Comptes rendus de colloques

Journées d'études sur les littératures comparées : intérêt du comparatisme pour les littératures nationales et situation dans le Monde.
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M’sik. Casablanca :
8-9 et 10 juin 1998

La Coordination des Chercheurs sur les Littératures Maghrébines et Comparées (CCLMC) en collaboration avec le Laboratoire de Narratologie et le Centre d’Etudes des Littératures Comparées et de Didactique (CELCD) de la faculté des lettres de Ben M’sik de Casablanca, a organisé des journées d’études autour des littératures comparées. Ces journées de réflexion se sont tenues dans l’enceinte de la dite faculté et ce le 8, 9 et 10 juin 1998.

La matinée de la première journée a été inaugurée par les allocutions du Doyen de la faculté de Ben M’sik, Monsieur Moubarak Rabii et Monsieur Mdarhri Alaoui Abdallah, président de la CCLMC et directeur du CELCD. Ils ont tous deux d’une part souligné l’intérêt de ces rencontres dans la mesure où elles permettent une étroite collaboration entre les équipes de recherche sur les cultures et les littératures du Maghreb, d’autre part une concertation et une coordination dans une perspective comparative, didactique et interculturelle à l’échelle nationale et internationale ne peut-être que fructueuse. Le matin, sous la présidence de M. Bencheikh Mustapha, la première séance de ces journées a été consacrée aux travaux des professeurs : M. Jean Bessière de l’université Paris III, Mme Paola Mildonian de l’université de Venise et M. Virgil Neoianu de l’université catholique de Washington. M. Halifi Chouaïb et M. Mdarhri Alaoui Abdellah se sont joints à cette table ronde, leurs interrogations pertinentes ont amené M. Bessière à définir les concept " d’énigmaticité " dans la littérature et à ouvrir la réflexion sur le rapport écriture / lecture.

La première séance de l’après-midi, a été axée sur l’intérêt du comparatisme pour les littératures nationales. Messieurs : Halifi Chouaïb, Tarous Mohamed, Mdarhri Alaoui Abdallah ont pris part à cette table ronde sous la présidence de Mme Lucy Mc Neece Stone. Les intervenants ont souligné l’intérêt de l’interdisciplinarité pour repenser le comparatisme et les théories d’analyse ; pour eux un travail épistémologique sur les concepts utilisés en littérature comparée devrait être mené pour offrir un champ de prise de parole aux littératures émergentes et périphériques qui souvent ont été occultées. Cette démarche s’impose d’autant que le Maroc se situe au confluent des littératures méditerranéennes et jouit d’une multiplicité culturelle et linguistique intéressante.

La deuxième séance a eu pour objet le comparatisme dans l’enseignement fondamental et secondaire. Mme Latifa L’Iraqui, responsable du CADAPP, a présenté son expérience pédagogique sur l’écriture de contes avec des élèves, dans le cadre d’un projet sur l’imaginaire du jeune méditerranéen. Grâce à leurs contenus diversifiés et surprenants, les contes réalisés par les apprenants ont suscité l’intérêt de l’assistance. Mme Moughfir Nawal a proposé les résultats de son expérience dans le cadre d’un atelier d’écriture avec des élèves de 1ère année du second cycle (lycée). Dans un vaste chantier de découpages et de collages, les apprenants ont procédé à la réécriture d’une nouvelle : la Parure de Maupassant. Ils ont puisé les segments narratifs dans l’œuvre du même auteur. M. Kaddour Mahmoud, a exposé les entreprises comparatives menées dans sa praxis pédagogique et a mis en exergue l’intérêt du comparatisme dans l’enseignement du français langue étrangère.

La deuxième journée a été consacrée à la réflexion sur la situation du comparatisme à l’échelle nationale et internationale. Sous la présidence de M. Bessière, la matinée a eu pour sujet de débat, la situation du comparatisme aux Etats-Unis, en Afrique, au Canada et dan le monde arabe. Après avoir fait l’état des lieux du comparatisme, les intervenants ont proposé de porter le questionnement sur les concepts utilisés en théories littéraires et de les re-situer dans leur contexte historique. Il faudrait aussi réfléchir à une relecture de l’histoire littéraire.

La journée s’est achevée en beauté par le récital de poésie donné par Mme Fatima Chahid Madani et M. Jabrane Abderrazak en hommage au poète arabe disparu Nizar Kabbani. Le lyrisme et l’esthétisme des vers proposés ont enchanté l’assistance.

La matinée de la troisième journée a permis une rencontre riche d’enseignement entre les professeurs : M. Mdarhri Alaoui, Mme Mildonian et M. Bessière et les étudiants inscrits en formation doctorale.

Nawal MOUGHFIR

 

"La Tunisie dans la littérature tunisenne de langue arabe et de langue française".
Faculté des Lettres de La Manouba (Tunis), 17-18 avril 1998

Le Groupe de Recherches comparatistes sur les littératures maghrébines de langue arabe et de langue française a organisé un colloque international sous l’égide de l’Université des Lettres, des Arts et des Sciences Humaines (Tunis I) et en collaboration avec l’Université Paris-Nord, U.F.R Lettres les 17 et 18 avril 1998 à la Faculté des Lettres de la Manouba. Ce colloque intitulé " La Tunisie dans la littérature tunisienne de langue arabe et de langue française ", avec un programme riche et ambitieux qui annonçait une vingtaine d’intervenants avait pour objectif de dégager les composantes sociologiques, ethnologiques, historiques, géographiques et psychologiques de l’image de la Tunisie et d’étudier les caractéristiques scripturales propres à cette littérature et leurs rapports avec l’image du pays qu’elle véhicule afin de saisir, de définir la " tunisianité " des œuvres tunisiennes.

Les différentes séances étaient axées sur des sujets bien précis. La séance d’ouverture du vendredi 17 a tourné autour de la littérature féminine de langue française. Le cercle des interventions a été ouvert par M. Kamel Ben Ouanès qui a étudié " La perception oblique dans l’écriture romanesque de Hélé Béji ". L’œuvre de Emna Bel Hadj Yahia a fait l’objet des communications suivantes : " De ‘’Chroniques Frontalières ‘’ à ‘’L’Etage invisible’’ : de l’espace hostile à la réconciliation " présentée par Mme. Aïda Ghedira ; " Visages et Paysages dans ‘’L’Etage invisible’’ de Emna Bel Hadj Yahia " proposée par Mme. Néjiba Regaïg ; et " A propos de ‘’Chroniques frontalières ‘’ : rupture et / ou dialogue entre les langues " de Mme. Sélila Mejri. M. Noureddine Sabri a clôturé la séance de la matinée par une intervention intitulée : " La Tunisie de Nine Moati : de l’intimisme à l’exotisme ".

La séance de l’après-midi a été consacrée à la poésie, au théâtre de langue arabe et de langue française et au roman tunisien de langue arabe. Mme. Afifa Marzouki a mis l’accent, dans "La Tunisie du ‘’ Mirliton du ciel ‘’ d’Albert Memmi ", sur l’image d’une Tunisie qui se révèle à travers ses couleurs, les senteurs de ses parfums et les bruits de ses souks. M. Samir Marzouki a surtout dégagé, dans une communication intitulée " Le Pays natal dans ‘’L’Univers des Brûlures’’ de Abdelaziz Kacem ", la sensibilité et le lyrisme d’un poète amoureux de son pays. M. Ali Abassi a abordé le problème de réception chez le lecteur tunisien à travers une intervention ayant pour titre " Hybridation générique et lisibilité : le lecteur tunisien dans la poésie de Sghaïr Ouled Ahmed ". M. Jalloul Azzouna a parlé de " Tunis dans le roman tunisien de langue arabe ". En fin d’après-midi, M. Moncef Khemiri a intervenu pour parler de " La fraternité à l’épreuve de l’histoire dans ‘’Mohammed Cohen’’ de Claude Khayatt " " et M. Hamdi Hmaïdi a étudié " L’écriture du social dans le théâtre tunisien ".

La deuxième journée (celle du 18 avril) a été riche en interventions et en activités. La matinée a été consacrée au roman tunisien de langue française. Mme. Giuliana Tozo-Rodini a ouvert la séance. Dans une communication intitulée " ‘’Retour à Thyna ‘’ de Hédi Bouraoui : éléments de romanité ", elle a effectué un rapprochement entre la culture tunisienne et la culture romaine. Mme. Sonia Zlitni-Fitouri a essayé de dégager la présence d’une image assez ambiguë de la Tunisie dans l’univers romanesque d’Albert Memmi à travers une intervention intitulée " Ecrire la Tunisie dans ‘’La Statue de sel’’, ‘’Le Scorpion’’ et ‘’le Désert’’ d'Albert Memmi". Dans une approche narratologique, M. Habib Salha a étudié le fonctionnement du dialogue dans les écrits tunisiens. Sa communication a eu pour titre : " Le Dialogue romanesque dans la littérature tunisienne de langue française ".

En fin de matinée, Mme Samira M’rad Chaouachi a parlé des " Intellectuels tunisiens des années soixante-dix dans ‘’Cristal’’ de Gilbert Naccache " et Mme. Hayet Ben Charrada s’est intéressée, dans une étude comparative à "  La Présence de la Tunisie dans ‘’L’Etage invisible’’ de Emna Bel Hadj Yahia et ‘’ Jour d’adieu’’ de Ali Bécheur ".

La séance de l’après-midi a été surtout marquée par la présentation de la Base de Données ‘’Limag’’. La démonstration effectuée par M. Charles Bonn, responsable du Centre d’Etudes littéraires francophones et comparées à l’Université Paris-Nord, a été suivie d’un débat. Le public présent (enseignants et étudiants) a pu ainsi apprécier l’état avancé et la richesse du répertoire bibliographique sur les littératures maghrébines de langue arabe et de langue française.

Une table ronde a été, ensuite, organisée autour des écrivains tunisiens de langue française. Animée par M. Habib Salha, cette rencontre a regroupé une panoplie d’écrivains, en l’occurrence Ali Abassi, Anouar Attia, Emna Bel Hadj Yahia, Ilhem Ben Miled, Hélé Béji, Hajer Jilani, Abdelaziz Kacem, Samir Marzouki, Mansour M’henni et Gilbert Naccache.

Ces écrivains ont parlé de leurs expériences scripturales. Ils ont évoqué les multiples écueils auxquels ils ont dû faire face tout au long de leur " périple littéraire " tels que la publication, l’édition, la diffusion, la promotion, la réception, etc. Les étudiants ont été nombreux à intervenir. Leurs questions ont surtout porté sur des points d’ordre thématique et scriptural dans une incessante recherche du sens !

Pourrions-nous dire à la fin de ce colloque que les tunisiens se sont enfin retrouvés, qu’ils ont pu ainsi dégager cette " tunisianité " de toutes ces ouvres tunisiennes étudiées ?

Seule une autre rencontre avec plus de production et plus d’intervenants pourrait peut-être nous éclairer davantage.

Sonia ZLITNI-FITOURI