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Les mille et une traductions du Coran
LE MONDE | 06.10.01 | 11h09
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LES traductions du Coran en français sont nombreuses et peuvent se répartir en deux catégories : celles à l'usage des croyants, et les éditions à destination du grand public ou des lecteurs cultivés qui veulent avoir accès à l'un des textes majeurs de la littérature religieuse. Les premières se désignent souvent par des périphrases telles que "essai d'interprétation" ou "essai de traduction du Coran inimitable". Outre la modestie des auteurs, il faut rappeler que, pour le musulman, le Coran est écrit en "arabe pur"et que son style est considéré comme "inimitable". On peut ranger dans cette première catégorie la version de Muhammad Hamidullah (Club français du livre), qui a été approuvée par les autorités religieuses saoudiennes et est largement diffusée dans les milieux musulmans. Il existe aussi une bonne traduction de Cheikh Hamza Boubakeur, ancien recteur de la Mosquée de Paris.

La traduction de Régis Blachère (Maisonneuve & Larose, 1950) présente, elle, une édition "critique" du Coran, avec des notes abondantes. Elle respecte le classement habituel des sourates. Mais Blachère propose, en parallèle, un classement chronologique des sourates, par ordre de leur révélation au prophète Mahomet. Il s'appuie pour cela sur les travaux de l'école allemande des orientalistes, présentés dans la Geschichte des Qorans (1919-1938). La traduction de Régis Blachère n'est pas disponible en poche, et l'engouement du public a fini d'épuiser les stocks. Elle est donc en réimpression. La traduction du grand orientaliste français Jacques Berque (Albin Michel) est également recommandable. Elle aussi est provisoirement indisponible.

La traduction de Kasimirski (Garnier-Flammarion) remonte à 1840. Son auteur était drogman à la cour de Constantinople. Elle reste intéressante, cependant, par ses qualités littéraires et le rôle qu'elle a joué dans la connaissance du Coran en France, pendant près d'un siècle.

La traduction de Denise Masson est la plus répandue. Publiée en 1967, elle est disponible en Pléiade et en Folio (Gallimard).
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Elle se fonde notamment sur les travaux de Régis Blachère. Précédée d'une introduction fournie et d'un lexique, elle s'adresse au fidèle croyant comme au lecteur curieux.

Deux autres versions du Coran occupent une place à part. Celle de Jean Grosjean (Seuil) s'efforce de rendre l'ampleur et le style poétique du texte arabe. André Chouraqui (Laffont) a poursuivi sur le Coran le travail qu'il avait déjà accompli sur la Bible : rendre le sens et la saveur de la racine sémitique des mots. Elle déconcertera sans doute plus d'un lecteur musulman. On peut signaler aussi les traductions d'E. Montet (Payot) et celle de René Khawam (Maisonneuve & Larose).

Le petit "Que sais-je ?" de Régis Blachère, intitulé Le Coran (PUF), raconte l'histoire de la composition du livre, l'évolution de l'exégèse musulmane. Surtout, il insiste sur le rôle considérable joué par le Coran dans la vie des sociétés musulmanes.

On lira avec intérêt l'ouvrage récent - mais un peu touffu - de Jacqueline Chabbi (Le Seigneur des tribus, Noêsis), qui propose une lecture décapante du texte coranique, en cherchant à retrouver, par-delà la tradition musulmane, ce que l'auteur appelle "l'islam des tribus".

La meilleure introduction à l'islam reste l'ouvrage de Rochdy Alili, Qu'est-ce que l'islam ? (La Découverte). La biographie de Mahomet par Maxime Rodinson (Seuil) est toujours l'une des plus intéressantes. En se fondant sur les sources musulmanes, elle n'occulte aucun des aspects de la vie du prophète et le replace dans son temps et son milieu. La vie de Mahomet par l'Anglais Montgomery Watt, traduite chez Payot, est elle aussi l'une des plus complètes.

Xavier Ternisien


Mots-clés

 allah  : Dieu en langue arabe. Utilisé également par les chrétiens arabes.

 Ayatollah : signifie "signe

de Dieu" et désigne les membres

du clergé chiite de haut rang.

 Charia : la loi islamique, ensemble des règles, dispositions, interdits et sanctions issus de la tradition et de la jurisprudence. Elle dicte le statut personnel et familial, le droit pénal et public.

 Djihad : mot qui veut dire "combat intérieur" du fidèle pour atteindre la perfection individuelle. La lutte armée, pour défendre la foi et la patrie de l'islam, est désignée par le terme de petit djihad

(al jihad-l-asghar). A distinguer

du grand djihad (al jihad-l-akbar),

qui signifie la lutte de l'homme

contre ses mauvais instincts.

 Fiqh : terme qui signifie le savoir, la compréhension, l'intelligence. Le fiqhest une sorte de jurisprudence qui permet à l'islam de s'adapter à toutes les situations. Le faqih est le docteur en droit, autorisé à exercer son ijtihad, c'est-à-dire

son interprétation pour régler

tel ou tel cas concret,

dans la fidélité au Coran.

 Imam : signifie "celui qui est devant" ou "qui se tient debout", autrement dit celui qui dirige

la prière et donne l'exemple aux fidèles. En persan, on dit plutôt imam, mot qui veut désigner

les descendants directs d'Ali,

vénérés par les chiites.

 Mollah : membre du clergé

chiite, présent auprès du fidèle

lors des célébrations.

 Oumma : mot forgé à partir

de oum, qui veut dire "source", "principe", "matrice". Au temps du prophète, l'oumma était

la "mère des tribus" qui se partageaient l'Arabie. Mahomet

a voulu lui substituer un autre

type de solidarité, et l'oumma

est devenue la communauté

de tous les fidèles musulmans.

 Sunna : veut dire coutume

ou tradition. C'est l'ensemble des paroles, des gestes, des habitudes, des goûts du prophète, rapportés par ses compagnons sous forme

de haddith, de courts récits,

à vocation édifiante pour le fidèle.

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 07.10.01
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