est un jour de jeunesse où la lumière en transe
brave la nuit sanglante
où l’on écorche un frère au chagrin
de salpêtre
ce qui me reste à vivre est un jour de jeunesse
que je creuse en secret au plus noir du silence
où j’arde
contre la nuit de honte
qui erre entre nos corps de boue
anse atroce où je veille outre naufrage et
mort
outre vertige et croix
où j’arde
contre la nuit du piège
la fange triste d’être
ce jour médiocre et noir où je trébuche aveugle
sur les signes du crime où je trébuche aveugle
sur les signes du crimes où l’ombre
nue déchiffre
les nostalgie de l’être au plus noir du silence
où j’arde
étoile au front
contre la frange d’être
en l’aube morte
l’espoir sans récompense où nous traînons
le pas
vers la dernière auberge
l’ennui
le temps de suie
la peur d’être un visage
la mort
des solitaires
la mort
verger d’oubli où neige aveugle
la vieille nuit
où l’on se tait de peur au plus noir
du silence
croulez palais de marbre
*
verdure saigne
jeunesse avance au front où l’on nous
tissons nos lois
jeunesse brusque à la frontière
les vieilles nostalgies du sang
et l’herbe
monte à l’assaut du vivre
où nous rêvions
de vigne et d’archipels en fête
au plus noir du silence
l’herbe monte au pouvoir entre au palais
du crime
brise le spectre
brûle leur code et leur légende
et parle
à l’heure où je m’invente
humain et sans autre
âge
que
renaître espoir juste
à l’heure froide et nue qui sourd de
nos étoiles
pour éteindre en la peur les spectres des
tyrans
homme pris de vengeance dans la vigne de l'aube
j’avance
à pas de vigne
à pas de neige
à pas de grand soleil
chanson de pluie patiente et feu de source
en l' herbe
j’avance
je suis au rythme clair où je connais les
miens
nuit vengée par un astre
neige à vivre au soleil
douceur rebelle au crime
je saigne d’être
nuit de laurier morbide homme au soleil de
torture
tourné vers le printemps où l’astre
nous écorche
et nous énonce
couleur
que la douceur vendange
j’éveille une aube morte
un cri de source en fête
des yeux
que l’on croyait crevés
des gens
que l’on croyait partis
faire un dernier voyage outre crime et distance
je saigne
à l’heure où votre force aile puissante
d’aigle
incruste dans mon corps ses ongles de jour
noir
la nuit prend feu
en vous
en nous
un autre prend ma place
et mine en vain l’espoir qui me servait
d’asile
*
et maintenant
j’invente au vivre noir où sont passés
les miens
en feu violent de source
un ciel de grâce
j’éveille une aube morte
des gens surpris de mort au soir de rouge
absence
où nous étions sans être
la fleur qui tue les gens neige au gré du
silence
comme un sommeil de mort entre les bras de
l’aube
qui dore
au jour clair de voyance
le temps d’être un visage
nous avons faim de terre
soif d’un visage à vivre en lutte contre
un arbre
contre un règne de honte
contre des gens de haine
nous avons faim de vivre un siècle à notre
taille
jardins clos de blés mûrs au jour de grâce
intègre
où soleil sans frontière
l’aube se farde et parle
de notre temps de pierre
-----------------------------------------------------------------------
2 –
l’absent
ruine l’arbre où la mort se constelle
en l’arbre où la chagrin
reste la pierre d’ombre au grand minuit
de neige
la steppe
où l’aventure
travaille dans mon sang
et tisse
entre nous d’eux
sa fable
me reste à vivre l’ombre
où l’absent fait de nous front chargé
de lumière
un absent dans la pierre
ce vieux silence
où je m’incarne
et règne
sur des loques sans joie
ah que ne puis je taire où s’est perdu
l’absent
arbre au vertige tendre
vibrer guitare en peine en la nuit de mon
frère
qui s’acharne à se taire
dans l’habitude d’être
ce grand feu souterrain pris de piège où l’amour
grande harpe d’eau vive
reste un visage à vivre
sur toute chose
outre frontière et larme où vibre étoile en sang
mon grand cri de révolte en tout vigne humaine
que le malheur vendange à l’heure de
l’angoisse
et noie
de long chagrin
au temps fermé de brume
car dans la nuit fermée à ma douleur d’esclave
s’allume
journée sans crépuscule
un ciel de joie fertile
où le bruit le sang violent qui nargue mort
fatale
et chante grave et beau plus haut du rempart
*
ah que ne puis je terre où s’est perdu
l’absent
herbe au soleil fertile
fruit comestible et bon
douceur brûlée de soifs
tendresse nue pierre où veille une étincelle
veiller pour toi mon frère au refus indomptable
sortir de l’ombre froide où me parque
le maître
chanter neige habitable au grand minuit de
l’âge
où l’arbre flambe humain qui brûle en
la fontaine
où sans perdre u oiseau et sans perdre un visage
l’eau vive boit le temps
où la douceur fait signe aux aigles du printemps
*
que suis je en ce verger où l’ombre
sous vendange
où l‘on pourrit la joie qui explose
au ciel grave
où l’on crache sur nous
aumône atroce
la mort
où le chagrin nous broie dans la cendre de
l’aube
où l’herbe tresse un nom de larme
un nom de fleur
un nom de vigne au sang mortel
un rêve
jour réfractaire
fleur d’écume et de rage en l’eau
noire des jours
et que ne puis je luire
et puis
sortir de table un soir et vous laisser ma
place
comme on quitte l’amour par un soir
de septembre
*
ah que ne puis je enfin rompre la digue d’ombre
et voguer vers un monde où le printemps en
joie
coudoie au creux des rues en fête
les gens
dépris du nombre triste
que l’éclair de mon sang au chant de
fable amère
ruine au verger du temps où prime étoile en fuite
un enfant joue
parmi les chrysanthèmes
*
que suis je dans ce temps d’éclipse
et de salpêtre
dans ce temps de couteau de peste et d’herbe
noire
ô nuit de chanvre
vigne étrange
vigne étrange à ma terre
honte et linceul de glace
temps de haine arbitraire
silence
plus rien que le poids du silence
l’envie d’être un nuage
plus rien que se nourrir d’écume
que taire en soi la vie
plus rien que nuit sur mon visage
que givre dense en nous
en vous
où l’herbe morte
prend à nouveau visage et chante
couleur du vivre où je vous aime
mais vous ne m’êtes plus
ô nains
que perle morte et nuit de fange
silence
où l’on se pleure
où l’on pleure un absent perclus d’être
un cadavre
un enfant dans la pierre où nous dormions
sans fin
la pierre
où nous étions de pierre
ils ne me sont plus rien les hommes sans luisance
plus rien
que perle morte et nuit de fange
terre au jardin de haine
ô nains
vous ne m’êtes plus rien
qu’ongles crochus et ronce noire
scorpions fous de venin
et lande
où s’est perdue notre âme
*
ô nuit de chanvre
destin de feuille en feu au plus secret de
l’être
*
comme une aube de neige aux flèches de printemps
où l’enfance était bleue sous la blanche
cascade
il pleuvait dans la nuit astre fleur et chansons
et nous parlions parfois corps perclus de
chagrin
nous parlions de la mort d’être un feu
solitaire
nous parlions en secret des gens fous de distance
des nostalgies d’air pur du ciel fou
de septembre
et nous vivions sans fin un autre âge où l’espoir
cheval fou de printemps dans la steppe en
fureur
réveillait dans notre âme astre discible au
monde
où pierre noire au cœur un homme au soleil
âpre
avance à notre encontre et nous montre nos
mains
nos mains pièges d’amour se sont fermées
sans joie
sur l’ombre de vos corps de neige et
de phosphore
en ce temps sans mémoire un temps fou de distance
où l’on trouait sans fin les corps pris
de misère
comme un soleil en peine aux larmes de printemps
l’amour fleuri de neige ouvrait sa main
patiente
et nous partions là bas vers la maison de
pierre
creuser terre et légende en ce temps de pain
noir
l’amour avait notre âge et nous étions
sur terre
au creux de ce printemps qui brûlait dans
la nuit
la perle morte au front des processions de
haine
des nains pris de démence en ce temps de pain
noir
veilleur pris de chagrin sous le poids du
silence
moi sans âge que pierre et sans soleil que
vivre
étoile en l’ombre sourde un cri brise
en la pierre
givre où mourir me guette et distance où l’on
tue
neige neige il est temps que la joie nous
consume
l’amour garde notre âge et nous parlons
du ivre
où nous pourrons glaner de distance n distance
notre temps de pin blanc au grand soleil de
tous
comme l’herbe s ‘éveille
au grand soleil de givre
pour se conter verdure aux yeux brûlés d’espoir
un coin de ciel en nous brise porte et fenêtres
et tue l’ombre du crime où la fleur
s’épouvante
au front des gens brimés de brume et de ciel
noir
un jour rebelle au crime ouvre en la nuit
marâtre
son verger de pain blanc candeur qui nous
répète
dans les taudis de faim où l’on meurt
sans pardon
nous parlions de verdure aux arbres pris de
froid
au temps noir du silence aux gens fermés au
monde
et nous étions sur terre au ciel gris de septembre
un jour de source éclose au flanc du siècle
en feu
nous vivrons un autre âge un jour plus nu
que l’eau
douceur d’être un rivage où l’on
oublie la haine
l’ancien mépris de vivre au plus bas
de soi même
nous vivrons un autre âge au printemps sans
rivage
comme un enfant traqué de suie et d’épouvante
s’arrête au bord d’un cauchemar
et parle au vide
j’allais désert au cœur vers mon
enfance en peine
pétrir de juste espoir les gestes fous de
vivre
nous avions en commun la peur d’être
un visage
la peur d’être un miroir au grand soir
véridique
nous rêvions la distance où l’amandier
en fleur
nous porte vers l’amour qui nous ramène
au temps
où la couleur nous venge entre neige et verdure
des nains que nous avons surpris de juste
extase
face au printemps serein qui nous change d’aimer
l’herbe neuve où la mort cesse d’être
un supplice
nous rêvions la distance au soir de pluie
subtile
et nous gardions pour nous neige au cri de
verdure
le fruit d notre espoir la joie d’être
un visage
la joie d’être un miroir au grand soir
véridique
comme un cri de fontaine au plus cru de l’enfance
nous remontions le temps vers la source de
chair
vers la grâce des blés vers la mer sans relâche
au cœur mouvant du jour où le chant nous
reprend
distance
distance entre notre espoir de fable
entre nos mains de chair
distance
à fleur de terre
dans notre danse
ombre ecchymose et larme
eau stagnante où je meurs d’être une
eau solitaire
qui descend vers la nuit
vers le froid du silence
prendre racine et vivre
neige qui s’ouvre au feu de ce printemps
si grave
que nous cessons de luire
je saigne
dans les taudis de faim
je saigne d’être
ce corps troué d’espoir au temps de
mort altière
chaque fleur que je vois laisse en moi sa lumière
chaque terre où je passe
laisse en moi sa verdure
*
je viens
des jours perdus
des jours glanés dans le silence
des jours vécus dessous la terre
des rues mortes de froid
je parle
je ne crains pas de vivre
de luire
au plus triste de l’être
je parle
terre au soleil de chair dénoue la nuit de cendre
dénoue tes mains de joie ton grenier de sel blanc
ouvre au jour qui se lève
routes de nacre au clair de lune
routes de givre où l’on se pense
homme au soleil en ruine
soleil en terre
jour troglodyte
je parle
j’interdis que l’on tue
que l’on porte au soleil le temps des
yeux crevés
que l’on oublie le chant qui nous suscite
à l’aube
j’interdis que l’on tue
que l’on mène en servage
l’homme qui rêve d’astre
la fleur qui use l’ombre
herbe qui monte et fleur de grâce
enfance au ciel de nacre au goût de mûres fraîches
au cri de source
*
enfance
rebelle au crime
au feu noir des scorpions
enfance
où nous dansions l’amour
*
j’interdis que l’on tue
braise qui parle sous la cendre
au soir violent qui nous incise au cœur
sa nuit
sa peine d’astre
honte à vivre sous terre au cri de source inquiète
mort promise au soleil de nos vingt ans de
grâce
mort pour un nom de fleur
orange en fuite au large
*
la boue conspue un astre
*
homme en fuite en la mort parle au dernier
soleil
*
merci vivre est ce chant qui nous mène à la terre
à l’arbre
au chant natal
chanson de pluie martyre heure morte à l’horloge
un train est en partance hors de la nuit de
lèpre
prenons y place
vivre est ce chant mortel qui nous porte au
soleil
*
comme au soir de fatigue où les miens sont
restés
comme un peuple de nains dans la nuit sans
parole
comme une étoile en sang dans la nuit sans
rivage
comme une perle au front
aube où je meurs en fête
rose qui s’ouvre au soir de notre automne
d’encre
fleur de misère en croix
comme un matin de cendre
comme un miroir sans âge
comme on se tait
comme on se noie
de peur d’être un miroir
de peur d’être un visage
l’espoir perd son pouvoir de lumière
et de roses
de tendresse et de pain
*
la peur entre en vigueur
la mort rougeoie
l’aube se farde
et l’oiseau qui s’éteint nous
laisse dans la nuit
où nous crevons de froid de rage et d’impuissance
à flanc d’abîme
ordure au cœur
comme au soir de fatigue où l’hiver
nous attaque
*
source d’ombre et miroir au plus secret
de l’être
je saigne sur l’asphalte où la mort
nous enivre
je saigne dans ces corps de chair et de beau
temps
dans ces corps de soleil que l’on foudroie
de peur
*
j’ignore
quel cri d’azur me hante
pour miroir un ciel ivre et pour faste une
étoile
j’ignore
quel cri d’azur me hante
*
3 –
parole
à toute pierre où veille
un feu fragile
un feu
où se crispe une enfance
dans la rue sans pardon où se dresse un coupable
adulte
d’être silence et larme où gît puissance
d’aigle
l’amour qui nous énonce hors de la nuit
de craie
où tente d’être humain au plus bas de
l’horreur
le songe vrai de vivre au grand ciel de l’amour
parole
pour le splendeur future qui me mange à ma
table
pour la couleur subtile où notre espoir de
vigne
délivre un oiseau clair au jour où l’on
trébuche
au seuil pur de l’amour qui nous invente
une âme
un verbe à vivre
parole
au long chagrin de pluie
qui veille au dur miroir où luit le cierge
absent
qui nous captive en clair
et nous conte en secret son beau visage en
cendre
parole
pour la mer qui commence à chanter notre errance
au grand ciel sédentaire où l’amour
nous égorge
parole au jour présent qui marque d’une
étoile
l’âge simple où je vois dans la rose
essentielle
un temps de neige douce
surprendre en mon espoir de vigne
le ciel chagrin
la mort hirsute
qui chante en la hauteur où je veille en silence
le temps
où nous saurons planter nos gentes lois
parole
contre la fange ignoble où traîne en l’aube
sale
un mendiant sans visage auprès du temple aveugle
en nous
que le vent tue
de sentir dans le soir passer ce froid lugubre
parole
je traîne en vain ma soif dans ce désert d’épines
où ma force est ce temps que tourmente une
étoile
où je m’invente humain
parmi la pierre
où gît l’éclair de sang que notre âge
de plomb
comprime comme un cri d’augure
où la joie nous éduque et nous livre au soleil
parole
qui se glisse entre nous au plus triste du
songe
aux lèvres de l’intruse
parole
où j’interroge une ombre
fantôme aux ongles noirs de sang
pour la source où je bois sous la pierre d’ennui
la peur fatale
d’être une aube d’oubli au grand
miroir de haine
où l’amour nous remplace aux lèvres
de l’intruse
la femme
au dur chagrin de pierre
qui enlace un squelette au cœur noir
de l’hiver
et pleure auprès du feu qui monte à son secours
et nomme
ton cœur de chêne altier
parole
reste un visage où vivre nous console en silence
des plaintes de l’absent qui erre dans
nos rues
en notre vigne
dans les vergers spoliés par la crapule en
armes
ah quelle odeur d’orange
brise ma nuit de chanvre
en mille éclats de songe
en mille éclats de perle
où je m’oublie en l’âtre
des nostalgies du temps
*
j’entrevois dans la nuit
des spectres dont le nom m’échappe
corps rongés de salpêtre
dans la mort fratricide
ô temps de lèpre
où j‘entrevois des gens mordus de faims
étranges
de
soifs démentes
d’azur en fièvre
des
gens
fruit
de colère étrange
surpris
de haine
où sont les miens ce soir
dans quelle ombre de
sang
dans quel piège d’ordures
troublés par quelle
idole
rongés
par quelle étoile
où sont les miens ce soir
de quels siècles de haine avions nous donc
besoin
la nuit parle d’énigmes
la nuit délire
*
dans la fuite de l’astre au soir pris
de violence
la mort saccage un homme au ventre froid de
faim
on tue
l’oiseau serein
de notre claire enfance
enfance
qui savait que leur nuit pouvait mordre le
chant
un homme
un grand visage
qui chante dans la ville aux arbres nus de
givre
éclaire en nous
la seule issue où vivre est un printemps à
faire
*
mais vous pressez le pas vers un lieu sans
excuse
dans la rue sans fenêtre
où vivre
est un monceau de glace
cendre de l’aube en ruine où je n’étais
personne
dans la rue sans mémoire où je travaille à
vivre
où l’ombre nue foudroie
les spectres de gel noir traqués de nuit cruelle
je ne peux plus me taire
je ne peux plus me taire
face au soleil sournois qui se glisse entre
nous
comme écharde où la mort tisse en secret son
nid
je ne peux plus me taire
un homme
aux yeux crevés de haine
chante au coin de la rue
pour prouver que l’espoir
est un feu sous la neige
où nous
martyrs de l’âge ignoble
qui nous combla de honte
creusons la nuit de cris
que faisons nous ce soir sur l’asphalte
du monde
dans le dernier silence
un cri cherche le monde où nous souffrons
de vous
orges noirs de l’enfance au travail
de mort noire
que je croise en secret dans la nuit démentielle
où nous traquons le dire
à ton exemple
mère agile de tendresse
mais l’herbe du silence où nous restons
de pierre
porte un éclair de mort qui nous assigne un
songe
un songe au lent travail
de grenaisons où l’astre
nous assigne en la haine où se défont les
pièges
un lieu de pierre atroce où les miens sans espoir
sont nus d’effroi mortel
crispés
blessés de neige acarpe
vaincus de lune étrange
un songe
de houille en larme noire où l’ombre
s’épouvante
*
je chante porte ouverte aux hommes nus d’effroi
je suis né dans un temps de mépris et d’insultes
j’ignore
dans quel hiver sordide se sont perdus les
miens
dans quel antre de haine se sont brûlés nos
âges
dans quel feu de révolte nous avons pris au
monde
le droit
d’être un visage en fête
un chant de transhumance
qui
pleure nos partances
et nous raconte au monde entre la neige et
l’âtre
l’ombre éparse en la vie qui nous colle
au visage
ruine d’absence un corps au cri de rouille
infâme
et mord l’amour
de givre
ô corps surpris de brume
au grand matin de cendre
où nous perdions
le sens
de la couleur des choses
*
j’échange
outre nos soifs d’étrange
un oiseau blanc de givre contre un siècle
de haine
contre un miroir de fange
en terre
où le printemps se nomme
fruit de mort coutumière au grand soir de
révolte
sans ce poids de frayeur où le temps en poussière
reste une plaie de lèpre
4 –----------------------------------------------------------------
un homme
ouvre sa main de graines
et parle
paix au soleil en cendre
paix au soleil qui naît dans le printemps
en fête
ah que vivre est mortel en ce temps de ciel
noir
dans cet hiver si morne que ma force s’effeuille
paix à la fleur astrale
ombre au cri sans rivage
la mort berce un oiseau qui nous habite d’ombre
et nous passons de rêve en rêve
au monde simple
où vivre est un visage au ciel pris de couleur
paix au peuple en voyage dans les ruines du
temps
qui nous mange nos mains nos cris et nos légendes
et nous range en la nuit de son troupeau servile
paix au soir de vendange
grand courage qui saigne au rythme de ses
danses
beau chant qui se résume à l’instant
du scandale
astre au cri incendiaire
qui brûle dans le cœur l’ennui
pesant du vivre
et les chardons châtiés à l’aube
dans la joie de nous dire astre au cri de
revanche
paix au sommeil de l’arbre où s’invente
un oiseau
qui chante outre l’amour le long siècle
de peine
où pierre d’ombre en l’âme nous
pleurons sans fin
grâce et neige où l’antan ouvre nos
jours fermés
paix au sommeil de plomb du travailleur hirsute
qui saigne dans la nuit de glace
et passe
rongé
par les étoiles
au nœud coulant du vivre une espérance
en croix
paix à l’homme en chemin qui explore
en silence
l’humain
le plus grand continent
l’humain
que trouble toute chair qui nous révèle au
monde
un homme qui s’absente dans la forêt
des signes
un homme est en chemin des armes dans les
mains
pour guérir de la haine et de mourir sans
trace
à l’heure où les oiseaux se font signe
au soleil
chanson
à rendre flamme et joie au bloc de pierre
noire
que nous devenons tous dans l’oubli
des étoiles
paix au feu qui travaille un cœur de
vendangeur
comme au fruit lumineux de la plus haute branche
qui luit loin de ma soif de voyageur sans
astre
beau fruit de givre noir qui tombe dans ma
main
par un jour de vent âpre où le peuple s’invente
paix au visage en croix pris de torture infecte
qui regarde à travers les mains de son bourreau
l’aube grandir
et luire au loin la source claire
où nous aurons le temps de nous laver de l’ombre
paix au peuple frileux surpris d nuit violente
qui crache en l’aube mûre un sang de
mort vécue
dans la poussière amère où l’arbre sans
défense
rejoint dans la douleur ses vieux frères brûlés
paix juste
où vibre astre en voyage
l’espérance au combat qui se dresse
en la ville
et monte vers la place au plu haut de la joie
où l’accueille le peuple aux vertes
certitudes
où la douleur prend feu
et s ‘affirme en la nuit
douceur possible à tous les âges
où l’homme est ce destin qui ordonne
le monde
paix à toute herbe jeune à toute fleur de
sang
à toute gloire en fête
à toute joie terrestre
à toute fleur d’amour
à tout homme sur terre
qui se décide à vivre au plus haut de soi
même
paix au soleil qui naît sous la poussée du
sang
orgueil simple et fragile enfance et nouvel
âge
chanson de pluie à vivre
dernier mystère à rendre
clair à chanter ce monde
premier chant de racines
où l’innocent grandit sans nul outrage
d’ombre
et scande
au rythme du meilleur espoir
un jour de neige à vivre où prie un oiseau
bleu
paix au soleil qui monte arbre au vertige
humain
où vibre étoile en acte
l’oiseau qui se répète enfance
dans la journée lucide où chante un travailleur
paix au soleil qui naît malgré le sang l’ordure
la peine d’être
que laisse en son chemin le bourreau sans
visage
de ne plus être au soir où le peuple se crispe
l’éclair atroce et bleu qui ronge notre
espoir
dans les ruines du crime
je grandis dans un geste
je chante en verger clair l’âpre désert
de vivre
et donne
terre fertile au siècle
qui s’abreuve en nos yeux gagnés de
jour utile
et résonne en tout lieu de neige et de justice
où le peuple a franchi les frontières du crime
terre fertile au siècle
soleil
que son travail suscite au plus haut de sa
geste
où le ciel est plus clair que la blanche cascade
qui ruisselle en sa main et se change en lumière
paix au travail de tous
journée rugueuse à vivre
terre armée de confiance
travail
que brûle un maître froid pourri de mort infecte
je meurs triste habitant d’une étoile
en déroute
paix à la ville claire au ciel fou d’hirondelles
je reste
éclair de sang
la joie des lendemains aux spectres fous d’azur
qui s’éveille en vous tous dire la nuit
nuptiale
et vous colle à la peau comme un reste de
lèpre
que la mort reste au loin cendre la bouche
nue
et que l’herbe se nomme herbe au printemps
serein
il passe en moi fébrile
la peur d’être un fantôme
la peur
où nous perdons le signe
le sens du signe qui nous nomme
peuple au soleil blessé de grande lune étrange
qui partage avec l’aube
le pain chaud de la joie et nous somme en
secret
de luire
hors de la mort néant triste et confus
pour prouver que l’amour est le meilleur
partage
paix à la source amère au long chagrin de
pierre
qui sourd de ma démence d’arbre au vieux
tumulte
et pleure en nous sa joie
grande flamme en charpie où notre ancêtre
pleure
d’être larme et silence
oiseau lucide et franc
fleur à sauver de l’ombre au refrain
de couteau
où notre astre luisant entre des mains de
fable
reconnaît le printemps qui saigne à la fenêtre
espoir
jardin surpris de givre
délivre
un chant d’oiseau mortel qui multiplie
nos mains
dans la promesse d’être un faste à notre
taille
paix à la vigne en sang où nous dansions l’amour
comme herbe sous le vent au cri d’étoile
en sang
où la couleur nous parle en l’arche
du printemps
des grâces que l’amour nomme au jour
qui se lève
paix à vous bonnes gens que la lumière espiègle
enferme dans son cercle où l’arbre humain
côtoie
mille étranges démons jaillis des steppes
noires
où nous errions sans halte au temps de notre
peur
terre à vivre en silence ouvre en nous son
matin
paix à vous bonnes gens corps surpris de silence
qui rentrez dans la nuit où l’espoir
vous allume
vous qui parlez de nous au soir de transhumance
où l’ombre ennuie le sang dans le jour
troglodyte
paix à vous bonnes gens que l’on traque
de haine
que l’on tue sans regret au flanc du
siècle noir
ombres de neige humaine au grand espoir de
fable
vous qui parlez de nous dans l’herbe
du printemps
sans croire à la laideur qui nous masque de
brume
en ce temps de ciel noir où l’ombre tue le chant
tissons
tissons d’amour un songe où n’entre pas la haine
ô neige qui nous brûle au soir de feinte
ivresse
où l’on saigne de peur prés de la source
éteinte
tissons
tissons d’amour un songe où n’entre
pas la haine
qui rôde autour de nous comme un spectre de
sang
paix à l’herbe engourdie dans la nuit
sans rivage
paix à la ville en croix sous le sac et la
cendre
paix à l’abeille en joie au miel heureux
de vivre
la fleur brise la pierre
la fleur gicle du nombre
la vie gronde en la houle
qui nous emporte au large
l’enfant cherche sa mère
engloutie dans son ombre
la suie perd son courage
j’écris vivre en la mort
--------------------------------------------------------------------