INTRODUCTION

Peut-on disserter sur un malaise ?. 2

« La littérature et son existence escarpée ». 3

Le Discours d'idées. 4

Une conception de la lecture faite d'attente et de défenses. 5

Délimitation du champ historique et littéraire. 6

 

Peut-on disserter sur un malaise ?

Dans un article récent sur « Littérature et Développement », Robert Escarpit déclarait: « Il est difficile de concevoir qu'un pays puisse avoir son autonomie culturelle, dans le monde où nous vivons, sans posséder une littérature nationale à la mesure de ses besoins [1]. » L'Algérie est, de l'ensemble des pays du Tiers monde, l'un de ceux dont la littérature nationale de langue française connut le plus grand retentissement et la production la plus féconde. Les romans de Mouloud Feraoun, Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine ou Malek Haddad sont connus, depuis bientôt vingt ans pour certains, d'un vaste public, tant algérien qu'étranger. Et le dixième anniversaire de l'Indépendance voit encore s'affirmer une pro­duction assez importante. Les deux dernières années peuvent être considérées comme celles d'un véritable renouveau : non seulement des auteurs consacrés comme Mohammed Dib ou Kateb Yacine continuent à produire, et ce, loin de toute auto­répétition, mais encore de nouveaux écrivains surgissent, com­me Nabile Farès ou Ali Boumahdi en France, ou toute la pléiade de jeunes poètes groupés autour de l'émission de Jean Sénac en Algérie.

Pourtant, qu'y a-t-il de commun entre Nabile Farès, « Pas­sager de l'Occident » selon sa propre expression, et Ahmed Hamdi qui essaie, sur place et dans la langue nationale, de participer par sa poésie au discours idéologique de son pays ? Peut-on mettre sur le même plan la juvénile autosatisfaction d'un Hosni Kitouni, et les récents reniements de l’œuvre qui l'a consacré par Kateb Yacine ? Et peut-on parler de « litté­rature nationale » pour des romans comme La Répudiation, de Rachid Boudjedra, dont la diffusion est interdite en Algérie ?

Devant cette diversité, il nous a paru intéressant de tenter une description globale de cette littérature « en tant que communication » [2], en tant que fonctionnement. Car nous pensons, avec Jean-Paul Sartre, que :

l'objet littéraire est une étrange toupie qui n'existe qu'en mouvement. Pour la faire surgir, il faut un acte concret qui s'appelle la lecture, et elle ne dure qu'autant que cette lecture peut durer. Hors de là, il n'y a que des tracés noirs sur le papier. [3]

Commentant cette phrase, Robert Escarpit insiste sur l'idée sartrienne de l'historicité du contact entre l’œuvre et le lecteur :

Mais cet autrui pour lequel l'écrivain écrit et cet autrui [qui n'est pas forcément le même, qui est en fait rarement le même] par qui l’œuvre est achevée dans la lecture, ne sont pas des entités éternelles, universelles et désincarnées. Les lecteurs comme les écrivains sont historiques. [4]

Or, cette étude a été faite en Algérie même, à un moment où l'écrivain comme la culture y sont en procès : le premier colloque culturel national de mai-juin 1968 à Alger, le colloque sur le roman maghrébin à Hammamet (Tunisie) en décembre 1968, où Mostefa Lacheraf a envoyé la violente et saine « con­tribution » dont nous donnons des extraits en annexe, la ren­contre de la jeune poésie algérienne à Constantine en avril 1972, sont autant de manifestations, sous des formes différen­tes, d'un « malaise » de l'écriture littéraire dans l'Algérie d'au­jourd'hui. [5]

A quoi tient ce malaise ? Tout d'abord, en ce qui concerne la littérature de langue française, à son extrême jeunesse, qui aboutit à ce que la revue marocaine Souffles pouvait appeler, en octobre 1969, des « floraisons de courants littéraires bâtards qui se confinent dans un mimétisme complaisant de modes littéraires importées, sans attaches réelles avec les réalités profondes de nos pays [6] ». Puis à l'absence, ou au silence des critiques. Enfin, et surtout, à ce que dans un contexte socia­liste, l'écriture fait partie des préoccupations du pouvoir. Si les termes du Ministre de l'Information et de la Culture devant le premier colloque culturel national sont relativement mesu­rés dans leur fermeté [7], ils aboutissent au niveau des exécu­tants à des foudres grotesques mais dangereuses contre « ceux qui se taisent par stérilité, contestent par aliénation ou par opportunisme, répudient par désespoir, revendiquent la liberté d'expression par déviation [8] ». Est-il vraiment honnête dans ces conditions de parler, comme on le fait souvent, de « l'ab­sence d'une volonté d'expression », ou encore d'une « autocen­sure » chez les écrivains ? Ne faut-il pas dénoncer plutôt, comme le souligne encore la revue Souffles, la constitution parallèle d'une « littérature des bouffons, des artistes-esclaves et des agents de la répression culturelle qui pullule, déguisée parfois sous les slogans de mobilisation démagogique [9]», devant laquelle on ferait place nette ? Car pendant ce temps « le peuple attend toujours ».

Au moment où l'on se prépare à donner au dixième anni­versaire de l'Indépendance un éclat culturel tout particulier [10], il nous a semblé simplement utile de décrire ce que nous con­sidérons comme les trois pôles entre lesquels devra s'élaborer un fonctionnement littéraire dans l'Algérie actuelle.

« La littérature et son existence escarpée »

Nous présenterons d'abord les textes les plus connus de cette littérature, depuis sa « naissance » en 1950, date de publi­cation du Fils du pauvre de Mouloud Feraoun [11]. Mais plutôt que de faire comme Jean Déjeux [12] la suite de monographies dont nous signalons par ailleurs la nécessité, ou d'essayer comme Abdelkébir Khatibi dans Le Roman maghrébin [13] une classification historique par thèmes, tout aussi utile et peu faite jusqu'ici, nous avons tenté de délimiter les « espaces » dans lesquels, et entre lesquels, se meut le plus souvent l'ima­gination créatrice de l'écrivain algérien de langue française. Si nous refusons le carcan trop raide et systématique d'une « psychocritique », nous avons cependant pensé utile de déga­ger, telles que nous les ressentions, un certain nombre de structures que nous nous permettons d'appeler « profondes », d'abord parce qu'elles ne sont pas toujours parfaitement explicites dans les textes, ensuite parce que de toute évidence elles apparaissent plus ou moins trahies, oubliées ou carica­turées involontairement dans la littérature telle que la dessine l'idéologie.

Ces « structures profondes » nous ont semblé l'un des critè­res possibles de distinction entre la littérature et « le fonction­nement significatif du langage », en ce qu'elles instituent et animent des « espaces » propres à l'imagination créatrice [14]". Les polémistes autour de la littérature algérienne de langue française, croyant parler de cette littérature même, n'ont que trop tendance à oublier qu'elle est d'abord littérature, et que la meilleure part d'elle est justement cette « image dans le tapis » de la nouvelle de James, secret arcane de la création, dernière « porte, close, en travers de laquelle se trouve le corps de l'auteur ». Car « Cette chose qui marche, et qui va d’œuvre en oeuvre pour nous perdre, et qui s'envole, savons­-nous que c'est la même qui viendra nous sourire et nous accueillir à notre mort [15] ? »

C'est autour de cette intransitivité radicale de la littérature, soulignée par Michel Foucault dans Les Mots et les Choses, que nous avons conçu notre première partie, dans laquelle nous avons veillé à ne pas céder à la tentation de remplir le vide, l'absence au-delà de la dernière porte, par notre savoir, mais où nous tentons malgré tout de mener le lecteur jusqu'à cette porte même, jusqu'à ce « visage d'ombre d'où s'écoulait le discours » que contemple Rodwan dans La Danse du roi de Mohammed Dib (p. 51). D'ailleurs n'est-ce pas dans l'évolution inquiète de Mohammed Dib justement - mais nous verrons qu'il n'est pas seul -, que « la littérature se distingue de plus en plus du discours d'idées [16] » ?

Le Discours d'idées

Nous n'en sommes pas moins amené cependant à consta­ter la présence quasi continue de ce discours d'idées dans la littérature algérienne de langue française, du moins telle qu'on a coutume de la délimiter. Car nous n'oublions pas que cette littérature fut d'abord une arme, une réponse à un discours d'idées négateur, tenu par la colonisation. Elle reste aujour­d'hui encore un noyau autour duquel, par lequel, se cristalli­sent certains thèmes de la controverse idéologique, sous ses deux aspects : ce que nous appelons le « Discours social », c'est-à-dire l'idéologie officielle ou semi-officielle, plus ou moins reprise par la presse et une littérature protégée par cette idéologie, et même son contre-discours, dont la libération de la femme est une préoccupation majeure, mais qui use fina­lement du même langage, en son fonctionnement pauvrement significatif.

Aussi nous entendons « Discours social » au sens le plus large: celui d'une « lecture d'idées », qui pourrait à la rigueur se passer de l' « existence escarpée [17] » de la littérature. Et c'est en fonction de deux plans différents de « lecture » que nous distinguons nos deux premières parties :

La démarche du lecteur, dit Robert Escarpit, se déroule simultanément sur deux plans: d'une part celui de la pensée conceptuelle et de l'imagination objective, socialisées toutes deux, d'autre part celui du rêve, de la hantise, de la frustra­tion, les uns et les autres traduisant sa liberté dans une situation que le livre ramène à une expérience particulière [18].

Simplement, nous inversons l'ordre, le plan « du rêve, de la hantise, de la frustration » étant amené en première partie, parce que les concepts-clés qui s'en dégagent, ceux d' « espace maternel » et de « cité » seront réutilisés, à la fois dans l'ana­lyse du « discours d'idées » (deuxième partie) et dans celle des attitudes saisissables des lecteurs (troisième partie).

Sous le titre : « La Littérature du Discours social », nous traiterons donc des lectures sur le plan « de la pensée concep­tuelle et de l'imagination objective, socialisées toutes deux ». Et ce, à plusieurs niveaux : ce sera tout d'abord la lecture uni­voque, par les tenants du Discours social, de la littérature même dont nous aurons quelque peu approché les « structures profondes de l’imagination créatrice ». Le Discours d'idées, et son arsenal de procédures d'exclusions feront subir à cette littérature un bien étrange traitement. Et lorsqu'elle aura été « à la fois contrôlée, sélectionnée, organisée et redistribuée par un certain nombre de procédures qui ont pour rôle d'en con­jurer les pouvoirs et les dangers, d'en maîtriser l'événement aléatoire, d'en esquiver la lourde, la redoutable matérialité [19] », nous aurons peine à reconnaître cet ensemble de textes dont toute notre première partie voulait justement permettre une lecture multiple.

Que dire alors des productions mêmes que le Discours social suscite et encourage ? Peut-on encore parler de littéra­ture ? Faut-il parler de sous-littérature ? Nous ne pensons pas qu'il soit possible de le faire, au sens où l'on entend ce terme de « sous-littérature » dans les sociétés capitalistes avancées. On ne peut pas non plus parler de jdanovisme, qui supposerait une politique cohérente de dirigisme littéraire. Or, si ce diri­gisme est un fait indéniable, les jeunes poètes que nous avons vus à Constantine en avril 1972 ont su se glisser dans la lézar­de dé ses hésitations car : « Chaque fois les plans sont boule­versés », répète le leitmotiv du Polygone étoilé  [20]. Peut-être la pauvreté des nouvelles de Promesses et d'Algérie-Actualité que nous étudierons dans les mêmes chapitres est-elle surtout l'expression d'un vide culturel, quand tout le monde a déser­té ? « Quant aux artistes, nous n'en avons pas vu un seul », dit encore Kateb Yacine [21].

Une conception de la lecture faite d'attente et de défenses

Et pourtant l'enquête auprès des lecteurs éventuels - du troisième pôle du fonctionnement littéraire (ou de son absen­ce) - révèle une profonde attente auprès du public potentiel, qui se sentira directement concerné par des thèmes comme celui de la situation de la femme et du couple dans son pays, mais révèlera par ailleurs la pauvreté de sa lecture effective. On ne manquera pas de contester le bien-fondé d'une étude sociologique, se servant par surcroît de la méthode statistique, dans une recherche de Littérature comparée. Ne sommes-nous pas, le faisant, en contradiction avec ce que nous disions nous­-même sur notre refus de remplir le vide au-delà de la dernière porte, de violer cette intransitivité radicale de la littérature qui, si elle se sépare, selon Foucault, du Discours d'idées, sera de toute évidence encore plus réfractaire au discours statisti­que ?

Précisons d'emblée qu'il ne s'agit plus ici de décrire des textes, mais la lecture possible de ces textes, opération dont nous avons montré avec Jean-Paul Sartre que sans elle, ces textes ne seraient plus que « des tracés noirs sur le papier ».

Troisième pôle, mais indispensable, d'un éventuel fonction­nement littéraire, les lecteurs potentiels que nous avons inter­rogés vont nous apprendre surtout comment les différents espaces, tout comme les différents discours que nous aurons dégagés dans nos précédentes parties vont s'articuler dans cet accomplissement de l’œuvre qu'est sa lecture individuelle, et ce, par rapport aux deux plans de la démarche du lecteur déga­gés plus haut [22]. Cette enquête nous permettra, certes, de déga­ger un certain nombre de masses, linguistiques, sociocultu­relles, dans leur rapport avec le livre, ses thèmes, ou tout sim­plement l'écrit en tant que tel, dans un pays à forte tradition orale. Mais elle révélera surtout, à mesure de son déroule­ment, comment s'articulent au niveau des individus l'espace public, ouvert à la parole et au regard de la Cité, et l'espace intime, caché, silencieux, que nous avons appelé Espace ma­ternel. Elle nous apprendra entre autres à séparer, dans la vie, certes, mais aussi dans l'attente face au livre, la sueur, dont on souhaite l'émancipation, et la mère, gardienne d'un espace trop profond pour qu'on laisse l'écrit, farouchement limité à la Cité, y pénétrer. Elle nous apprendra également à faire la part, dans la thématique du Discours social, entre ses aspects vécus mais plus ou moins oblitérés, et ceux au contraire qu'on ressent comme surajoutés, ou confisqués.

Il était donc indispensable de solliciter également les lec­teurs, et nous pensons que, si chacun des trois aspects de notre étude mériterait un développement bien plus approfon­di que ce que nous n'avons pu le faire [23], il fallait au moins une fois essayer de les souligner tous trois simultanément, car la littérature en tant que communication, que fonctionnement, ne les sépare jamais.

Délimitation du champ historique et littéraire

Nous avons assez montré les ambiguïtés de la situation actuelle pour qu'il soit évident que le terminus ad quem sera le plus contemporain possible de la date d'achèvement de ce travail. Il se situera donc dans les textes parus début 1972. Pour le terminus a quo, un rapide coup d’œil sur la date de publication des oeuvres les plus connues d'écrivains algériens de langue française, et plus encore sur celle des textes, peu nombreux, que l'on trouve dans les librairies en Algérie, nous apprend tout d'abord que cette littérature est un fait récent. Si Jean Amrouche a donné en 1934 et 1937, Cendres et Étoile secrète, plaquettes à présent introuvables, s'il a recueilli de la bouche de sa mère les Chants berbères de Kabylie en 1939, il faut attendre la parution du Fils du pauvre, de Feraoun, en 1950, pour que la critique reconnaisse enfin une oeuvre algé­rienne en tant que telle, et ce n'est qu'avec la « génération de 1952 », celle de La Grande Maison de Mohammed Dib, et de La Colline oubliée de Mammeri, que cette littérature affirme véritablement son existence.

Nous laisserons volontairement de côté ce qu'on a appelé « l'École d'Alger » : même si certains des écrivains algériens y ont fait leurs premières armes, même si à sa mort, on a pu parler de « Camus l'Algérien [24] », nous constatons avec Moham­med Dib que :

ce simple fait qu'un certain nombre d'écrivains, quelle que soit leur origine, aient situé leurs oeuvres en Afrique du Nord ne suffit pas à créer une école. Il y manquerait l'essentiel, une orientation et des préoccupations communes. Il me sem­ble plutôt qu'une littérature nationale, dans le sens le plus généreux du mot, est en train de se former [25].

Nous tairons donc ici la polémique que souleva en 1964 la parution de l'Anthologie des écrivains maghrébins d'expression française : A. Memmi n'a-t-il pas répondu à ses détracteurs en publiant parallèlement une Anthologie des écrivains français du Maghreb, chez le même éditeur en 1969 ?

Nous reprendrons cependant à notre compte, du moins pour l'objet « littéraire » de cette recherche pluridisciplinaire, les critères retenus par Jean Déjeux dans l'introduction à son étude sur La littérature maghrébine de langue fran­çaise, en remplaçant « maghrébine » par « algérienne [26] » : « Lit­térature [ ... ] produite par des autochtones nés dans les sociétés arabo-berbères [ ... ]. De langue française, c'est-à­-dire produite par des auteurs écrivant le français ou en fran­çais, mais non en tant que Français. » Littérature « d'écriture ou de graphie française » dit Jean Sénac. Jean Déjeux ajoute au premier point : « Elle peut aussi être le fait de Français nés en Algérie et qui ont opté pour la nationalité algérienne. » Comme nous ne consacrons pas de véritable étude à Jean Sénac poète, et moins encore à d'autres écrivains dans son cas, nous n'avons pas jugé utile de conserver ce rajout, même si nous considérons Jean Sénac comme un poète authentique­ment algérien [27].

Pour « la littérature du Discours social », puisqu'il s'agit avant tout de ce que nous avons appelé avec Michel Foucault un « discours d'idées », il était plus difficile de la délimiter rigoureusement. Nous avions ébauché une étude de la presse « culturelle » et des déclarations officielles sur la Culture. Mais ce sujet, passionnant en soi, nous aurait mené trop loin. Il en est de même pour une étude, également ébauchée, des deux séries de bandes dessinées algériennes : M'Quidech, qu; se signale par un assez bon « niveau », tant graphique que textuel, et Jeunesse-Action, de création plus récente, dont les « textes » relèvent de la plus basse démagogie et dont les dessins sont d'une qualité exécrable. Peut-être reviendrons-nous plus tard à ces sujets, ainsi qu'à l'étude de la tradition orale, sur laquelle nous possédons de nombreux renseignements non encore exploités.

Nous nous sommes donc cantonné à l'étude des manuels scolaires, des nouvelles de Promesses et d'Algérie-Actualité (corpus de dix-huit mois environ), et de quelques textes des « jeunes poètes »  réunis à Constantine en avril 1972.



[1] Robert Escarpit, « Littérature et Développement », dans Le Littéraire et le social, p. 251.

[2] Robert Escarpit, op. cit., p. 18.

[3] Jean-Paul Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?, p. 52.

[4] Robert Escarpit, Le Littéraire et le social, p. 18.

[5] Le colloque sur le roman maghrébin à l’Université de Paris-Nord en mai 1973, les communications prévues pour un colloque sur « Littérature et expression populaire au Maghreb actuel » à Constantine en mai 1974 témoignent d’un même malaise. Complément de note en 2001 : L’interdiction de ce colloque, qui n’avait pas encore eu lieu au moment où ce livre était sous presses, témoigne bien sûr encore plus de ce malaise !

[6] « Appel aux écrivains maghrébins », Souffles, no 15, 3e trimestre 1969, p. 99-102.

[7] « [ ... ] la démarche culturelle n'est pas une démarche solitaire [ ... elle] s'inscrit dans l'effort d'ensemble du développement [ ... ], l'homme de culture est responsable et comptable devant la nation tout entière. » El Moudjahid, ler juin 1968.

[8] Salah Fellah, « Entre le pain et la liberté d'expression », An Nasr, Constantine, 4 avril 1970.

[9] « Prologue », Souffles, no 10-11, 3e trimestre 1968, p. 2. Nous em­pruntons les textes d'appui de ce paragraphe à Jean Déjeux, La Littérature maghrébine d'expression française, chapitre 10: «Situa­tion actuelle », p. 301-334.

[10] « Nous faisons donc appel à nos romanciers, à nos poètes, à nos peintres, à nos musiciens, à nos cinéastes, à nos sculpteurs, à nos graveurs, à nos gens de radio et de théâtre, à tous ceux qui ont le merveilleux pouvoir de transformer l'Histoire en légende et la légende en Histoire, à tous ceux qui ont le fabuleux privilège de savoir éterniser les moments pathétiques d'un Destin National, de présenter et de représenter le Génie Créateur d'un peuple en l'an X de sa Libération » (Malek Haddad, Directeur de la Culture au Ministère de l'Information et de la Culture, « Que des oeuvres impérissables... », éditorial de Promesses, no 14, janvier-février 1972). Notons que malgré l'ampleur des moyens matériels mis en oeuvre, l'entreprise a tourné court.

[11] Voir infra : Délimitation du champ historique et littéraire.

[12] Op. cit.

[13] Paris, Maspero, 1968.

[14] Voir Michel Foucault, Les Mots et les Choses, p. 59.

[15] Claude Vivien, « L'image dans le tapis », Paris, Le Nouveau Commer­ce, no 15-16, 1970, p. 13-22.

[16] Michel Foucault, op. cit., p. 313.

[17] Ibid, p. 313.

[18] Robert Escarpit, in Le Littéraire et le Social, p. 31.

[19] Michel Foucault, L'Ordre du discours, p. 10-11.

[20] Kateb Yacine, Le Polygone étoilé, voir par exemple p. 10.

[21] Ibid., p. 17.

[22] « La problématique selon laquelle le lecteur décode le livre et accom­plit l’œuvre en ce qui le concerne, est consciente ou subconsciente, formulée ou informulée, mais elle est toujours individuelle » . (Ro­bert Escarpit, op. cit., p. 31).

[23] « La problématique selon laquelle le lecteur décode le livre et accom­plit l’œuvre en ce qui le concerne, est consciente ou subconsciente, formulée ou informulée, mais elle est toujours individuelle . (Ro­bert Escarpit, op. cit., p. 31).

[24] Titre du numéro spécial, juillet 1960, de la revue Simoun.

[25] Les Nouvelles littéraires, 22 octobre 1953.

[26] Des écrivains marocains ou tunisiens seront cependant cités, mais seulement à titre de référence ou de comparaison. C'est surtout l'analyse socio-politique qui sera limitée à l'Algérie.

[27] Nous le proclamons d'autant plus vivement, en novembre 1973, que le silence concerté de la presse nationale après l'assassinat du poète confirme le processus de plus en plus violent d'exclusion du regard critique.