ETUDE DE PRESENCE AFRICAINE : UNE REVUE ET UNE MAISON D’EDITION AU SERVICE DE LA CULTURE AFRICAINE

 

 

 

 

INTRODUCTION :

 

1. La première partie sera consacrée à l’étude de la revue Présence Africaine fondée en novembre 1947. Nous verrons :

      - en quoi cette revue, et les revues en général, participe t-elle à la dynamique de             surgissement de la littérature et de la culture africaine ?

-         comment Présence Africaine, qui sera obligée dans un premier temps de se définir par rapport au centre anciennement colonisateur ( on rejoint ici la théorie post-coloniale), va briser toute idée d’une scénographie centre-périphérie, remettant en cause la théorie post-coloniale.

 

2. La seconde partie sera centrée sur la maison d’édition Présence Africaine fondée en 1949 :

-         L’action militante de la revue -à noter que ce militantisme est perceptible à travers le lien qui unie Présence Africaine et le concept senghorien de la Négritude- nous amènera à étudier le rôle plus vaste de Présence Africaine.

-         Nous verrons que ce militantisme va évoluer et se transformer en une réflexion plus centrée sur la littérature africaine. Cette évolution est à rapprocher des revendications actuelles des écrivains africains de langue française qui veulent être jugés comme des écrivains à part entière et non comme des écrivains «  militants », «  exotiques »…  (Qualificatifs qu’ils jugent réducteurs)

-         Ce dernier point nous amènera à voir que ces écrivains se tournent de plus en plus vers des maisons d’éditions comme Gallimard, Le Seuil … et délaissent des maisons d’éditions plus spécialisées comme Présence Africaine que certains considèrent comme des « ghettos culturels. » 

-         Pour terminer, nous reviendrons sur les spécificités de Présence Africaine, sur ses objectifs en essayant de comprendre pourquoi cette maison d’édition connaît quelques difficultés aujourd’hui bien que sa présence reste fondamentale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I.                    LA REVUE PRESENCE AFRICAINE : REFLET D’UNE PRISE DE CONSCIENCE :

 

Remarque : Cette première partie est essentiellement centrée sur l’analyse de l’article d’Alioune Diop, « Niam N’goura », publié dans le premier numéro de la revue Présence Africaine.

 

Petit rappel sur le contexte historique de l’époque :

Dès avant la seconde guerre mondiale, se réunissaient à Paris des groupes de jeunes étudiants africains qui discutaient de leur culture, leur racine, et la façon de se faire reconnaître ( Senghor et Césaire en faisaient partie.) Des revues virent le jour ( L’Etudiant Noir, Légitime Défense, Tropiques) même si elles furent de courte durée.

Après la guerre, d’autres revues en France se créent ( Les temps Modernes, Esprit, Littérature.)

C’est dans ce contexte que naît la revue Présence Africaine.

 

A) Présence Africaine ou une revue nécessaire à l’existence de la culture africaine :

 

C’est en Novembre 1947 qu’est publié en France ( à Paris plus précisément où se situe la maison Présence Africaine) et à Dakar le premier numéro de la revue dont le fondateur est Alioune Diop, intellectuel sénégalais qui vivaient en France. Il explique dans son « Niam N’goura » :

« L’idée en remonte à 1942-43. Nous étions à Paris un certain nombre d’étudiants d’outre-mer qui – au sein des souffrances d’une Europe s’interrogeant sur son essence et l’authenticité de ces valeurs- nous sommes groupés pour étudier la situation et les caractères qui nous définissaient nous même."

 

Ces intellectuels d’outre-mer vivants en France se retrouvaient abandonnés «  entre deux sociétés, sans signification reconnue dans l’une ou dans l’autre, étrangers à l’une comme à l’autre ». Ainsi la revue leur permettait de se définir et d’exister .

 

B)Une nécessité : se faire reconnaître et accepter du centre anciennement colonisateur :

 

Pour pouvoir «  définir l’originalité africaine et hâter son insertion dans le monde moderne »

( Alioune Diop), la revue Présence Africaine devra prendre en compte la scénographie centre-périphérie, et se définir par rapport au centre.

Le premier numéro de la revue, dans sa forme et dans son contenu, semble mettre tout en œuvre pour se faire accepter de ce centre.

 

a)      La reconnaissance :

 La revue s’est assurée l’appui des personnalités, notamment du centre, reconnues dans le monde des arts, lettres et sciences humaines à savoir : A. Gide qui a réalisé l’avant-propos du premier numéro, P. Rivet, P. Maydieu, J-P. Sartre, P. Naville, E. Mounier… Mais aussi LS Senghor, A. Césaire et bien d’autres.

Tous ces intellectuels du centre donnent une valeur à la revue Présence Africaine, et lui attribuent un rôle fondamental et essentiel : celui de faire revivre une culture longtemps contrainte au silence.

J-P Sartre dans l’article « Présence Noire » (1ER  numéro) explique que cette culture viendra «  enrichir notre vielle culture cérémonieuse ». P. Naville précise dans son article « Présence Africaine » du même numéro : «  Nous n’avons confiance que dans les revues qui nous apporteront directement la voix chaudes, vibrante, documentée, combattante qui est la vôtre ».

      

b)      Mise en place d’un jeu de séduction avec le centre :

Ce jeu qui prend sa source dans la danse peut-être mis en relation avec la phrase de Khatibi : «  Quand je danses devant toi occident, sache que cette dans danse est de désir mortel ».

Puisque cette revue, qui veut faire revivre la culture africaine, est en situation de demander à exister, elle va donc tenter de séduire le centre. Le choix de cette situation de Saint Exupéry pour ouvrir le numéro 1 de la revue symbolise ce désir de séduction : «  Et la belle dans naît de la ferveur à danser. Et la ferveur à danser exigent que tous dansent même ceux-là qui dansent mal ». Alioune Diop précise dans son « Niam N’goura » : « aussi notre revue se félicite t-elle d’être française, de vivre dans un cadre français ». Il renchérit à la fin : «  C’est au peuple français d’abord que nous faisons confiance : je veux dire à tous les hommes de bonne volonté qui, fidèles aux plus héroïques traditions françaises ont voué leur existence au culte exclusif de l’homme et de sa grandeur ».

 

C) Se démarquer du centre pour pouvoir «  définir l’originalité africaine » :

 

Présence Africaine qui se place ans une perspective humaniste n’hésite pas cependant à employer un ton polémique pour désigner les adversaires de l’Afrique ; Alioune Diop explique bien que « personne, du reste, n’a le privilège d’avoir maîtrisé l’Histoire et le progrès ; ce sont là- nous dit-ils- des forces déclenchées par l’infatigable activité de l’Européen , mais qui échappe à son contrôle. »

On comprend bien que Présence Africaine  a une orientation militante : cette revue milite pour l’affirmation de la culture africaine et pour briser les clichés ( comme le bon nègre banania !) véhiculés par la bourgeoisie européenne de l’époque ( lire l’article «  Malentendu » d’Alioune Diop dans le numéro 6 ).

Ce militantisme est à mettre en rapport avec le concept senghorien de la négritude, concept indissociable de la revue à laquelle Senghor a participé.

Dans un livre intitulé Senghor et la revue Présence Africaine, il nous est expliqué que dans son radicalisme d’origine, la négritude n’a jamais eu pour Senghor mission de s’enfermer en une culture autarcique mais de participer à la « civilisation de l’universel ». Cette dernière idée nous amène à étudier l’ambition de Présence africaine de créer une collaboration entre les africains et les européens.

 

 D ) Désir d’une collaboration dans l’espoir de voir naître «  la civilisation de l’universel » :

 

Remarque : Si la revue se démarque du centre s’est justement pour affirmer sa singularité, son existence et se mettre au même niveau que l’ancien centre colonisateur :

1.Se définir par rapport au centre ;2. Se démarquer du centre et acquérir une autonomie ;3.Créer une collaboration entre les deux cultures.

 

Ainsi l’idée d’une scénographie n’aurait plus lieu d’être car il n’y aurait plus cette opposition entre le centre et les périphéries. Mais plutôt l’idée d’une collaboration, d’un échange et d’un enrichissement entre deux cultures.

Alioune Diop, dans son premier numéro, était sûr que la culture africaine «  pourrait enrichir la civilisation européenne ».

A ce titre, le poème que Senghor a dédié à A. Diop, Le chant de l’initié, et qui a été publié dans le premier numéro de la revue, illustre bien l’idée d’une collaboration nécessaire entres les deux cultures. En effet, dans ce poème, le lecteur français fait « l’épreuve de l’Etranger » en accordant son souffle à ce flux familier et étrange qui est encore de sa langue. Et, parallèlement, il permet au lecteur africain de faire «  l’apprentissage du propre » par le détour d’une langue et d’une culture autre. Chacun ne saisissant ce qui lui est propre que sur le fond spécifique à l’autre, chacun doit nécessairement « com-prendre », c’est-à-dire prendre ensemble, en une même visée, et le mode originel de sa présence au monde et le mode propre à l’autre. Autrement dit l’un à besoin de l’autre pour comprendre ce chant.

 

 

E)Bilan sur le rôle de la revue Présence Africaine :

 

Ainsi cette revue, comme bon nombre de revues, est une lieu d’échanges d’intercommunications, de rencontres, un espace de création où tous les courants intellectuels peuvent s’exprimer. Dans son Niam N’goura, A.Diop a insisté dès les premières lignes sur cette liberté d’expression : «  cette revue ne se place sous l’obédience d’aucune idéologie philosophique ou politique ».

 

Cette revue, depuis sa création a en effet permis, comme le remarque Bernard Mouralis dans Littérature et développement, de faire connaître pour la première fois des poètes, des dramaturges, des romanciers, des conteurs et essayistes africains.

Elle a aussi permis de lancer de nombreux débats sur des sujets très vastes car cette revue qui se définit comme «  la revue culturelle du Monde Noir », traite de littérature, de philosophie, de sociologie…

 

Contrairement à certaines revues qui furent de courte durée, comme L’Etudiant Noir ou Tropique, Présence Africaine est toujours présente et active ( elle a fêté son cinquantenaire en 1997) malgré la mort de son fondateur en 1980.  C’est son épouse, Mme Diop qui a repris le flambeau. Le fait que cette revue n’est jamais cessé d’être édité ( toutefois on est passé d’un production mensuelle à une production semestrielle) est bien la preuve que la littérature africaine est désormais reconnue.

A noter la publication de numéros spéciaux qui ont joué un rôle essentiel car ils ont permis une réception plus grand public et plus universitaire.

Il est intéressant de voir qu’au fur et à mesure des parutions de la revue, l’accent est mis sur la liaison du politique et du culturel – comme ce fut le cas pour la revue Souffle – en mettant en avant le rôle que doit jouer la culture dans l’avenir des nations africaines : «  Notre tâche est d’encourager les cultures nationales et l’éveil des consciences » ( A. Diop «  Colonialisme et nationalisme culturels », N°IV).

 

Cette dernière idée va nous amener à parler de l’action plus large de Présence Africaine qui en 1949 devient une maison d’édition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II) PRESENCE AFRICAINE : UNE MAISON D’EDITION TRES PRESTIGIEUSE MAIS QUI S’ESSOUFLE UN PEU :

 

 

A) Présence Africaine est à l’origine, en 1956, du premier congrès international des écrivains et artistes noirs :

 

 Ce congrès fut organisé par l’équipe de Présence et se déroula dans l’amphithéâtre Descartes à la Sorbonne, « le temple de la sagesse blanche » , pour marquer ce qu’ils appelèrent « l’aube des intellectuels du monde noir ». A noter que l’organisation de ce congrès, de surcroît dans un cadre universitaire, donne une dimension institutionnelle à l’action de  Présence et signe sa consécration.  (Mais il faut aussi souligner que ce rapport qu’entretien encore aujourd’hui Présence Africaine avec l’institution et l’université en fait un de ces travers car, elle ne fait plus autant preuve de dynamisme qu’auparavant.)

Ce congrès réunissant pour la première fois l’ensemble du monde noir, avait pour thème la crise de la culture négro-africaine et ses perspectives d’avenir. 

Il est frappant de noter que lors de ce congrès, l’analyse des questions littéraires et artistiques eurent une place relativement limités par rapport à la condamnation du colonialisme et du racisme. Ce constat réaffirme l’idée que les cultures anciennement colonisées, avant de pouvoir exister et être autonome, doivent se démarquer du centre en sortant du silence qu’on leur avait imposé  et en dénonçant les détracteurs de l’Afrique. Pour ces artistes le lien entre le culturel et le politique est très important car, pour reprendre une citation de Senghor, : «  L’expérience l’a prouvé, la libération culturelle est la condition sine qua non de la libération politique. »L’auteur, l’artiste africain a le devoir et l’obligation de jouer un rôle dans le processus de la décolonisation.

 

A la suite de ce congrès est crée la S.A.C ( la Société Africaine de Culture) qui allait devenir un des principaux organismes de réflexion et de recherches du monde noir. Des sections nationales de la S.A.C sont alors crées dans plusieurs pays et la revue en est le lien.

 

B) Evolution du militantisme anti-colonial de Présence Africaine vers une réelle réflexion sur les problèmes littéraires et artistiques :

 

Le second congrès organisé en 1959 à Rome et intitulé «  l’unité des cultures négro-africaines », est beaucoup pus centré sur les problèmes littéraires et artistiques. On insiste sur le fait que «  les littératures négro-africaines sont ainsi susceptibles de promouvoir de nouvelles formes littéraires en rupture avec le caractère dominant des littératures occidentales où trop souvent l’individu est  considéré comme fin exhaustive nécessaire et suffisante. »

Le bilan de ce congrès est disponible dans un numéro spécial de Présence Africaine, d’où une réception universitaire.

 

Il faut noter que cette évolution du militantisme anti-colonial vers une véritable réflexion littéraire est due aussi au fait que ces pays africains commencent d’accéder à cette même période aux indépendances. C’est aussi au cours de cette même période que L.S Senghor publie la première Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française

( 1948) préfacée par le célèbre texte de J-P Sartre, « Orphée Noire. »  Cette anthologie a ouvert-les eux sur l’existence d‘une littérature africaine et sur la nécessité de son analyse.

 

 

 

 

 

C) Hausse de la publication proprement africaine mais une  baisse de la publication de la maison Présence Africaine :

 

Dans les années 70 –80, viennent s’ajouter à Présence Africaine, d’autres maisons d’éditions comme :

-         L’Harmattan (1975) qui connaît un raide succès grâce à la diversité de son orientation.

-         Silex ( 1980)

-         Karthala ( 1980)

 

Des éditeurs proposent aussi des éditions à comptes d’auteurs comme La Pensée Universelle et les éditions Saint-Germain des Prés. Certaines maisons d’éditions à caractère scolaires réalisent des co-éditions avec des éditeurs africains tels que Hatier avec Le Centre d’Edition et de Diffusion Africaine ou encore Edicef avec les Nouvelles Editons Africaines. Enfin les maisons d’éditions françaises de grand prestige comme Le Seuil, Galimard publient des ouvrages de littératures africaines.

 

Ainsi, face à ce développement de structures éditoriales, on constate la baisse des petites maisons d’éditions spécialisées comme Présence Africaine car sa vocation, comme le rappelle Mme Diop, est «  purement cultuelle et africaine, et non pas commerciale ; ce qui d’ailleurs- nous dit-elle-nous ose aujourd’hui un certain nombre de problème. » Cette vocation culturelle était celle du fondateur de Présence Africaine, Alioune Diop qui avait choisit dans son premier numéro ce proverbe Toucouleur : «  Niam N’goura

vana niam m’paya » qui signifie «  mange pour que tu vives, ce n’est pas mange pour que tu engraisses. »

Cette maison d’édition qui refuse de faire du livre un produit commercial sou de la concurrence de grandes maisons d’éditions ? C’est pourquoi bons nombres d’écrivains africains préfèrent publier dans ces grandes maisons d’éditions :

-         pour atteindre un plus vaste public ( tel que l’écrivain A.Kourouma qui s’est vu remettre le prix Renaudot aux éditions du Seuil pour son livre Allah n’est pas obligé)

-         Pour éviter d’être taxés d’écrivains « militants » car comme le remarque W.Sassine : «  il y a une scission entre la négritude -liée à Présence Africaine- et la nouvelle génération d’écrivains. Eux se battaient pour avoir l’Indépendance ; et, nous qui sommes venus après nous voulons pouvoir écrire ce que bon nous semble, en toue sécurité ; nous voulons être libres, quoi. »

 

Ils refusent de voir la littérature africaine cantonne à une littérature de témoignage, de contestation. Les propos tenus par l’écrivain béninois, Barnabe Laye, souligne cette dernière idée : «  Mon problème c’est justement d’éviter les ghettos comme Présence Africaine. Je n’ai aucune envie de ma laisser enfermer dans des structures trop contraignantes et trop limitées. »

Ce phénomène de ghettoïsation n’est pas propre à présence Africaine. Ce fut aussi le cas de la revue maghrébine Souffle  par exemple.

En fin de compte tous ces écrivains d’après les indépendances manifestent leur désir d’une littérature de rêve, de fiction… De pouvoir être des écrivains tout simplement.

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

  1. On a vu, à travers l’exemple de la revue Présence Africaine, l’impact que pouvait avoir une revue dans l’affirmation d’un peuple, d ‘une culture anciennement colonisée en donnant la parole à des artistes originaires de ces pays. Cette revue a permis d’amener, en soulevant des problèmes, une véritable réflexion. Enfin elle a permis de briser les clichés de rendre caduque la théorie post-coloniale.

 

  1. On a vu le rôle des maisons d’éditions comme Présence Africaine qui ont donné la possibilité aux écrivains africains d’être publiés et, ont donné l’impulsion à d’autres maisons d’éditions. Cet essor a certes complexifié le paysage littéraire mais cette diversification n’est que richesse. Même si l’on peut déplorer que le livre devienne un produit commercial et que certaines maisons d’éditions pâtissent de cette nouvelle donne, il est bon que ces auteurs africains de langue française aient plus de possibilités de se faire connaître et d’être lus.

 

Et il faut rendre hommage à la maison Présence Africaine qui actuellement tente de conquérir, aussi et surtout, un public et un marché africain – même s’ils vendent moins- car il ne suffit pas d’être publier et d’être lu en France. Il faut encore être lu en Afrique où la prise de conscience culturelle, littéraire est primordiale. L’écrivain ivoirien, Ahmadou Kourouma, nous renseigne sur les dernières statistiques disponibles révélant que l’Afrique subsaharienne publie par habitants trois fois moins de titres que la moyenne des pays en développement et vingt-cinq fois moins que les pays développés !

C’est là, comme nous l’avons vu, la différence essentielle avec les pays du Maghreb où le bouillonnement intellectuel qui a eu ses échos dans la revue Souffle, c’est fait sur place.

 

Pour conclure sur l’importance de Présence Africaine, je citerai Williame Sassine : «  Pour moi, Présence Africaine représente une famille. C’est une référence ; c’est la première maison d’édition africaine de monde : depuis 1947 Présence existe. »

Alors si un jour vous passez à Paris, allez faire un tour au 25 bis Rue des écoles dans le 5ème arrondissement, et plongé dans la culture africaine.

La porte grince, la vendeuse paraît absente et il fait sombre, tout semble à l’arrêt – cette observation me permet de souligner le fait que Présence Africaine, du fait de sa notoriété s’assoie un peu sur ses acquis. Toutefois, ouvrez grands vos yeux et vos oreilles, vous serez assaillis de curiosité et vous aurez envie de vous découvrir cette littérature qui fait désormais partie de notre paysage littéraire. Une littérature qui, comme le souligne Alioune Diop et Michel Leiris, détient le secret «  d’une présence au concret et à la succulence immédiate de la vie. »