GEOGRAPHIE
DE L'ETRANGETE
EN
LITTERATURE FRANCOPHONE
"Alors qu'en Europe, la pensée, l'histoire, l'héritage culturel constituent des références fortes pour l'épistémologie, leur validité se voit brouillée voire contestée dans la pensée postcoloniale. Certaines œuvres cherchent alors délibérément à déconstruire les notions européennes d'histoire et d'ordre chronologique. [...] Il s'agit de remplacer la linéarité temporelle par la pluralité spatiale. Le poète australien Les Murray remarque ainsi que dans la pensée postcoloniale, "time broadens into space", soulignant que les formes hybrides, syncrétiques, de ces littératures s'éloignent délibérément du modèle historique autoritaire européen pour chercher d'autres moyens de d'appréhension de la réalité, et notamment une vision nouvelle de l'espace."[1]
La littérature française,
mais aussi la critique et les théories qu'elle engendre, semblent être la
source de nombreux questionnements sur le temps. De Temps et récit à La
Recherche du temps perdu, en passant par les études de Georges Poulet, ou
encore celles menées par Ricardou la temporalité dans le Nouveau Roman,
l'ellipse temporelle de la fin de L'Education sentimentale... les
illustres exemples ne manquent pas pour montrer l'étendue de la recherche en ce
domaine. Mais qu'en est-il en littérature francophone, c'est-à-dire de
littératures bien souvent issues de pays non pas "neufs", mais où le
poids du temps et de la tradition littéraire semblent bien moindre que pour des
œuvres écrites en métropole et sur la métropole? La pertinence d'analyse de
la catégorie temporelle ne peut-elle pas être mise en concurrence avec celle de
l'espace?[2]
Nous formons l'hypothèse
que les représentations de l'espace en littérature francophone ont une
dimension très prégnante sur le récit: l'histoire des pays de la
francophonie s'étant souvent écrite au fil des avancées des colons, l'espace
référentiel porte les marques de l'Histoire; les lieux romanesques forment un
cadre au récit, mais fournissent également toute une gamme de motifs thématiques,
qui par leur importance, deviennent des motifs structurels. Tel semble être le
cas pour l'ailleurs, l'errance, le parcours, le fait de se perdre, la fuite, le
cheminement... Mais interroger l'espace, c'est aussi interroger les relations
qui lie l'instance narrative aux personnages qui
habitent cet espace. Dès lors, l'étude des lieux du roman francophone peut être
susceptible de fournir une grille de lecture des relations à l'Autre, à
l'étranger.
Nous maintenant tout d'abord
dans un cadre littéraire très vaste, nous mentionnerons quelques éléments qui
ont donné naissance à cette hypothèse, comment justifier de ce glissement de
l'Histoire à la géographie en littérature francophone. Pénétrant ensuite
l'univers romanesque, nous nous pencherons sur les représentations des lieux
dans le récit et les rapports qu'entretiennent les personnages à ces lieux.
(S'agit-il d'un rapport statique, dynamique?) Cela se fait-il sur le mode de
l'osmose, du reflet, du conflit? Enfin, à partir de ces pistes de réflexion sur
la spatialité, nous proposerons une tentative de typologie des personnages en
fonction précisément de leurs rapports aux lieux.
"TIME BROADENS INTO SPACE"
Une histoire inscrite dans l'espace
L'étude de l'histoire des pays de la francophonie ne peut
faire l'économie de l'étude de leur géographie. Leur histoire depuis la
colonisation est l'histoire d'une conquête par les colons, puis d'une
reconquête par les autochtones. Celles-ci se sont bien souvent effectuées au
rythme de la progression sur le terrain; d'où une fragmentation de l'espace
colonisé. Fragmentation accentuée par le découpage géographique imposé durant
la colonisation (voire à l'indépendance) et qui ne tient pas compte des
découpages politiques, culturels, économiques traditionnels. L'histoire de la
modernisation accélérée des pays de la francophonie se lit le long des axes de
communication, véritables colonnes vertébrales de la pénétration des mœurs
étrangères dans le pays: fleuves, voies ferrées, routes principales... Mais il
faut également tenir compte de la topographie locale: les espaces pleins,
centraux (les villes, le village, les carrefours de chemins, les lieux de
pèlerinage...), des vides que constituent le désert, la forêt, les étendues
d'eau (lacs, mers...). Tous ces éléments fonctionnent souvent comme des
frontières, des limites (qui offre le choix de l'arrêt ou de la transgression
pour le récit, pour le personnage). Ce sont des lieux de transition, de
passage.
Géographies de l'espace littéraire francophone
Nous nous maintenons à un
niveau référentiel très large afin d'étudier l'espace de production littéraire
dans lequel sont créées ces œuvres. Faire apparaître la francophonie sur une
mappemonde, c'est faire ressortir un réseau de liens essentiellement culturels
qui n'apparaît pas évident à première vue. La géographie culturelle de la
francophonie informe sur les rapports entre production littéraire et lieux de
publication, de reconnaissance et espaces de réception. Les auteurs belges et
suisses sont souvent tout bonnement considérés comme Français; les auteurs du
Maghreb, de l'Afrique noire, des Caraïbes écrivent souvent pour un public
français, du moins lors de l'émergence de leur littérature car l'économie de
leurs pays ne permet pas la vitalité éditoriale; les auteurs québécois sont
plus indépendants car ils ont leur propre réseau éditorial à Montréal, Paris ne
figurant que comme un pôle second de reconnaissance, concurrencé aussi par New
York. Les destinataires, la réception est décalée par rapport à son lieu de
production pour la plupart des espaces francophones.
VIVRE
L'ESPACE
"Vivre" plutôt qu'"habiter" car
souvent se pose le problème de la possession de l'espace. Or, posséder un
espace, l'habiter, c'est avoir des origines, une identité. Nous allons voir que
bien souvent, tel n'est pas le cas dans le roman francophone, les protagonistes
sont plus souvent des figures de la dépossession de l'espace, mais aussi
dépossession de soi[3]. Il
existe de multiples façons de vivre le lieu romanesque, mais il semble qu'en
littérature francophone, les modes de représentations de relation des
personnages aux lieux ne sont jamais
anodins. En regard de ce que nous avons déjà énoncé, nous avançons l'hypothèse
que ces représentations revêtent bien souvent une signification importante
(sans doute davantage problématique qu'en littérature française où l'importance
de la géographie est moindre). La représentation de l'espace et les relations
qu'entretiennent les personnages à cet espace peut être interrogée selon
différents critères: la dynamique de la relation, l'opposition espace familier
/ inconnu, l'opposition monde réel / monde imaginaire.
Mobilité et immobilité
- Les modes de déplacement: Les personnages se
déplacent-ils? Par quels moyens (à pied, le train, le bateau, la voiture...)?
Dans quel périmètre (la ville, les alentours, le pays, le continent, au-delà?)
Ce déplacement s'effectue-t-il seul ou en compagnie? Est-ce un voyage à l'itinéraire réfléchi ou
une errance? Dans quelles circonstances s'effectue le départ (et le retour)? Le
nomadisme est-il un mode de vie ou un moment circonscrit dans le temps? Ou bien
s'agit-il d'un voyage intérieur, un exil?
- Les fins: Y a-t-il un retour? Le voyage se solde-t-il
par la sédentarisation, le retour au lieu d'origine, la mort du personnage? Le
personnage est-il identique à lui-même au début et à la fin de ce voyage?
- Les significations: Quelle place dans le roman est
accordée à ce périple (recouvre-t-il toute la narration, forme-t-il un temps
fort, un retournement...?); autrement dit, quelle dimension structurelle
accorder au périple? Revêt-il une signification initiatique? une
signification religieuse (pèlerinage)?
Ou au contraire, les personnages sont-ils sédentaires?
Ou encore, y a-t-il une opposition entre personnages nomades et personnages
sédentaires? Comment sont représentés chacun de ces modes d'appréhension de
l'espace: sont-ils expression de souffrance, de liberté, d'un besoin de
quête...?
L'ici et l'ailleurs
L'ici, c'est l'espace familier du personnage, l'aune
par rapport à laquelle il se situe. Quel est l'ici dans la littérature
francophone: le village, ou plus largement, le pays d'origine dont la
cartographie est suggérée par quels que points et axes récurrents. Selon
Edouard Glissant[4], cet
effet crée un déplacement, un recentrage. Pour les lecteurs métropolitains, il
s'agit d'une périphérie géographique qui est instituée, sur le plan de la
narration, en centre. Un passage à lieu, celui qui mène de la marginalité de la
parole romanesque à la marginalité de son lieu d'énonciation. C'est en cela que
nous pouvons parler d'un décentrement. L'ici est souvent présenté comme le lieu
de la médiocrité; il est une prison, même lorsqu'il s'agit d'un espace qui
offre de multiples possibilités de déambulations (villes où fourmillent les
ruelles ou vaste campagne). L'ici est le lieu de la vacuité, au sens propre, au
sens figuré (le trop plein comme indice d'un vide comblé artificiellement), au
sens métaphorique (le vide existentiel ressenti dans ce lieu, mais aussi la
vacuité de sens). Insatisfaction qui pousse vers l'ailleurs.
Si l'ici est une donnée première, immédiate à la lecture
d'un roman, l'ailleurs est relatif. L'ailleurs ne peut être compris que
par opposition à ce qui est défini comme ici. Qu'est-ce que l'ailleurs dans le
roman francophone? Ville et zone rurale s'excluent mutuellement, tout comme
intériorité et extériorité du lieu d'habitation aussi (particulièrement
important en littérature maghrébine où l'espace intérieur est perçu comme
essentiellement féminin); le pays anciennement colonisateur, la métropole et le
pays d'origine, mais aussi l'espace francophone et un espace "autre",
tiers s'opposent.
Enfin, il est un lieu particulier, sans doute le lieu autre par excellence: le
désert, qui fonctionne comme une superposition de l'ici et de l'ailleurs.
C'est un ailleurs, un lieu étranger au personnage, mais qui revêt dans son
imaginaire toutes les caractéristiques qu'il attribue à l'ici: la vacuité, le
paradoxe entre espace immense et renfermement. Le désert est l'espace de la
perte des repères, des mirages, mais aussi la perte du repaire, du lieu dans
lequel le personnage coïncide à lui-même. Comme le souligne le narrateur de
Cowboy[5],
le désert est un "nowhere". Si en Anglais le mot no-where désigne le désert comme le nulle part par
excellence, mais si nous acceptons de jouer sur la formation du mot, nous avons
tôt fait de lire le nowhere comme un now-here,
c'est-à-dire le lieu de l'ici-maintenant par
excellence, où temps et espace s'abolissent mutuellement.
Monde réel et monde imaginaire dans la fiction
romanesque
S'interroger sur les représentations de l'ailleurs
conduit insensiblement à poser le problème de la réalité et de l'imaginaire
romanesque. C'est parce que l'ailleurs est relatif, comme dépendant de la
détermination de l'ici qu'il peut être conçu comme un degré de fiction
supplémentaire. Tout comme l'ici du personnage est fictif pour le lecteur,
l'ailleurs tel que se le représente le personnage est simple fiction pour les
autres personnages. L'ailleurs est le
produit d'un jeu de représentations, de divagations entretenu par
l'imagination. Avant d'être connu, traversé (s'il est au cours du roman),
l'ailleurs est avant tout imaginé, dit, façonné par des schémas de pensée
collectifs et individuels. Ce peut être la métropole, le lieu des origines
identitaires, un lieu concurrent... Par exemple, Simone Schwart-Bart
fait voyager Ti-Jean en Afrique lors d'une vaste
rêverie, l'Afrique étant pour le Caraïbéen le berceau
des origines[6]. En
littérature franco-canadienne, tout un imaginaire se constitue autour des
Etats-Unis et notamment la Californie. En effet, d'un point de vue
géographique, cet état est tout autant périphérique que le Québec. Cependant,
la Californie est un centre d'innovation (économique, artistique, culturel,
etc.) permanent et qui irradie tout le continent américain, alors que le Québec
accuse souvent un léger retard, voire parfois des formes de résistance. La
Californie fonctionne donc souvent comme une figure de l'Autre inversée dans la
littérature québécoise, ailleurs vers lequel tentent de se retrouver les
personnages d'Une Histoire américaine[7]
et de Volkswagen Blues[8].
A cet égard, l'ailleurs est une production qui combine
les données d'une mythologie personnelle et collective. L'évocation de
l'ailleurs est invitation à la rêverie, à la mise en route de l'imagination, à
l'errance mentale... Il semblerait alors que nous sombrions dans une sorte de
cercle herméneutique, mais aussi romanesque: la rêverie sur l'ailleurs appelle
l'errance intérieure et l'errance comme mode de déplacement qui conduit à
l'ailleurs et relance la rêverie.
PETITE
CARTOGRAPHIE DES FIGURES DE L'AUTRE
Etudier les déplacements des
personnages, leurs modes de représentations de l'ailleurs conduit à étudier
leurs relations à l'Autre. Lorsque que l'Autre se déplace, quelles sont ses
relations aux personnages rencontrés? Ce glissement repose sur le postulat
d'une double corrélation: si l'ici correspond à la situation d'énonciation
mettant en présence le "je" et le "tu", l'ailleurs correspond
au "il". Mais justement, qui est l'Autre dans le roman francophone?
S'agit-il d'un tu, d'un il? Qui sont ces instances?
La relation à l'étranger
L'Autre proche (tu) est une figure du
double (le frère, le voisin, l'ami, l'être aimé...). Mais ce peut être le
compagnon de route, ressortissant d'un ailleurs. L'Autre, même très proche (par
sa ressemblance ou par l'immédiateté de la relation qu'instaure le récit), est
toujours néanmoins autre: il est rencontre avec une figure de la différence.
Possibilité d'interroger la relation du protagoniste à ces personnages proches
sous l'angle du même et de la différence. Les personnages secondaires sont-ils
des avatars du protagoniste, chacun une facette du protagoniste (les
personnages masculins dans Nedjma[9]?)
ou le complète-t-il? Ou au contraire, sont-ils des miroirs inversés? Qui est
même, qui est autre? Le protagoniste est-il un personnage à part, perçu comme
marginal, ou au contraire est-il représentatif d'un groupe? Ex: irréductible
étrangeté des narrateurs d'Hamelin.
L'Autre lointain (il): le "il" pose
plus directement le problème du rapport à l'étranger. L'étranger est une figure
particulière de l'Autre. Là encore, comme la notion d'ailleurs, le concept
d'étranger est relatif à celui d'identité. Qui est l'étranger dans le roman
francophone? S'agit-il du citadin par opposition au rural? du
colon par opposition à l'autochtone? du métropolitain
par opposition à celui resté au pays d'origine? d'un
pays tiers par rapport au pays d'origine et à la métropole? d'un
immigré d'un pays tiers? d'un autochtone issu d'une
autre ascendance?
Mais le il peut se décliner au pluriel: le "ils"
fait alors référence à un ensemble soumis aux représentations collectives.
Mais il peut être également représentatif d'une institution dont la réalité
échappe au personnage: administration imposée, monopole économique d'une grande
firme, pouvoir culturel d'une civilisation étrangère... Le "ils" est
l'expression d'un pouvoir exercé mais qui est au mieux concentré par un
personnage (un représentant), qui est une entité surplombante qui échappe au
protagoniste. Peut-être le "ils" symbolise-t-il aussi un ordre des
choses contre lequel s'exerce l'action du protagoniste.
L'étrangeté du narrateur
- Sur le plan de l'Histoire littéraire, dans un premier
temps le roman francophone a présenté une figure de l'étranger dans un espace
perçu comme familier. C'est par exemple le cas du personnage de Marie dans
La Terre et le sang[10].
- Un cas de figure déjà plus
problématique lorsque la parole est donnée à cet étranger, c'est-à-dire que le
narrateur est l'étranger. Dans ce cas, le lecteur a plutôt l'impression d'une
familiarité du personnage et d'une étrangeté de l'espace. Un retournement
s'impose pourtant: un tel point de vue n'est-il pas une simple commodité pour
la pensée, pour l'explication? Car si nous nous replaçons dans le cadre du
roman, sans tenir compte de l'importance des personnages ou du point de vue
narratif, c'est le protagoniste qui est étranger! Jusqu'à quel point
l'étrangeté imprègne-t-elle l'identité du protagoniste? Cette étrangeté peut se
situer à deux niveaux:
-
au niveau de la narration, par un narrateur
différent du personnage, qui présente les faits de façon détachée et distanciée
et ne fait donc pas apparaître les relations de cause à effet ou les réactions
par opposition. C'est le cas dans Nedjma, où le système narratif est
construit de telle façon que le personnage éponyme n'assume jamais le récit.
-
au niveau de la représentation, par une narration
qui valorise la dimension de l'inconscient du protagoniste du roman: les motifs
récurrents, les rêves et rêveries, les associations d'idées, les augures, les
malédictions...
- Dans un dernier temps,
l'étrangeté n'a plus été concentrée dans un seul personnage, mais plutôt
transposée dans l'écriture même. Une écriture de l'étrangeté se développe
alors, caractérisée par des formes, des styles déroutants. L'appellation de
roman est maintenue (entretenant le lecteur métropolitain dans une impression
de familiarité), mais le texte ne coïncide plus avec les conceptions métropolitaines
du roman, d'où cette impression d'étrangeté qui se dégage finalement à la
lecture.
L'altérité familière
La perception de l'étrangeté, de l'altérité imprègne tout
l'univers romanesque: nous pouvons ainsi parler de l'étrangeté du narrateur, de
l'espace, de l'écriture... Mais dans le roman francophone, cette impression
d'altérité concerne paradoxalement tout
ce qui est perçu comme immédiat, familier, et non plus seulement ce qui est
lointain, radicalement différent. Le monde de la fiction apparaît dénué de
repères grâce auxquels le personnage puisse s'orienter. Tout lui semble
étrangement familier, mais rien ne l'est véritablement. Le lecteur
métropolitain ressent la même impression: l'œuvre qu'il lit est écrite dans une
langue connue, avec des codes et selon un genre connus; cependant, les codes
d'écriture, de référence diffèrent. L'étrangeté, l'altérité devient un mode
d'être familier.
Vers
de plus vastes errances théoriques...
Cette réflexion se voulait être un petit répertoire de
questionnements pour aborder des lectures de romans francophones, proposant
quelques amorces de réponses. Le projet consistait à souligner quelques aspects
de la spatialité dans le roman francophone (l'espace textuel, matériel n'a pas
été traité[11]) par
souci de cerner ce qui était spécifique à ce type de romans. Il s'agissait
avant tout de mettre en valeur la prégnance de l'espace dans ces romans afin de
proposer une problématisation des relations entre les personnages.
L'une des perspectives
d'étude que laisse entrevoir ce premier travail consisterait à étudier la
dépossession dans le roman francophone: en premier lieu, dépossession de la
terre, de l'espace certes, mais jusqu'à quel point cette donnée
influence-t-elle la dépossession identitaire? Il semblerait que l'étude de la
spatialité ouvre ainsi quelques pistes
d'analyses qui pourraient se révéler fructueuses.
[1] Moura, J-M., "De quelques apports et apories
de la théorie postcoloniale pour le domaine francophone", p. 157 in Littératures
postcoloniales et francophonie, Champion, Paris, 2001.
[2] Notre projet ne consiste certainement pas à
appeler à l'abandon de l'étude de la temporalité dans les œuvres francophones;
nous tentons simplement de voir en quoi l'étude de la spatialité pour ces
œuvres pourrait se révéler particulièrement pertinente.
[3] cf la conclusion.
[4] Glissant, E., Poétique de la Relation,
Gallimard, 1990, in chapitre 1, "Approches".
[5] Hamelin, L., Cowboy, XYZ, Montréal, 1992,
p. 420: "Nous étions au début d'un nowhere et nous étions dans le Nord".
[6] Schwart-Bart, S., Ti-Jean l'Horizon, Seuil, "Points", Paris,
1979.
[7] Godbout, J.,Une
Histoire américaine, Seuil, "Points", Paris, 1986.
[8] Poulin, J., Volkswagen Blues, Québec/Amérique, Montréal, 1985.
[9] Kateb, Y., Nedjma, Seuil,
[10] Feraoun, M., La Terre et le Sang, Seuil,
"Méditerranée", Paris, 1979.
[11] Nous nous permettons de
renvoyer le lecteur à l'article "La littérature et l'espace" de
Genette, G., in Figures II, Seuil, Points, Paris, 1969.