Postcolonialisme : le nouveau comparatisme?

Appel à communications

Society for Francophone Postcolonial Studies (ex-ASCALF)

Institut français, Londres
28-29 novembre 2003

Les études postcoloniales rassemblent des chercheurs qui travaillent sur des "textes" (littéraires ou autres) des époques coloniales et post-coloniales, sans limite géographique, et cela à partir de toute une gamme d'approches critiques: marxisme, poststructuralisme, feminisme, etc. Par conséquent, on ne peut pas vraiment parler du postcolonialisme en tant que théorie qui cherche à établir les limites de la critique d'un texte. Au lieu de ceci, le vaste champ des études postcoloniales semble ouvrir la voie à un nouveau comparatisme qui examine les effets du colonialisme européen sur des textes produits par l'ancien monde colonisé ainsi que par les anciennes métropoles. Le potentiel de cette comparaison est vaste : il peut s'agir d'une exploration de la relation entre (l'ancien) colonisateur et (l'ancien) colonisé ; elle peut mener à une comparaison entres les différentes conceptions "métropolitaines" de l'empire ; ou elle peut analyser les contrastes/comparaisons entre les différentes expériences de l'empire des différentes colonies.
L'Orientalisme d'Edward Said qui a été publié il y a 25 ans, et qui est souvent présenté comme le texte fondateur des études postcoloniales, est lui-même une étude comparatiste. Et les critiques portent de plus en plus d'attention aux liens entre la critique postcoloniale et le projet comparatiste. Les deux disciplines puisent leurs racines dans une conscience exilique mais il est peut-être encore trop tôt pour dire si le postcolonialisme est le successeur de la littérature comparatiste ou si les deux champs existent en parallèle, ou même en compétition. L'analyse "en contre-point" de Said-une tentative de présentation du comparatisme postcolonial sans restriction aucune du champ d'enquête et sans hiérarchie-est sans doute le signe le plus clair de ces liens entre le postcolonialisme et le projet comparatiste. Quelle que soit cette relation, le rapport Bernheimer de 1993 sur la littérature comparatiste reflète la décolonisation de la discipline et la transformation de son objet qui correspond aux effets de la mondialisation et des nouvelles priorités intellectuelles d'un monde postcolonial.
Cependant, la promesse comparatiste du postcolonialisme n'a pas encore été tenue: la critique postcoloniale se concentre en majeure partie sur des textes issus d'ex-colonies individuelles, surtout celles de l'Empire britannique-le postcolonialisme est avant tout un phénomène anglophone. Il en résulte qu'il y a eu jusqu'à présent très peu de comparaison "entre empires". Ce colloque vise donc à explorer les dimensions comparatistes des études postcoloniales. Nous invitons la critique à se pencher sur la capacité des théories postcoloniales à rendre possible des comparaisons transnationales, transcontinentales, transethniques, transhistoriques. En particulier, nous invitons la critique à juger de la légitimité d'une théorie postcoloniale qui est en grande partie anglophone pour discuter des contextes francophones. Par là-même, nous voudrions lancer un vrai dialogue entre critiques anglophones et francophones afin de poser de plus solides bases pour la comparaison interculturelle.
Les communications seront regroupées dans des séances organisées autour de deux thèmes majeurs. Des séances "régionales" qui viseront à provoquer une réflexion sur la nature comparative de tout discours qui invoque les entités singulières que sont les Antilles, l'Afrique du Nord et l'Afrique noire (nous invitons également des projets de communication sur d'autres espaces francophones postcoloniaux, tels que ceux des océans Pacifique ou Indien ainsi que "L'Indochine"). Nous invitons les intervenants à se pencher sur le statut du Canada français en tant qu'espace postcolonial unique: peut-on vraiment comparer son histoire et sa culture à d'autres sociétés postcoloniales? Dans les autres séances nous invitons également des projets de communication sur des questions "théoriques": les théories du voyage, l'exotisme, l'orientalisme, ainsi que la remise en question du rapport entre la construction de l'identité sexuelle et le monde postcolonial.
Veuillez envoyer votre projet de communication (titre de la communication et projet de communication de 300 mots) à l'un des présidents de séances indiqués ci-dessous (par courrier postal ou électronique) :
Les Antilles : Dr Sam Haigh, Dept of French, University of Warwick, Coventry. CV4 7AL UK samantha.haigh@warwick.ac.uk L'Afrique noire : Dr Patrick Corcoran, Dept of French, University of Surrey, Roehampton, Roehampton Lane, London SW15 5PU UK p.corcoran@roehampton.ac.uk
Maghreb : Dr Debra Kelly, Dept of French, University of Westminster, 309 Regent Street, London W1B 2UW UK kellydjk1@aol.com
Québec/Canada francophone : Dr Ceri Morgan, French Section School of Languages and Cultures, Keele University, Staffordshire ST5 5BG UK c.m.morgan@lang.keele.ac.uk
Le Voyage, le tourisme et l'immigration : Dr Aedín Ní Loingsigh, Dept of French, University of Edinburgh, 60 George Square, Edinburgh EH8 9JU UK a.niloingsigh@ed.ac.uk
Théories de la comparaison : Professor Charles Forsdick, Dept of French, University of Liverpool, Liverpool L69 7ZR UK C.Forsdick@liverpool.ac.uk
La Comparaison des empires : Dr Jennifer Yee, Dept of French, University of Newcastle, Newcastle upon Tyne NE1 7RU UK jennifer.yee@ncl.ac.uk
Identité sexuelle et postcolonialisme : Dr Nicki Hitchcott, Dept of French, University of Nottingham, Nottingham NG7 2RD UK nicki.hitchcott@nottingham.ac.uk
Pour tout renseignement ou pour des projets de communication qui ne semblent pas s'accorder avec les thèmes des séances ci-dessus, veuillez contacter :
Dr David Murphy, French Section, School of Modern Languages, University of Stirling, Stirling FK9 4LA, Ecosse. Tél. (00)(1786) 467535; Fax (00)(1786) 466255; d.f.murphy@stir.ac.uk.
La date limite est fixée au 30 mai 2003. Le comité chargé de l'organisation du colloque tentera d'informer tous les candidats du succès de leur projet de communication avant la fin juin. Un programme prévionnel du colloque serait disponible à la mi-septembre.