pour rien l’étoile est un
supplice
et nous marchons vers la frontière
où les miens sont passés sous la cendre de
l’aube
pour nourrir de leur sang
l’amour
fleur de raison
et vivre
à leur hauteur de vigne
l’étoile est un supplice
mort subite à l’affût de nos humains
prodiges
et danse
orgie d’angoisse
dans les maisons de pierre et de lumière
astrale
et change en pierre noire
les vergers de nos mains au feu de
absurde
l’étoile est un supplice et nous taisons nos
lois
la pierre est un cercueil et la terre un
sépulcre
la fleur est un couteau l’espoir est un
mensonge
les livres sont brûlés et les feuilles sont
mortes
et nous taisons nos lois sous la rigueur du
maitre
face au pouvoir des nains
l’étoile est un supplice
mais le printemps viendra nous venger des
étoiles
et nos vergers brûlés de sable
ne pourront plus se taire
71
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
*
quarante ans
que je brandis mon coeur à travers vos
épines
que je mâche ma vie comme une orange
amère
que je brûle au feu qui hurle dans vos
yeux
que j’invente des fleurs pour éblouir la
haine
quarante ans
que je côtoie les hommes aux paroles
froides
les
hommes aux terreurs diurnes
les
hommes aux chansons de feu
sans comprendre parfois leur tragique
lumière
leur joie
qui hante les refuges d’ombre
qui conte les légendes claires
qui brave en nous
la
pierre
leur sang
qui nie la peur
l’odeur
du sang malade
l’odeur du meurtre quotidien
et qui ivente
l’amour dans la montée des sèves
*
quatrante ans
que la fièvre au squelette
j’avance vers la place où l’homme prend
visage
face à la mort
qui passe dans nos yeux sous couleur de
chagrin
et dans mon sang furieux dont le rythme se
trouble
et clame en l’incendie des fleurs
sa
joie mortelle
de source et de volcan sonore
quatrante ans
que j’avance sur terre vers ma lumière
d’arbre
que je rue dans la vie
pris de fatigue et de lourdeur échine en
sang
parmi la foule en deuil où je lis ma
tristesse
que je hurle de soifs de faims et
d’arbitraire
dans le désert où saigne notre grande
absence
chagrin cloué au coeur
et terre morte où rien ne pousse
où rien n’accède au jour qui me tient aux
racines
où je questionne l’aube aux hiéroglyphes
d’ombre
et me réveille au pied du mur
les yeux bandés de noir face au fusil du
maitre
*
quatrante ans
le printemps frappe à la fenêtre et me
bouscule
de tous les jours à vivre au rythme de ses
danses
où les fous sont passés sans nulle preuve de main
rien d’autre que l’amour
et l’amour veille à la frontière
au creux de l’âge où je m’ébroue
face au malheur qui cerne d’ombre
les yeux rongés par la tristesse
et la douleur aux angles noirs
rien d’autre que l’amour sur toutes nos
conquêtes
où veille
l’espoir comme un lichen qui nous colle à la
peau
depuis l’enfance aux vitres claires
où nous lisions
d’avance
la joie de vivre
dans l’ombre sans chemin qui nous griffe le
coeur
*
rien d’autre que l’amour
son
arbre dense et ces épines
qui sont neiges d’absence où je peine en
secret
pour glaner sur la plage épaves de mort
noire
les débris du naufrage où se sont tus les
miens
rien d’autre que l’amour où j’invente mes
fêtes
où l’amour est un lieu où nos chemins
d’absence
se sont perdus
là
bas
dans l’agonie de l’astre
qui nous tenait au sang et nous éclaire
encore
dans l’attente de l’aube
rien d’autre que l’amour
et mon frère au ciel noir ouvre l’herbe
nocturne
rencontre un autre frère
miroir lucide et grave
qui lui sert de manteau de lettre de
franchise
au front du siècle blème où notre amour
s’énonce
en perles vives
en vigne claire
en terre où le printemps délivre
les feuilles les oiseaux les vagues et les
mains
et clame
défense d’être un spectre un ombre de soi
même
rien d’autre que l’amour
sur toutes nos frontières
72
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
minuit
plus de verdure au coeur surpris de neige
noire
j’étais minuit à toute épreuve
je veille un jour inébranlable
les possibles épars dans la nuit du
mensonge
heurtent mes yeux de leur lumière
dans notre ville close
un homme
toujours le même
traverse ma tendresse aux heures de
défaites
et me jette au visage
la boue de son néant confus et de ses
haines
un homme
toujours le même
étouffe en moi le jour et se promène
aveugle
au flanc
des grandes certitudes que ma force
imprime
aux vagues de l’aurore
qui surgit de la mer à l’assaut de nos
rêves
par le moindre rayon qui vibre dans tes
yeux
mortel au pas de cendre
victime absurde du bonheur d’aimer
d’aimer
tous les visages
où vaincre mort chagrin herbe d’oubli
morose
reptile ancien
passé de sang
lourdeur vécue
devient
clarté de fleur peuple majeur et bon
qui poursuit son combat de bravoure et de
sang
et clame
au
monde entier sa joie
son nom
fleur de granit
arbre au soleil humain qui nous peuple de
fêtes
son nom
de peuple simple
certain
de sa lumière adulte
répondre à tous les insurgés
par un sourire un ciel où je pénètre au monde
un geste sur toute ombre close
un geste
où je défais toutes les hontes
73
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
minuit
terre orpheline
journée glacée de peur terreur sans
importance
herbe dolente à dire aux porteurs de
brandons
saison sans espérance et vieille loi
prescrite
le peuple est sans martyrs
baillon de neige hirsute année de boue
putride
il reste
le temps nocturne où l’homme pleure
d’être au piège de vivre
un temps mauvais
un temps de mort
un temps de crime
goudron sur la conscience
un temps où je me
tais
où je me noie
où
je m’exile
où
je m’efface
où
je me tue pour rien
je sais ce que je nomme
ramper
pour de l’argent
pour un fauteuil
pour un crachat du maitre
je sais
ce que je nomme
conscience morte
travail de souterraine angoisse
où je me pleure
pour dissemblance entre richesse
et pauvre main de terre et de bois
pauvre main de charrue
pauvre main mise en terre à l’aube des
fusils
ô main crispée en nous
contre
la loi
du maitre et de l’esclave en ce temps de
servage
ô main crispée en nous
par l'âcre crime aveugle
par même force immonde
et même injure à ton visage
frère mangé de nuit bestiale
de mort
de boue
de vieux silence
je te pleure en secret au milieu de la
foule
au
plus bas du silence
car je connais ta force claire et ta
patience
ton destin de printemps
je connais ton ivresse
douleur crispée au long des âges
passant la nuit et la frontière
déchiffrant toute énigme
ouvrant
clairière sur clairière
conscience à la lumière
ouvrant le jour où
je m’installe
où je m’oublie douleur crispée
pour m’éveiller chanson nouvelle
et fleur ouverte au coeur de mon voisin
d’étage
74
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minuit
la haine aveugle
que tout le monde croyait morte
est toujours vive au grand minuit
au
grand secret
la haine veille
et vous dormez au lieu où vous attend la
mort
sachez
que vous allez mourir de mort de pierre
sourde
de mort de braise sous la cendre
et vous dormez au flanc du crime
que l’on complote contre vous
dans le discours et la prière
et vous dormez
sans vous douter du vieux complot
qui vous oppose au temps en ruine
depuis le premier cri de l’homme pris au
piège
de la torture ommonde
depuis le premier cri des gens frappés de
nuit
des
gens
des pauvres gens
questionnés baillonnés mis en cage à
l’aurore
promis d’avance au vieux bûcher
mourir
pour votre propre image
et vous dormez au lieu où l’herbe la plus tendre
cache un couteau
un vrai
couteau
mission
de vous trancher la gorge
car tant que vous vivrez
les assassins de l'aube
auront
comme un nuage au front
vous êtes leur conscience
les témoins de leur crime
un frein
à leur mensonge
75
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minuit
marais de boue putride où je perds mon
visage
chagrin des plages solitaires
où l’homme perd son nom sa force et son
langage
et tâte en vain
les murs de sa prison de glace
et
se découvre
sans nulle image à vivre et sans terre à défendre
et sans domaine
où vaincre mort défait herbe d’ombre et
silence
se change en fête
en terre d’algue douce où je m’inscris
sanglant
face au miroir sans être où je perds mon
visage
sanglant
de toutes mes blessures
face au dernier soleil
76
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minuit
je suis loin de moi même
je suis
dans un désert de song
hors de mon temps secret de grandes
avalanches
défaite en moi
défaite
au creux de toute chose ô songe où je trébuche
sous le poids du néant qui me couronne
d’ombre
pleurez
toute herbe que l’on brûle en votre coeur
fané
toute enfance où mourir reste un regard
durci
par l’ombre sans visage où se glisse un
tyran
pleurez la source morte au bord de votre
soif
où le désert flamboie à l’heure où vous
errez
sans nul abri possible
où dormir en confiance éveille tous les
rêves
pleurez le jour surpris par sa propre
agonie
la joie qui vous déserte en l’incendie du
soir
et l’amour qui oublie de chanter dans vos
yeux
pleurez
tout ce qui aide à vivre
mais se suicide hélais dans ce monde
ompossible
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minuit
au lieu où je gettais l’aurore
j’improvisais un chant pour la lumière en
transe
un feu
pour notre espoir en marche
un cri
de source dans la plaine
j’improvisais l’amour les vignes les
chansons
et la tendresse
qui polissait mes fibres
je vivais de printemps sous le vin des
étoiles
et j’’arborais comme un drapeau
mon nom
rendre un sens à l’amour le combler de
merveilles
rendre un sourire à notre enfance
chanter
chasser des rues de mon village
les fantômes du crime
gravir la mort comme une dune
chanter
chanter
lumière
terre
au soleil vivant
oiseau
un arbre est mon refuge
un homme ouvre les mains et la douceur
s’incarne
ouvrez
ouvrez tous les miroirs
ouvrez
les portes des prisons
et laissez vivre l’herbe
laissez le sang
se
dire
clamer sa haine
ô cendre dans ma bouche
douleur au creux du nid silence où je
m’oublie
dans l’attente de vivre au soleil de mes
danses
ô cendre en plein visage
un homme sans enfance
se cherche sous la suie des larmes
et broie de temps
de ses blessures
*
la pierre veille et nous abrite
et l’herbe pousse sur nos mains
et sur la place
un homme éclabousse de neige
les franges de la mort publique
se reconnait multiple au signe de nos mains
78
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minuit
de plus en plus de peine
de plus en plus de haine
de
faims
de
vent dans le couloir du temps
de
terre morte et de ciel d'ombre
de plus en plus de gens qui se sont tus de
peur
de
gens perdus parmi les ruines
de
gens ruinés
de plus en plus de ruses
de
spectres dns les rues
de
neige absurde et de menottes
de
nuit hagarde
de
violence nue
de
joie pourrie
de
nains de fous et d’imbéciles
de plus en plus ce rire
ô plaie luisante en la mémoire
ces cris
que nul n’entend crever la nuit que nous portons
en nous
comme un reste de mort de lumière en détresse
un poids
qui nous engraisse l’âme
de plus en plus de honte
de
nuit coupable et d’echymoses
de
chaines dans la tête
de
bruit dans la parole
de
rire dans l’horreur de vivre
de plus en plus de reptations
de
cendre en la mémoire
de
crocs plantés dans notre chair
de
fins de mois de honte
de plus en plus
les yeux bandés de noir
les
crachats sur la vie
le
mépris de soi même
pourtant
que de chansons
de rêves
que d’amandiers en fleurs
que d’enfance en éveil à tous les coins du
monde
et que d’amour dessous les rides
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minuit
minuit n’a plus de sens au lieu où je
m’éveille
la nuit se tait
soleil au dur miroir de l’être
notre amour prend visage dans la vigne en
fête
on parle
de la fraicheur d’aimer l’herbe qui monte
vivre
au lieu d’enfance claire où sont passés les
ogres
on parle
des rues de la confiance on se charge
d’espoir
on mue de joie
l’âme au printemps en fleurs se venge des
étoiles
et la terre nous garde en ses algues
mouvantes
vole en éclats mirage
et laisse nous
nos yeux
pour sonder la tristesse et les ruines du
temps
que l’ombre entasse
en nous
dés que les yeux fermés
nous nous taisons
sous le supplice d’être un homme
un dernier songe à vivre à l’heure des
conquêtes
neige ouverte au soleil
si prés de nous
si prés de mon visage en armes
que le printemps s’éveille et craque dans mon
sang
80
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minuit
là bas sous la douleur des astres bleus de
givre
les ombres se sont tues et se sont tus les
chiens
et se sont tus les fous
les spectres sans raison aux armes sans
justice
déja
tout recommence entre nos mains
tout recommence
de la graineà la fleur à la blondeur de
vivre
de la source où l’ancêtre est un dernier
sanglot
de l’étoile où je veille
tourné
vers de plus amples rives
tout recommence dans nos yeux
et sur ma tombe exulte un amandier en
fleurs
en fruit
en source de lumière
que je puisse exploser en verdure en
tendresse
pour le bonheur des yeux que ma chanson
réveille
pour le bonheur
de tous les voyageurs traqués
par les chiens que la nuit délivre en la
campagne
de peur
de l’étranger
et de peur que l’enfance aux branches
véridiques
lâche au ciel sans visage une étoile
authentique
tout recommence
ivresse d’ombre et de lumière
enfance adulte et sans mémoire
les vagues sur la plage où se défont les
pièges
les chansons de la pluie neige amère et
verdure
où les nous tressons nos lois
*
ô mer cruelle au ventre
imputrescible
enfante
azur et neige
et brûle en tes miroirs toute fleur
d’espérance
et brusque nos étoiles
enfante
enfante l’algue et la promesse
et brasse le naufrage où sont plongés les
fous
et ronge
de griffe dure
le crime
où la nuit fait son nid dans la haine et les
ronces
enfante
un jour nouveau
un jour sans
flétrissures
un jour de fibre dense
arqué
face au malheur
et mûr pour les chansons que notre force
éveille
chanson de l’aube rouge et danse nue
d’esclave
au port où le vin chante et guérit de la
haine
et nous change d’aimer et nous comble
d’ivresse
et nous sauve en secret de notre propre
haine
ô mer cruelle
berceau de mort et de tumultes
invente à notre amour un songe
répète à notre enfance un conte
du
plus lointain rivage
et clame en nous ta chance où l’espérance en
fuite
change l’écume en fleur pour en parer
l’instant
chamin d’aiguille dans la moelle
ô mer cruelle
bois nos larmes de sang et rends nous la
réponse
que nous n’attendons plus en ce lieu
d’espérance
où se défont toutes les ombres
81
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au temps cruel
où je machais ma vie comme une orange
amère
j’ai vu
gonflés de sel et d’amertume
mille étranges noyés rongés de lune
froide
mourir
disgraciés par l’aurore
parmi les marécages
dans l’herbe des complots
j’ai vu
le sang prendre couleur de la monnaie du
temps
et prendre son prestique humain
*
au temps cruel
où je machais ma vie comme une orange
amère
comme un dernier espoir
fait de tumultes et d’éclairs
j’ai vu
mourir ternis de honte
sous la boue sans pudeur des faiseurs de
vacarme
les meilleurs paysages
j’ai vu s’éteindre autour de moi
la grand joie
qui régnait dans les yeux du peuple
renaissant
alors
en moi blessé d’angles nocturnes
au plus secret du sang et de l' espoir de
tous
au plus doux de mon coeur se brisa la
guitare
et se brisèrent
dans un silence atroce d’ombre
des chansons de bonheur inventées dans
l’orage
et des lumières
se brisèrent les joies des travailleurs
limpides
se brisèrent les danses
sur les places
publiques
et dans le coeur de l’homme aux rêves de
granit
un cri mourut soudain aux lèvres de
l’enfance
un temps passa plus froid que le secret du
mort
gelant
la moelle
dans les os
et de nouveau
l’homme écoutant la mer chanter sur le
rivage
surprit le vent se dire
chanson d’espoir serein
et le soleil gagna les ruches
*
le sang reprit son rythme et sa couleur de
sang
un temp passa
et de nouveau
l’homme écoutant chanter la mer sur les
rivages
se reprit dans un geste à nourrir tous les
rêves
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