COLERES ET REVES
D’UN MUTIN
SIMPLEMENT ALGÉRIEN
N’habitant pas un club privé
Et
pourtant je suis Algérien
Algérien
des montagnes que me dispute
Une
horde de monstres enfantés
Par les
Algériens des clubs privés
Algérien
des rues et des cités
À
l’ombre des sabres de la haine
Algérien
de la misère
Sujet
de sa majesté le F.M.I.
Mais
Algérien
Non
Algérien de club des pins
Ou d’un
quelconque exil doré
Mais
Algérien
Jusqu’au
bout de mes ongles
Qu’on
m’arrache dans les lugubres
Locaux
de la S.M.
Ou dans
une grotte d’une sinistre
Phalange
du GIA
Algérien
de l’Algérie des larmes
De la
colère toujours refoulée
Des
jours froids
Comme
les intrigues d’un bureaucrate
Doublé
d’un politicard-magouilleur
Tapi à
l’ombre d’un sombre colonel de fortune
Et qui
s’ingénie à me désalgérianiser
Pour
mettre sur pied je ne sais
Quelle
république arabo-charognard
Comme
les discours d’un intégriste
Qu’il
soit ministre de la République
Ou
égorgeur de bébés
Et qui
me hait de ne pas me farder
Les
yeux au khôl
De ne
pas me promener avec une hache au flanc
Le livre
saint dans la main
Souillée
de sang innocent
Semant
la mort et le désastre
Au nom
de dieu
Pour
mettre sur pied je ne sais
Quel
décadent califat de la honte
Comme
le coup de gueule d’un général en civil
Que
j’ai osé affronter dans les rues
Armé de
pavés et de dignité d’Algérien
Troublant
la quiétude de son empire
Acquis
à la sueur des miséreux que nous sommes
Nous
Algériens
Parqués
aux alentours de ses sex-shops
De ses
commerces florissants
Egratignant
de notre sourire enchaîné
Le
vernis de ses boutiques de mode
N’habitant pas un club privé
Et
pourtant je suis Algérien
Et
l’océan et la Méditerranée
Ne suffisent pas à contenir ma colère
TERRIBLE FIN DE SIÈCLE
Terrible fin de siècle
Pour
mon beau pays
Que des
vautours ont livré
Aux
semeurs de sanglots et de peine
Aux
dompteurs des âmes révoltées
Les chasseurs des ténèbres
Bavant
la bigoterie stupide
(Qu’une
folie épouvantable broie)
Terrible fin de siècle
Pour
mon pauvre pays qui voit
Ses
enfants pétrir dans le sang
Dans la
haine
Leur
pain quotidien
N’aimant
ni dessin animé
Ni la
beauté d’un corps élancé
Ni le
soleil d’un ciel printanier
N’aimant
que les poignards affilés
Que les
sabres brandis au bout de nos tourments
Les
chasseurs de ténèbres
(Bavant
la foi mendiante et stupide)
Nous
font cortège jusqu’au bout de l’aube
À coups
de sabres de haches et de versets
Le sabre rivalise avec la hache
À deux
doigts de la chair tendre
D'un
violon fracassé contre les parois
D’un
air que les cordes tissent
Dans la
folie d’un amour perdu
Terrible fin de siècle
Pour
mon pauvre pays
Que les
bouffons de la République
Grotesques
et stupides
S'essayent
à en attrister davantage le décor
Qu'impose
l'intégrisme
Par de
criminels discours réconciliateurs
Que des
politiciens impudiques et intriguants
Plongeant
la main dans les bains de sang
Tuant
une autre fois les victimes
De la
démocratie
En font
le lit de la terreur fasciste
Que de
vulgaires charlatans
Rétrogrades
et imbéciles
Venus
du fond du moyen âge
Armés
de couteaux et de théologie haineuse
En font
l’abîme de leurs régressions
(L’acropole
atteinte par leur flot de barbarie)
Le
grenier de leurs tristes frustrations
L’habillant
des haillons du mépris de la vie
LA VAGUE DE FOLIE
La vague de folie emporte
Le pays
dans le tourbillon
Des
faux prophètes
Les
assassins nous assaillent
De
toutes parts, de toutes parts
La mort
s’agrippe à notre chair
En
lambeaux notre âme s’arrache
Et toi
de ton repaire présidentiel
Avec
ton sourire insultant
Et tes
limousines au chrome rutilant
Entouré
de conseillés vautours
Qui
glatissent sur nos cadavres
Jonchant
la terre
Tu
continues à nous parler de devoir
D’un
pseudo-complot transnational
De
l’unité à préserver
Tandis
que nous ou ce qu’il en reste
Egarés
dans le flot de mensonges
Des
discours insipides et gauches
Reproduits
dans les JT de vingt heures
Tissés
de mépris et d’indécence
— Des
sortes d’assassinats cathodiques —
Nous
continuons de mourir
À
chaque fois qu’un intégriste
—
Partenaire politique d’un parterre ignoble —
Se met
à braire contre le soleil
Qu’il
n’aime pas
L’univers se fracasse aux cris
D’un enfant qu’on assassine à coups de hache
Au nom
de dieu
Mais
les programmes continuent
Au
rythme des massacres collectifs
Dans
l’indifférence
De la
famille révolutionnaire
La vague de folie emporte
Le pays
et notre combat est trahi
Mais
nous vaincrions la gent régnante
Au-delà
de la mort qu’elle sème
À
chaque fois que les pavés d’Alger
Ou
d’ailleurs
Résonnent ou
déraisonnent
De la blanche baie au palais présidentiel
Rien ne
va plus dans la République des voyous
Des
hommes d’affaires véreux
Des
agents de change de la BANQUE MONDIALE
De la
racaille mise au garde à vous
Sur les
tribunes de la honte
Malmenant
tout un peuple
À coup
de magouilles
Malmenant
tout un peuple
Crevant
dans la dignité
Qu’on
lui vole
Afin de
l’échanger
Contre
des satisfecit de l’inFaMIe
Eh ! Toi qu’on habille de chez Smalto
Sais-tu
que le peuple s’habille
De
friperie turque
Et que
sa dignité est mise à bas
Par le
peloton des héritiers testamentaires
D’une
Algérie devenue épicerie familiale
Au nom
du premier novembre
Trahi
par vous
“PUISSANCES DES TÉNÈBRES”
Les contours du dos s’impriment
Au mur
de l’attente
Les
grappes de nuages
S’amoncellent
au-dessus des têtes
Les
orages humiliant les roses
Engendrent
souffrance et peine
La misère
courant les routes défoncées
La
lumière n’est que le souvenir froissé
D’un
enfant ayant
Perdu
son enfance
Dans la
poussière du temps
Charriant
le cortège des mensonges
Éternelle
falsification de l’histoire
Apprenant
l’alphabet de la haine
De la
bouche d’un faiseur de talismans
Aigri
par le chapelet des jours arides
Le
crâne bourré d’imbécillités ancestrales
Il ne
chantera jamais l’amour
Il ne
vivra jamais l’amour
Que
comme un crime honteux
—
N'est-il pas vrai qu’un verset prône
l’enfer
pour celui qui y succombe —
Il ne
goûtera jamais au vin grisant
De
l’amour
Le
diseur de boniments
Lui
créa un dieu de haine
L’arma
de propos de haine
Il
adora ce dieu plus que sa mère
Qu’il
détesta parce qu’elle est une femme
Et
c’est dans ce délabrement d’esprit
Qu’il
prit les sentiers de la guerre
— Alors
que le bonimenteur se prélassait
Dans un quelconque palais affrété
Généreusement
par un général réconciliateur —
Il
apprit à haïr les hommes, les femmes
Il adora
dieu
En son
nom, il commit mille viols
Il
décréta impies tous les hommes
Non
armés de sabre pour mutiler les champs
Généreux
de la splendeur humaine
Il
décima les jardins de lumière
Il
remua ciel et terre
Pour
égorger en pleine classe
Devant
ses camarades ébahis
Une
jeune lycéenne de dix-sept ans
Ne
portant pas le foulard
C’est l’histoire d’un jeune homme
Aveuglé
par les mots de la haine
Qu’un
faiseur de boniments
Avait
tissés dans la chair
De sa
vie
Qu’il
ressent comme un exil
Lui
préférant le sein de la mort
LES ENRAGÉS DE DIEU TUENT !
La nuit tombante
Les
loups d’un autre âge
Armés
de versets
Fécondés
de propos sacrés
—Envoyé avec un sabre
Dans la
main ensanglantée
Afin
que DIEU soit vénéré !
Et la
fortune sous l’ombre de l’épée —
S’abattent,
Telle
une malédiction d’un dieu en colère,
Sur la
pauvre chaumière
Jetée
dans le néant du mépris
Dont
les murs s’effritent
À coup
de misère
Et le
toit fendu sur des âmes
Recluses
inhumainement
Les
loups troublent le sommeil
Déjà
fort secoué par la mort rampante
Des
pauvres diables accrochés cruellement
Aux
haillons de la dame-misère
Les
voix détruites par les cris de haine
Les
cieux respirant la mort malsaine
Les
flammes de l’enfer ouvert aux chants
De
l’horreur
De la
horde des loups
Cassant
les étoiles d’un ciel immuablement
Noir de
haine
Piétinant
les marguerites des champs généreux
Ne
trouvant pas assez pour se venger
De ces
diables que broie le néant
En les
réduisant au silence de la mort
Au
mépris
Au nom
de DIEU
Les cris des loups fusent
De
toutes parts
Les
pauvres âmes abandonnées
Aux
lisières de la foi-haine
Des
soldats de dieu
S’enferment
dans le silence de la mort
Au goût
de cendre
La mort est reine
Et dieu
est grand dans sa miséricorde
La mort
est reine
Et la
souveraineté est au seul dieu
Ses
soldats l’assurent
Contre
la volonté mécréante
Des
sujets indomptables
Leurs
cris empuantissent l’air
La vie
n’est que le souvenir
D’un
enfant meurtri par la haine
Jetée
sous la botte ensanglantée
D’un
fou de dieu
On la
voit pendue à un citronnier
À
travers l’éclatement des étoiles poignardées
Barbouillée
de sang innocent et de mépris
Au nom
de dieu
Du haut de ses astres
Dieu
est témoin d’un bébé-soleil
Au cou
coupé par un de ses soldats
À qui
on a promis le paradis
Un
vendredi saint
Du haut
d’une tribune
Face à
un parterre d’hystériques
Au fil
de la lame du discours
D’un
maître-chanteur
D’un charlatan
promu guide spirituel
S’estimant
être envoyé de dieu
Dieu de
l’Atrocité
Dieu de
l’Horreur
Dieu du
Meurtre
CETTE JEUNESSE
Cette jeunesse
Hypocritement
courtisée
Par les
insatiables loups que vous êtes
Vous
perturbe le sommeil
Avec
son éternel chahut
Empêchant
vos idées carrées
De
continuellement tourner en rond
Engluées
qu’elles sont
Dans la
puanteur de vos états de service
Cette jeunesse
Qui n’a
que sa passion pour arme
Ne
croit plus à vos paroles
Ne vous
connaît de foi
Que
celle de piller
Au nom
du patriotisme
Au nom
du nationalisme
Au nom
de je ne sais quelle
Idée
bête et stupide
Comme
vos ventres corrompus
Comme
vos cous engraissés
Aux
ripailles joyeuses et nationales
Terrés tels des rats d’égout
Dans
vos palais de club des pins
Entre
deux allées et venues
À
Genève ou à Paris
— Ah !
ces villes mécréantes
Offertes
à la luxure et au vice —
Vous ne
trouvez pas mieux
Que de
la dépouiller
De son
identité
De sa
dignité
De sa
langue
Et de
lui offrir au bout du chemin
Un pays
en décombres
Peuplé
de barbus
Des
babines desquels
Dégouline
le sang de femmes violées
D’enfants
égorgés
D’hommes
décapités
Cette jeunesse vous hait
Etes vous étonnés de la voir
Casser
sur le chemin de la révolte
Les
derniers tours du pouvoir
Secouer
l’arbre de la honte
Afin de
ne plus errer sous
L’ombre
du mépris
Les ghettos se réveillent
Le
peuple jeté à la rue
Quitte
ses cartons de la misère
Et
avance le temps d’une révolution
Vers
vos palais
À vos
valises vautours
J’ai fait un rêve !
CONTRE-HYMNE
Ne me parlez plus de patriotisme
Ou de
sornettes tel le nationalisme
Ne me
chantez plus quassaman
Ces
discours insipides
Ces
chants dépouillés
Ayant
servi longtemps à nous asservir
Je les
laisse
Aux
locataires de club des pins
Moi je ne suis bon qu’à crever de faim
Ou à
être passé au couteau
De
votre monstrueuse progéniture
En
attendant je m’adosse aux murs
En
décrépitude de la ville
Livrée
à la horde des loups
Des
affairistes véreux
Aux
assassins du FIS
Et les
lèche-bottes du Pouvoir
Je ne crois plus
Aux
ravalements circonstanciels
De nos
mémoires meurtries
Lassées
par les turlutaines patriotardes
De
quelques adipeux
Noyés
dans la laideur de leur commerce
Le fleuve du temps charrie
Nos
réclusions
Nos
blessures
Vos
trahisons
À
travers le décor morne
De la
dictature la plus imbécile
Enfermant
l’histoire
Dans de
tristes échoppes
Aux
portes desquelles
De
stupides ventripotents
S’engluent
dans la glaise de supposées
Épopées
glorieuses
Que si
triste le soleil maintenu
Sous
haute surveillance
Ne me chantez plus
Vos
exploits d’antan
Je ne
vois que les palais
Que
vous avez bâtis
En nous
faisant chanter quassaman
Ne vous
vantez plus de vos hauts faits d’arme
Je ne
ressens que le viol
Que
vous nous faites subir
Arrêtez vos jactances de pécores
Vos
manières de marchands de bétail
Vos
grimaces de singes tragiquement débiles
Vos
saccades dialectiques d’esprits obtus
Chantez
seuls quassaman
Je ne
serai pas parmi le troupeau
Je ne
ferai partie d’aucun comité de soutien
Chantez
seuls quassaman
Et
faites seuls la noce
Avec
les émirs du GIA
Je ne
serai pas de la fête
Mon
dernier verre
Je le
lèverai à la santé de l’Éternelle-LIBERTÉ
Mon
hymne à moi
Mais un jour on vous fera payer
Toutes
les décennies de barbarie
Qui
vous ont permis le plus honteux des négoces
Généraux
de pacotille
Ayant
gagné leurs galons
Dans le
commerce d’abjectes fourberies
Sombres
bureaucrates
Toujours
à plat ventre
Rampant
! toujours rampant
Pour
être mieux vus et bien servis
En
éternelle passion avec les
Tueurs
et assassins du FIS
Chantez quassaman seuls
Nous on
brûlera quelques cierges
Aux
victimes de la barbarie
De vos
acolytes intégristes
Et même
si comme l’a dit le poète
Rien ne
finit jamais par des chansons
N’attendez
pas que l’on fasse
L’oraison
funèbre de la démocratie
L’espoir
demeure pour nous
Plus
fort que vos haines
Que vos
trahisons
SANS VOTRE HAINE, SANS VOS ARMES
Sans votre haine, sans vos armes
Sans
nos colères, sans nos larmes
Sans
vos idées à la couleur de la mort
Déterrées
des brumes opaques
De
quelques théologiens
Au
savoir démentiel et sinistre
Architectes
de la terreur de la haine
Maîtres-chanteurs maniant l’imposture
Et les
outils du Crime
Sans vos sabres aiguisés
Sans
les laves de l’enfer
Lancées
des tréfonds de cette haine
Puisée
dans le charbon de votre âme
Sans nos peurs, sans nos tourments
Des
obscurités d’effroyables lendemains
La cité
serait belle gaie
L’arc-en-ciel
caressant les chaumières
Les
enfants de l’amour du chagrin
Courraient
toujours fous de liberté
Vers le
clair azur de la vie
Sans votre haine, sans vos armes
Sans
nos colères, sans nos larmes
Sans
ces lugubres personnages
Qui se
pavanent dans les allées
Douteuses
de quelque ambassade
Ennemie
de la démocratie
Sans vos idées enturbannées
Sans
les barreaux de l’intolérance
Dressés
autour de nos errances
Sans
les ténèbres mentales
De cet
absurde cheikh
Au
kamis souillé du sang du soleil
Sans les décapitations
Sans
l’alchimie du feu et du fer
Sans la
parole condamnant la vie
Sans le
verbe semant la mort
Sans votre haine , sans vos armes
Nos
rimbauds chanteraient encore
Les
étoiles accrochées au bruissement
Des
ailes de l’amour
Ivres
de liberté
Nos
troubadours feraient vibrer
Les
violons de la nuque aux reins
D’une
douce amazone livrée à la paresse
De
l’ivresse
Loin
des décadences
De
l’enfer de votre paradis
LE CRIME
J’écoute la ville gémir douloureusement
Écrasée sous le poids de la théologie haineuse
De
quelques imbéciles
Aux
têtes lourdement bourrées de crasses
Dogmatiques
Nourris
d’ignorance et de haine
De
mépris de la vie
De derrière mes barreaux
J’écoute
la ville gémir douloureusement
Je ne
vois qu’un ciel poignardé
D’étoiles
tristes et fatiguées
Tels
mes amours
Que le
chagrin froisse à chaque détour
J’écoute la ville gémir douloureusement
Et seul
me parvient
Le
crissement rugueux d’un couteau usé
Sur la
chair tremblante du cou
D’un
homme qui a refusé
De
payer la dîme imposée
Par le
Groupement Islamique Armé
J’écoute la ville gémir douloureusement
Et seul
me parvient
Le
soupir de sa vieille mère
Âgée de
soixante-dix ans
Qui
continue de ressentir l’inhumain cri
Au
profond de son âme
Tailladée
à tout jamais par l’assassinat
De son
fils qui a refusé de payer la dîme
Au
Groupement Islamique Armé
Les voisins gagnés par la terreur
S’étaient
terrés dans leurs tanières
Prisonniers
des cris terrifiants
De dieu
est grand
De la
horde des assassins
Aucun
n’osait sortir de chez-lui
Ou
regarder par les interstices
Ce qui
se passait de l’autre côté de la rue
Le
Groupement Islamique Armé
Interdit
que l’on soit témoin
De ses
exploits
Non par
peur
Mais
par pudeur religieuse
La tête de l’homme qui avait refusé
De
payer la dîme imposée
Par le
GIA
Est
jetée en pleine rue de la ville
Que je
n’entends plus gémir
Dieu est grand dans sa miséricorde
Ainsi
pria l’émir du GIA
Sur les
chemins escarpés de la montagne
Jetant
le corps sans tête
Aux
loups affamés de la forêt
Abritant
la bête ennemie
Le
matin de l’effroyable exploit
Des
écoliers empruntant leur chemin
Virent
la tête coupée
Avec le
sang coagulé
À la
racine des nerfs enchevêtrés
La
virent aussi de paisibles citoyens
Et
beaucoup d’autres témoins
Certains
se convulsèrent,
D’autres
s’évanouirent
Et
d’autres encore continuèrent leur chemin
Peut-être
fiers de ce bel exploit!
Le GIA a encore coupé une tête
La cent
millième tête
Toujours
au nom de dieu
Et
ainsi que le pria
L’émir
du GIA
Dieu
est grand
Dans sa
miséricorde
Le temps n’eut pas à faire charrier
Longtemps
les mensonges
Que la
tête fut oubliée
Que le
corps fut dévoré
Que les
loups de dieu eurent dansé
Autour
du festin Algérie
Et
parce que le général en civil se découvrit
Au bout
du chemin de la trahison
Des
affinités avec l’émir du GIA
Tous
deux inventèrent l’astuce de l’urne
Cette
terrible boite à faire oublier le Crime
À faire
pardonner le Crime
Je n’entends plus gémir la ville
Que les
loups dévorent
Par les
urnes
Que la
trahison et le Crime!
JE T’AIME …
Les ténèbres glaciales enveloppent la ville
Livrée
à la meute de chiens
Le sang
des innocents inonde les artères
Et
l’angoisse me serre le gosier
Mon
amour est prisonnier
De vos
certitudes imbéciles
De vos
cagoteries
De vos
bigoteries
Les routes nous sont interdites
Les
regards de la tribu nous fouettent
Au-dessus
de nos têtes
Des
sabres salis de sang et de larmes
Sont
brandis
D’effroyables
individus
À
l’haleine fétide
À la
barbe repoussante et les yeux
Noircis
à la haine
Soufflent
sur les jardins de nos cœurs meurtris
Crucifiés
aux portes du temple maudit
De nos mains prises
Aux
lacets de l’angoisse
Coule
un flot de rimes
Que le
fracas des armes
Rythme
douloureusement
Je t’aime et les décombres de la ville
Repoussent
cet amour interdit
Je
t’aime et la sève de ton âme
Parsème
mon sang de quelques douleurs
Je
t’aime et l’aurore est chagrin et mélancolie
Je
t’aime et je t’aimerai encore et toujours
Je
t’aime et la lame du couteau affilé
Épouse
les fragiles veinules de mon cou
Je
t’aime et le cri de la vie surgit
De mes
entrailles qu’écrase le bourreau
Avec
ses bottes de chien enragé
Je t’aime et le soir pâlit
Aux
rivages de l’amour-scandale
Je
t’aime dans la douceur de l’amer
Un
corps vacillant au gré des vagues
Folles
! Folles comme les cris
D’un
soleil tourmenté
Une
chevelure resplendissante ornée de lumières
Balayant le vague à l'âme des flots de mon âme
Prisonnière
de la fleur mouillée du printemps
De ton
corps
J e t’aime et la mer complice
De nos
ébats me déleste
Chaque
jour un peu plus
De mes
joies
Me
laissant sur cette désolante plage
Proie à
une lancinante solitude
T’observant
t’éloigner mélodieusement
Je t’aime et tes yeux brillants de paresse
Que
l’amour abandonne au creux de la vague
D’un
bonheur qui n’a rien du bonheur
Triste
comme un enfant
Perdu
au travers des bruits de la ville
Livrée
à la meute de chiens
Et qui
n’a que ses yeux
Pour
dire son chagrin
Et moi du désert de ma solitude
Du fond
des glaciales ténèbres
Qui
enveloppent la ville
Je me
parle d’amour
De
l’espoir d’une vie à deux
Même si
la musique est chagrin
Et
l’aurore un éternel gémissement
MENOUAR BEN
NOTES :
GIA : Groupement Islamique Armé
FIS :
Front Islamique du Salut
SM :
Sécurité Militaire
Quassaman
: Le chant officiel
Certains
vers mis entre parenthèses appartiennent à
d’autres
poètes et pour lesquels j’ai beaucoup
d’admiration.
"Puissances des ténèbres" est le titre du grand roman
d’ANTHONY
BURGESS
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