« Journal intime d’un figurant » s’est découvert à Casablanca.

 

 

            Le vendredi soir 12 décembre 2003, l’écrivain marocain Saïd LAQABI a présenté son roman « Journal intime d’un Figurant» publié aux éditions l’HARMATTAN - Paris  2003, lors d’une cérémonie de signatures qui a eu lieu à la dynamique librairie  « Carrefour des Livres » du Maarif.

            Dans son allocution de présentation, le romancier a revisité  la genèse de son œuvre dont les prémices remontent à quelques années : M. LAQABI venait alors de soutenir sa thèse à Paris 13 sous le thème « Aspects de l’ironie dans la littérature maghrébine d’expression française des années 80»( édité chez SEPTENTRION en 1998) . Certainement, le désir d’essayer ses outils d’investigation et d’analyse dans la construction après les avoir trempés avec brio dans la « dé-construction » des textes de MIMOUNI, CHRAIBI, BENJELLOUN, BEGGAG … a-t-il été le moteur de cette immersion dans l’écriture.

 «  J’avais dans un tiroir une frêle nouvelle qui s’intitulait « Café» , que j’ai eu envie d’épaissir par la suite … » expliqua M.LAQABI. En plus, « Mon but c’était d’écrire un roman où l’ironie serait une vision globale du monde et non une série de jeux de mot, de calembours et autres facéties langagières qui n’auraient de but que de faire rire » précisa-t-il.

            Un intervenant alsacien a relevé pertinemment la difficulté de quelques expressions et mots utilisés dans le texte, en ironisant à son tour  « … heureusement, j’avais mon Robert à portée de la main ...». D’après le romancier, il s’agissait d’un choix délibéré pour démarquer la double vie du héros, lequel « se relâche » dans ses soliloques et fait étalage pour lui-même de ses connaissances héritées d’un cursus scolaire et universitaire mal digéré et quasi-inutile. Lorsqu’il se retrouve en compagnie  de ses amis Rachid et Brahim F.M., son discours redevient plus «  terre à terre ».

            Précisons, par ailleurs, qu’il faut, et c’est un avis partagé par l’ensemble du public, un très bon niveau de langue pour pouvoir apprécier les finesses  d’un style à différents paliers et d’un regard au creux de la vague.

            Le héros a fait quelques études en philosophie sans  les  mener à terme : il se croit ainsi détenteur d’une vérité et d’outils imparables lui permettant d’analyser son environnement. La réalité va se montrer aux antipodes de ses schémas. Le long des 130 pages  de ce roman, le « Figurant », tel un anti-héros de M.KUNDERA, vit et se regarde vivre, va de déception en déception jusqu’à être acculé à opter  pour son choix ultime.

En plus, cette séance a été l’occasion de parler du Maroc pluriel : culturellement, politiquement et socialement. Une heure et demie d’un débat aussi franc qu’instructif où le « Journal intime d’un figurant»  s’est un peu dévoilé.

En ce qui concerne les projets d’avenir de M. LAQABI, actuellement professeur de lettres françaises à la nouvelle université de Safi sont la poursuite de l’organisation du Concours de nouvelles(en français, arabe et amazigh) « Auteurs Inaperçus du Maghreb», l’affinement de plusieurs traductions de l’arabe et de son recueil de nouvelles « Les Gens d’ici ». En chantier un autre roman qui portera probablement le titre « Le Dernier des Gnaouas» qui sera d’après notre romancier un grand voyage dans le « DEEP SOUTH » du Maroc éternel.

                                                                       R. BENALI.

« Journal intime d’un Figurant » de Saïd LAQABI, édité par  L’Harmattan- Paris  2003 ( prix au Maroc 85 dh) distribué par la  Sochepress .